Es-tu une lumière ?


Is 61, 1-2a.10-11 – Lc 1, 46-56 – 1 Th 5, 16-24 – Jn 1, 6-8.19-28

3e dimanche de l’Avent (B)

 

Vous a-t-on déjà dit que vous n’êtes pas une lumière ? Avez-vous déjà entendu dire à propos d’une personne : « C’est pas une lumière » ? Cette vieille expression du XVIIe siècle, utilisée pour qualifier une personne, veut dire qu’elle n’est pas un génie ou que son niveau d’intelligence est assez bas. Néanmoins, êtes-vous une lumière ? Il ne me semble pas que nous soyons des lumières, même celles qui pensent l’être se trompent royalement. Mais pourquoi ?

Afin d’accepter la triste réalité de nos vies, que « nul n’est une lumière », prenons une deux images, celles du soleil et de la lune. En effet, voilà deux astres bien distincts. De fait, la lune absorbe la lumière du soleil et la réfléchit dans la nuit. La lune n’est pas le soleil et elle n’est pas lumineuse par elle-même. Or, nous les humains, sommes comme la lune dans la mesure où nous ne sommes pas la Lumière, mais nous absorbons celle du Soleil pour refléter par la suite. C’est le sens de l’Écriture du jour où Jean est présenté comme celui qui “était là pour rendre témoignage à la Lumière” (Jn 1, 7). En effet, Jean a affirmé « “Je ne suis pas le Christ” » (Jn 1, 20). Autrement dit, il n’est pas la Lumière, mais en venant lui rendre témoignage, Jean est alors comme la lune qui vient réfléchir la Lumière, c’est-à-dire le Christ.

Voilà la triste vérité pour ceux et celles d’entre nous qui se prennent pour « des lumières », pour des personnes très intelligentes ou des génies. En même temps, c’est une bonne nouvelle pour les chrétiens : le Christ est la Lumière qui brille dans le monde afin que tous croient en lui ; afin que tous les baptisés Lui rendent témoignage. Saint Paul, dans sa première Lettre aux Philippiens nous présente quelques caractéristiques de ce que nous sommes appelés à être à cause de notre baptême, c’est-à-dire comme des lunes ; comme des hommes et des femmes qui reflètent le Christ au cœur du monde. En effet, selon l’Apôtre des Nations, les réflecteurs de joie que nous sommes sont des personnes « toujours dans la joie, [qui prient] sans relâche, [qui rendent] grâce en toute circonstance » (1 Th 5, 16). Reconnaissez-vous ces caractéristiques chez des « sages de ce monde » ? Lorsque nous nous prenons pour « des lumières », sommes-nous capables d’identifier ces trois spécificités dans nos vies ou nos modes de fonctionnement ? Or lorsque nous avons la prétention de la science, lorsque nous nous comportons comme les sages de ce monde, nous « éteignons l’Esprit », nous empêchant la lumière de briller dans nos vies, mais aussi nous l’empêchons d’irradier sur celles de nos frères et de nos sœurs.

Nous sommes invités à laisser La Lumière briller dans l’entièreté de nos vies, dans tous les aspects de nos vies comme l’indique Saint Paul : «  que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Th 5, 23). Voilà le sens de la préparation du chemin pour le Seigneur ; le sens de l’invitation de notre Mère Église durant ce temps de l’Avent. C’est la première condition pour être comme la lune, c’est-à-dire des réflecteurs de la Lumière, des miroirs du Christ au cœur du monde.

Ainsi, parce que nous oserons ouvrir la porte de nos vies à la Lumière, au Christ, pour qu’il puisse les illuminer, nous serons alors capables de briller comme la lune pour nos frères et sœurs, c’est-à-dire que nous serons alors, en mission ou envoyés dans le monde pour annoncer de bonnes nouvelles ; pour proclamer des messages de délivrance et d’Espérance ; etc. (Is 61, 2) Nous voyons alors concrètement que les obscurités du monde dans lesquels nous sommes appelés à briller par notre témoignage de vie chrétienne constituent tous les lieux de souffrance de nos frères et sœurs, toutes les expériences douloureuses de vie : cœurs brisés, captivités, emprisonnements sous de multiples formes, etc.

Ces obscurités enferment tant de mondes dans la désespérance, les tiennent éloignés de la Lumière. Or, notre Dieu est celui de l’Espérance que nous sommes appelés à proclamer, à faire rayonner dans toute vie par notre témoignage. Il ne s’agit pas de n’importe quel témoignage, mais celui d’enfants de la Lumière ; celui d’hommes et de femmes qui sont comme la lune reflétant la clarté de Dieu ; c’est-à-dire en étant toujours dans la joie, même au cœur des épreuves tant individuelles que collectives telles la pandémie de la COVID-19 ; c’est-à-dire en priant sans relâche en toute situation ; c’est-à-dire en rendant grâce à Dieu même au cœur des tribulations.

Marie est le modèle de l’Église et de tous les croyants, car elle est la femme de la joie qui accueille et partage dans l’allégresse la venue du Sauveur, la Lumière ; elle est la femme qui prie sans relâche, même au Cénacle avec les Apôtres désemparés ; elle est la femme qui rend grâce à Dieu en toute circonstance même au pied de la croix. Puisse Marie nous obtenir de son Fils la grâce de l’accueillir afin qu’il brille sur le visage de l’Église comme la lune pour notre bien et celui de l’humanité.

© Léandre Syrieix.


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