La familiarité qui engendre le mépris


Ez 2, 2-5 – Ps 122 (123) – 2 Co 12, 7-10 – Mc 6, 1-6

14e Dimanche du Temps Ord. (B)

Qui ne s’est jamais venté d’affirmer haut et fort connaître une personnalité publique ou importante ? Derrière cela, il y a souvent l’expression d’une relation privilégiée ou encore l’accès à certaines informations méconnues sur la personne. Avec l’accessibilité actuelle du numérique, on peut voir, lire, etc., des déclarations, des « buzz » sur de nombreuses personnalités visant à les calomnier, à ternir leur image et cette pratique passe souvent par des affirmations de personnes qui prétendent les connaître privément ou avoir accès à des informations méconnues du public. Ce phénomène actuellement à la mode dans les réseaux sociaux n’est pas si nouveau que ça, car on le retrouve dans l’Écriture puisque Jésus de Nazareth en a été victime.

Arrêtons-nous quelques instants sur les Écritures de la liturgie de ce 14e dimanche du Temps ordinaire (B). Nous pouvons faire un parallèle entre des faits actuels et bibliques à partir des termes comme personnalités publiques versus (vs) envoyés. Dans l’Écriture, ceux et celles qui sont « envoyés » le sont par l’Esprit du Seigneur, car il n’y a que Lui qui puisse nous investir d’une mission auprès de nos frères et sœurs. Lorsque l’« envoyé » parle, c’est au Nom du Seigneur. Il n’est qu’un messager, un investi. Savons-nous reconnaître les envoyés du Seigneur ? Dans l’histoire récente de l’Église, toutes les révélations, les apparitions, etc. invitent toujours à la prière et à la conversion, mais à rien d’autre ! Autrement dit, la finalité des messages de ces envoyés c’est la conversion. Voilà à quoi reconnaître une personne qui est envoyée au Nom du Seigneur ; qui parle en son Nom. Par ailleurs, les fruits de l’Esprit-Saint sont des critères essentiels pour nous aider à discerner qui sont les véritables envoyés du Seigneur et à les différentier de simples personnalités publiques qui défendent des intérêts personnels ou de leurs groupes d’appartenance. Ce que les envoyés disent, à leur à contact, ils se dégagent : paix, joie, patience, bonté, amour, fidélité, douceur, tempérance, bienveillance (Ga 5, 22).

Saint Paul, à partir de son expérience, nous propose une manière de vivre notre mission d’envoyés (e) à cause de notre baptême : en étant conscient de nos faiblesses. Un des dangers dans la vie chrétienne est l’orgueil consistant parfois à « s’enfler les chevilles » et à détourner toute l’attention vers soi comme de nombreuses personnalités publiques actuelles. Or, être conscient de ses limites humaines, compter en permanence sur la grâce du Seigneur est une attitude que nous avons à cultiver pour demeurer humbles et mener à bien la mission qui nous est confiée. Il n’y a que cette prise de conscience de notre humanité pècheresse qui peut permettre à l’Esprit-Saint d’agir en nous et de porter des fruits. Ceux évoqués antérieurement et qui facilitent la réception du Christ, l’accueil du Seigneur dans les vies humaines. Or, souvent nous avons du mal à accueillir le Seigneur qui passe par nos frères et sœurs, ses messagers (e) par leurs paroles annonçant le Salut parce que nous les enfermons dans leurs faiblesses ; dans ce que nous semblons connaître d’eux (elles) ; dans nos familiarités avec eux (elles). Voilà ce qui nous ferme de la grâce ; nous empêcher de rencontrer le Ressuscité qui passe par nos frères et sœurs. C’est un phénomène actuellement observable avec des commentaires ou critiques de nombreuses personnalités publiques, en particulier d’hommes et de femmes en responsabilités dans l’Église ou investi d’une mission. Même les personnalités religieuses n’en échappent pas, car « envoyés » au Nom du Seigneur, le message qu’ils annoncent bute contre des réalités de leurs humanités.

Le Christ n’en a pas été épargné puisque les gens de son village ne le reconnaissent pas comme le Fils du Dieu vivant, l’envoyé du Père parce qu’ils sont aveuglés par leurs habitudes ; par ce qu’ils savent de Lui : sa famille, ses parents, son métier, son vécu, ses antécédents de vie, etc. (Mc 6, 3) Leur familiarité avec la vie de Jésus les empêche de percevoir qu’Il est envoyé par le Père. Ne faisons-nous pas la même expérience avec nos frères et sœurs qui se tiennent au milieu de nous invertis (e) d’une mission particulière et que nous avons vu grandir ou que nous connaissons autrement ? ne méprisons-nous pas les messagers (e) du Seigneur lorsqu’ils remplissent leur mission parce nous limitons à nos prétentions de savoir sur eux ? Ne laissons-nous pas les habitudes et nos familiarités faire obstacle à l’accueil du Seigneur dans nos vies ?

Les Écritures nous invitent d’une part à discerner les « envoyés (e) » du Seigneur, des hommes et des femmes investis (e) d’une mission’ et d’autre part à accueillir le Christ qui passent par eux (elles) sans laisser nos prétentions de savoir, nos familiarités ou nos habitudes les mépriser et nous empêcher de vivre la Rencontre avec le Ressuscité qui promet la vie éternelle à quiconque l’accueille. En effet, ce sont des hommes et des femmes pris du milieu de l’humanité que le Seigneur envoie. À l’ère du numérique où toutes les personnalités publiques font l’objet de nombreuses critiques ou mépris, laissons-nous éclairer par l’Esprit du Seigneur pour discerner celles qui parlent en son Nom en ayant pour seuls critères les fruits de l’Esprit-Saint (Ga 5, 22).

© Ab. Léandre Syrieix.


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