Mort à 39 ans en tant que résistant au régime hitlérien, Dietrich Bonhoeffer ne nous a légué qu’une œuvre fragmentaire. Depuis 1945, cette œuvre a rayonné dans le monde entier et dans les milieux chrétiens les plus divers, principalement à cause de sa nouvelle interprétation du message chrétien, interprétation adressée à un monde non-religieux devenu mature (mündig). Cependant, on ne saurait com- prendre l’œuvre de Bonhoeffer sans tenir compte de son contexte biographique. Né à Breslau, Dietrich Bonhoeffer est is- su d’une famille très nombreuse de la grande bourgeoisie allemande. Il y resta attaché durant toute sa vie. Lorsque Dietrich eut 6 ans, la famille déménagea pour Berlin. La capitale allemande est sans aucun doute la ville qui marqua le plus profondément Bonhoeffer et sans laquelle sa biographie aurait eu une allure tout à fait différente.

Après des études de théologie à Tübin- gen, puis à Berlin, Bonhoeffer se quali- fia, à 24 ans déjà, pour l’enseignement de la théologie systématique à l’Univer- sité de Berlin. Il y entama, à partir de 1931, son activité d’enseignant.

Mais Bonhoeffer ne se contenta pas d’une activité académique. Il y allia, et cela le caractérise, un engagement pas- toral, d’abord comme aumônier des étu- diants à l’Ecole polytechnique de Berlin (à partir de 1931), puis comme animateur d’un groupe de jeunes confirmands dans un quartier prolétaire de la capitale, en- fin comme pasteur de la paroisse protes- tante allemande de Londres, de 1933 à 1935. En outre, dès 1931, il noua des contacts intenses avec le jeune mouve- ment œcuménique, limité à l’époque aux Eglises issues de la Réforme.

 

Combat contre Hitler

Lorsque Hitler fut nommé chancelier du Reich, fin janvier 1933, Dietrich Bon- hoeffer n’avait que 27 ans. Pourtant, il était déjà l’une des têtes pensantes de la résistance au sein de l’Eglise évan- gélique allemande. Il était d’ailleurs pro- fondément lié au fameux théologien pro- testant suisse Karl Barth, dont il avait fait la connaissance durant ses études et qui sera expulsé du Reich en 1935. Bonhoeffer combattit la mise au pas to- talitaire de l’Eglise évangélique et sur- tout l’adoption du paragraphe aryen interdisant à quiconque ayant du sang juif d’exercer un ministère public dans l’Eglise. De plus, contrairement à nom- bre de ses collègues théologiens, il s’en- gagea dès le début non seulement en faveur des juifs baptisés, mais en fa- veur des juifs persécutés tout court. On peut voir là la première conséquence politique directe de sa théologie. 

Dans le passage biblique, « Ouvre la bouche… pour la cause des humbles et des pauvres » (Pr 31,8), il reconnaissait « l’exigence minimum de la Bible pour le temps actuel ». En 1935, déjà, il formu- lait le dicton suivant : « Celui-là seul qui crie en faveur des juifs a le droit de chan- ter du grégorien. » Cet engagement ren- voie là encore à un enracinement bio- graphique : Sabine, la sœur jumelle de Dietrich, avait épousé un juriste d’ori- gine juive, Gerhard Leibholz ; en 1938, les deux durent s’exiler en Angleterre. Bonhoeffer avait compris que face à l’Etat totalitaire et à Hitler qui l’incarnait, l’Eglise ne pouvait se contenter d’une activité purement caritative, non-poli- tique : « Si un fou, sur le Kurfürstendamm [la grande avenue de Berlin], lance son auto sur le trottoir, je ne puis pas comme pasteur me contenter d’enterrer les morts et de consoler les familles. Je dois, si je me trouve à cet endroit, bondir et arra- cher le chauffeur à son volant. » L’engagement de Bonhoeffer suscita des controverses au sein de son Eglise. Les autorités officielles de la Deutsche Evan- gelische Kirche (tout comme les évêques catholiques allemands, d’ailleurs) étaient, dans leur majorité, prêts à collaborer avec le régime par souci d’assurer la conti- nuité institutionnelle de l’Eglise et de sa mission pastorale (une collaboration qui allait jusqu’au serment au Führer). En 1936, Bon- hoeffer fut donc dénoncé comme « pacifiste et en- nemi de l’Etat » par l’évê- que Theodor Heckel, chef du service chargé des relations extérieures de l’Eglise allemande. Hec- kel recommanda la prise de mesures contre Bon- hoeffer afin de l’empê- cher « de continuer de former des théologiens allemands ». Ce faisant, l’évêque se ré- férait directement au Predigerseminar que Bonhoeffer, après avoir définitive- ment renoncé à poursuivre sa carrière universitaire, dirigea de 1935 à 1937, à Finkenwalde, près de Stettin. Finkenwalde était un des séminaires créés par l’« Eglise confessante » pour préparer les étudiants en théologie au ministère de pasteur. Ce qui distinguait Finkenwalde des autres séminaires, c’était non seulement son orientation théologique, mais encore sa pratique de la vie communautaire entre ensei- gnants et étudiants. Cela semblait presque révolutionnaire dans le milieu protestant de l’époque (quelques années plus tard, la communauté de Taizé sera fondée par Roger Schutz).

Ces expériences de vie communautaire, auxquelles la Gestapo mit fin en 1937, se sont cristallisées dans un petit livre dense et fort exigeant, écrit par Bon- hoeffer, paru en 1939 et intitulé De la vie communautaire (traduction française de 1947). Ce n’est pas par hasard si le théologien réformé André Dumas a pu écrire : « Pour moi, Bonhoeffer est le théologien de l’Eglise. »

Résistance jusqu’à la mort

Entre 1936 et 1941, les mesures répres- sives de l’Etat nazi frappèrent Bon- hoeffer de plus en plus durement : il fut exclu de l’enseignement universitaire et n’eut plus le droit de s’exprimer en pu- blic ni de publier quoi que ce soit. Dès 1938, il entra en contact avec les milieux de la conspiration contre le régime nazi, par l’entremise de son beau-frère Hans von Dohnanyi qui occupait un poste im- portant dans les services de contre- espionnage de l’amiral Wilhelm Canaris. Le rôle de Bonhoeffer fut avant tout celui d’un coursier : il entreprit toute une série de voyages dans des pays neu- tres, comme la Suède et la Suisse, afin d’établir des contacts entre la résis- tance allemande et les forces alliées, à travers les relations œcuméniques qu’il entretenait depuis longtemps, surtout avec l’évêque anglican George Bell. Mal- heureusement, ce dernier ne put amener le Foreign Office à reconnaître les cons- pirateurs allemands.

Le chemin qui mena Dietrich Bonhoef- fer à la résistance politique et à la cons- piration qui n’excluait pas le tyranni- cide ni le sacrifice de sa propre vie n’était pourtant pas tracé d’avance. Bonhoef- fer vécut un long processus, traversé d’insécurité, de doutes et de tergiver- sations, avant d’aboutir à une certitude sereine. Ainsi, en été 1939, suite à une invitation, il s’était rendu aux Etats-Unis pour y enseigner ; quelques semaines plus tard, il fit marche arrière : « J’ai com- mis une erreur en voyageant en Améri- que. Je dois traverser cette période diffi- cile de notre histoire nationale avec les chrétiens d’Allemagne. Je n’aurai pas le droit de participer à la reconstruction de la vie chrétienne en Allemagne après la guerre si je ne partage pas les épreuves du temps présent avec mon peuple. » En avril 1943, Bonhoeffer fut arrêté – il venait de se fiancer en janvier avec Maria von Wedemeyer. Détenu dans la prison militaire de Berlin, il attendit en vain, plus d’une année, son procès. Après l’attentat avorté de Stauffenberg contre Hitler (20 juillet 1944), les des- sous de cette tentative de coup d’Etat apparurent progressivement au grand jour : Bonhoeffer fut mis en cause. Il fut d’abord transféré dans la tristement cé- lèbre prison de la Prinz-Albrecht-Strasse, à Berlin. En février 1945, on le déporta vers le camp de concentration de Bu- chenwald puis, début avril, vers celui de Flossenbürg, en forêt bavaroise. Sur ordre de Hitler, il fut jugé par un tribunal S.S. et pendu le 9 avril 1945, un mois avant la fin de la guerre. (Dans ce même mois, furent assassinés un frère de Bonhoeffer, Klaus, et deux de ses beaux-frères, Hans von Dohnanyi et Rüdiger Schleicher. Hitler se suicida le 30 avril.)

Sa correspondance

A part d’autres ouvrages importants (Sanctorum Communio, 1930 ; Le prix de la grâce, 1937 ; Ethique, paru après la mort de Bonhoeffer), ce sont surtout les lettres de sa détention des années 1943 et 1944 qui ont façonné notre image du grand théologien et témoin de la foi.

Eberhard Bethge, le meilleur ami de Bonhoeffer ainsi que son correspon- dant principal, son éditeur et son bio- graphe, a publié une première édition de ces textes en 1951. L’édition élargie de 1970 prouve encore davantage « l’étroite association du théologique à l’humain », selon l’expression heureuse du théologien Gerhard Ebeling, associa- tion qui se fait sentir de façon émou- vante dans cette collection restée frag- mentaire sous beaucoup d’aspects, pour, par exemple, des raisons de cen- sure ou d’interruptions dues aux aler- tes à la bombe.

Il est émouvant de voir dans quelle me- sure Dietrich Bonhoeffer ne cessa de consoler et d’encourager ses correspon- dants, et ceci malgré la situation mena- cée, voire désespérée, dans laquelle il se trouvait lui-même. Ces lettres consti- tuent le témoignage et le modèle d’une attention humaine et chrétienne, une at- tention qui d’ailleurs n’était pas unique- ment consacrée à ses correspondants mais aussi aux autres détenus et même au personnel de la prison.

Se remettre À Dieu

Après l’échec de l’attentat du 20 juillet 1944, Bonhoeffer se confronta de plus en plus à la perspective de la mort. Le 28 juillet, il écrivit : « Ce n’est pas l’ac- tion seulement, mais aussi la souffran- ce, qui sont un chemin vers la liberté. Dans la souffrance, la libération con- siste à pouvoir faire passer sa cause de ses propres mains à celles de Dieu. Dans ce sens, la mort est le couronne- ment de la liberté de l’homme. »

Cette vision de la liberté se reflète dans un souvenir que Bonhoeffer a relaté dans une lettre du 21 juillet 1944. Le jeune pasteur français Jean Lasserre et lui- même se seraient posés, en 1931, « tout simplement cette question : que vou- lons-nous faire de notre vie ? Il me dit : “J’aimerais être un saint”… Cela m’im- pressionna beaucoup alors. Pourtant je répliquai à peu près : “Moi, j’aimerais apprendre à croire”. » Et Bonhoeffer de poursuivre : « Pendant longtemps, je n’ai pas compris la profondeur du con- traste entre ces deux attitudes. » Et il conclut : « Quand on a renoncé complè- tement à devenir quelqu’un – un saint, ou un pécheur converti, ou un homme d’Eglise… un juste ou un injuste, un malade ou un bien-portant… -, alors on se met pleinement entre les mains de Dieu, on prend au sérieux non ses pro- pres souffrances mais celles de Dieu dans le monde. »

Cette attitude, Bonhoeffer la décrivit dans la même lettre en affirmant « que ce n’est qu’en vivant pleinement la vie terrestre qu’on apprend à croire ». C’est à cela qu’est lié le grand thème que Bonhoeffer développa du temps de sa captivité dans une série de lettres et qu’il désigna un jour comme « la reven- dication par Jésus-Christ du monde de- venu majeur ».

Au sein de sa propre souffrance (les pen- sées suicidaires ne lui étaient pas étran- gères), Dietrich Bonhoeffer a affirmé de manière prophétique que le message chrétien ne doit pas atteindre l’homme moderne en marge de sa vie, mais au centre de celle-ci. Pour cela, ce mes- sage doit être formulé dans un langage nouveau, « non-religieux ». Une tâche qui, me semble-t-il, reste toujours actuelle, malgré le retour apparent du phéno- mène religieux.

 

Prière de Dietrich bonhoeffer

 

 » Mon Dieu, je t’appelle !

Aide-moi à prier et à diriger vers toi mes pensées.

Seul je ne le puis.

En moi règnent les ténèbres, tandis qu’auprès de toi, c’est la lumière…

Je suis inquiet, mais auprès de toi, c’est la paix.

Je suis amer, mais auprès de toi, c’est la patience.

Je ne comprends pas toutes tes voies, mais tu connais la voie pour moi « .

 

Dietrich Bonhoeffer

Voici un extrait bibliographique de la vie de ce Grand Homme :

 

 

Dietrich Bonhoeffer was born in Breslau on February 4, 1906. Dietrich and his twin sister, Sabina, were two of eight children born to Karl and Paula (von Hase) Bonhoeffer. Karl Bonhoeffer, a professor of psychiatry and Neurology at Berlin University, was Germany’s leading empirical psychologist. Dietrich received his doctorate from Berlin University in 1927, and lectured in the theological faculty during the early thirties. He was ordained a Lutheran pastor in 1931, and served two Lutheran congregations, St. Paul’s and Sydenham, in London from 1933-35.

In 1934, 2000 Lutheran pastors organized the Pastors’ Emergency League in opposition to the state church controlled by the Nazis. This organization evolved into the Confessing Church, a free and independent protestant church. Bonhoeffer served as head of the Confessing Church’s seminary at Finkenwalde. The activities of the Confessing Church were virtually outlawed and its five seminaries closed by the Nazis in 1937.

Bonhoeffer’s active opposition to National Socialism in the thirties continued to escalate until his recruitment into the resistance in 1940. The core of the conspiracy to assassinate Adolph Hitler and overthrow the Third Reich was an elite group within the Abwehr (German Military Intelligence), which included, Admiral Wilhelm Canaris, Head of Military Intelligence, General Hans Oster (who recruited Bonhoeffer), and Hans von Dohnanyi, who was married to Bonhoeffer’s sister, Christine. All three were executed with Bonhoeffer on April 9, 1945. For their role in the conspiracy, the Nazis also executed Bonhoeffer’s brother, Klaus, and a second brother-in-law, Rudiger Schleicher, on April 23, 1945, seven days before Hitler himself committed suicide on April 30.

Bonhoeffer’s role in the conspiracy was one of courier and diplomat to the British government on behalf of the resistance, since Allied support was essential to stopping the war. Between trips abroad for the resistance, Bonhoeffer stayed at Ettal, a Benedictine monastery outside of Munich, where he worked on his book, Ethics, from 1940 until his arrest in 1943. Bonhoeffer, in effect, was formulating the ethical basis for when the performance of certain extreme actions, such as political assassination, were required of a morally responsible person, while at the same time attempting to overthrow the Third Reich in what everyone expected to be a very bloody coup d’etat. This combination of action and thought surely qualifies as one of the more unique moments in intellectual history.

Ethics

Bonhoeffer’s critique of ethics results in a picture of an Aristotelian ethic that is Christological in expression, i.e., it shares much in common with a character-oriented morality, and at the same time it rests firmly on his Christology. For Bonhoeffer, the foundation of ethical behavior is how the reality of the world and how the reality of God are reconciled in the reality of Christ (Ethics, p. 198). To share in Christ’s reality is to become a responsible person, a person who performs actions in accordance with reality and the fulfilled will of God (Ethics, p.224). There are two guides for determining the will of God in any concrete situation: 1) the need of one’s neighbor, and 2) the model of Jesus of Nazareth. There are no other guides, since Bonhoeffer denies that we can have knowledge of good and evil (Ethics, p.231). There is no moral certainty in this world. There is no justification in advance for our conduct. Ultimately all actions must be delivered up to God for judgment, and no one can escape reliance upon God’s mercy and grace. “Before God self-justification is quite simply sin” (Ethics, p.167).

Responsible action, in other words, is a highly risky venture. It makes no claims to objectivity or certainty. It is a free venture that cannot be justified in advance (Ethics, p.249). But, nevertheless, it is how we participate in the reality of Christ, i.e., it is how we act in accordance with the will of God. The demand for responsible action in history is a demand no Christian can ignore. We are, accordingly, faced with the following dilemma: when assaulted by evil, we must oppose it directly. We have no other option. The failure to act is simply to condone evil. But it is also clear that we have no justification for preferring one response to evil over another. We seemingly could do anything with equal justification. Nevertheless, for Bonhoeffer, the reality of a demand for action without any (a priori) justification is just the moral reality we must face, if we want to be responsible people.

There are four facets to Bonhoeffer’s critique of ethics that should be noted immediately. First, ethical decisions make up a much smaller part of the social world for Bonhoeffer than they do for (say) Kant or Mill. Principally he is interested only in those decisions that deal directly with the presence of vicious behavior, and often involve questions of life and death. Second, Bonhoeffer’s own life serves as a case study for the viability of his views. Bonhoeffer is unique in this regard. His work on ethics began while he was actively involved in the German resistance to National Socialism and ended with his arrest in 1943. He fully expected that others would see his work in the conspiracy as intrinsically related to the plausibility of his ethical views. When it comes to ethics, Bonhoeffer noted, “(i)t is not only what is said that matters, but also the man who says it” (Ethics, p.267).

Third, like Aristotle, Bonhoeffer stays as close to the actual phenomenon of making moral choices as possible. What we experience, when faced with a moral choice, is a highly concrete and unique situation. It may share much with other situations, but it is, nevertheless, a distinct situation involving its own particulars and peculiarities, not excluding the fact that we are making the decisions, and not Socrates or Joan of Ark.

And finally, again like Aristotle, Bonhoeffer sees judgments of character and not action as fundamental to moral evaluation. Evil actions should be avoided, of course, but what needs to be avoided at all costs is the disposition to do evil as part of our character. “What is worse than doing evil,” Bonhoeffer notes, “is being evil” (Ethics, p.67). To lie is wrong, but what is worse than the lie is the liar, for the liar contaminates everything he says, because everything he says is meant to further a cause that is false. The liar as liar has endorsed a world of falsehood and deception, and to focus only on the truth or falsity of his particular statements is to miss the danger of being caught up in his twisted world. This is why, as Bonhoeffer says, that “(i)t is worse for a liar to tell the truth than for a lover of truth to lie” (Ethics, p.67). A falling away from righteousness is far worse that a failure of righteousness. To focus exclusively on the lie and not on the liar is a failure to confront evil.

Nevertheless, the central concern of traditional ethics remains: What is right conduct? What justifies doing one thing over another? For Bonhoeffer, there is no justification of actions in advance without criteria for good and evil, and this is not available (Ethics, p.231). Neither future consequences nor past motives by themselves are sufficient to determine the moral value of actions. Consequences have the awkward consequence of continuing indefinitely into the future. If left unattended, this feature would make all moral judgments temporary or probationary, since none are immune to radical revision in the future. What makes a consequence relevant to making an action right is something other than the fact that it is a consequence. The same is true for past motives. One motive or mental attitude surely lies behind another. What makes one mental state and not an earlier state the ultimate ethical phenomenon is something other than the fact that it is a mental state. Since neither motives nor consequences have a fixed stopping point, both are doomed to failure as moral criteria. “On both sides,” Bonhoeffer notes, “there are no fixed frontiers and nothing justifies us in calling a halt at some point which we ourselves have arbitrarily determined so that we may at last form a definite judgement” (Ethics, p.190). Without a reason for the relevance of specific motives or consequences, all moral judgments become hopelessly tentative and eternally incomplete.

What is more, general principles have a tendency to reduce all behavior to ethical behavior. To act only for the greatest happiness of the greatest number, or to act only so that the maxim of an action can become a principle of legislation, become as relevant to haircuts as they do to manslaughter. All behavior becomes moral behavior, which drains all spontaneity and joy from life, since the smallest misstep now links your behavior with the worst crimes of your race, gender, or culture. Ethics cannot be reduced to a search for general principles without reducing all of the problems of life to a bleak, pedantic, and monotonous uniformity. The “abundant fullness of life,” is denied and with it “the very essence of the ethical itself” (Ethics, p.263).

Reliance on theory, in other words, is destructive to ethics, because it interferes with our ability to deal effectively with evil. Bonhoeffer asks us to consider six strategies, six postures people often strike or adopt when attempting to deal with real ethical situations involving evil and vicious people. Any of these postures or orientations could employ principles, laws, or duties from ethical theory. But, in the end, it makes little difference what principles they invoke. The ethical postures themselves are what make responsible action impossible. A resort to the dictates of reason, for example, demands that we be fair to all the details, facts, and people involved in any concrete moral situation (Ethics, p.67). The reasonable person acts like a court of law, trying to be just to both sides of any dispute. In doing so, he or she ignores all questions of character, since all people are equal before the law, and it makes no difference who does what to whom. Thus, whenever it is in the interest of an evil person to tell the truth, the person of reason must reward him for doing so. The person of reason is helpless to do otherwise, and in the end is rejected by all, the good and the evil, and achieves nothing.

Likewise, Bonhoeffer argues, the enthusiasm of the moral fanatic or dogmatist is also ineffective for a similar reason. The fanatic believes that he or she can oppose the power of evil by a purity of will and a devotion to principles that forbid certain actions. Again, the concern is exclusively on action, and judgments of character are seen as secondary and derivative. But the richness and variety of actual, concrete situations generates questions upon questions for the application of any principle. Sooner or later, Bonhoeffer notes, the fanatic becomes entangled in non-essentials and petty details, and becomes prone to simple manipulation in the hands of evil (Ethics, p.68).

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