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Alors que la société connaît de multiples mutations à grande vitesse, on entend souvent dire dans les médias et ailleurs que l’Église doit suivre et s’adapter à son époque, d’où de nombreuses critiques sur la gestion des affaires de l’Église, des accusations à l’encontre des prêtres, religieux et religieuses, et même le rejet de Dieu dans certains cas. Lorsque j’ai fait part à des proches de mon appel vocationnel et de ma décision de suivre le Christ dans le sacerdoce, à plusieurs reprises il m’a été demandé si je n’avais pas peur de m’engager dans une institution aussi ringarde que l’Église Catholique ? Si la baisse des vocations et la désertification des églises ne me faisaient pas peur ? Si le célibat des prêtres ne me faisait pas peur ? Si j’étais conscient que je m’en allais pour devenir un pédophile ? Si ça ne me dérangeait pas de me retrouver dans une institution bornée, sectaire, fermée sur des questions tel l’accueil des personnes homosexuelles au sein de l’Église, l’ordination des femmes, le mariage des prêtres, etc.
Voilà autant de questions qui m’ont davantage motivé dans mon discernement vocationnel et surtout conforté dans mon choix de suivre le Christ malgré tous ces questionnements et ces critiques contre l’Église. Voilà autant de questions qui ont motivé la rédaction de cet article sur ce qui me semble être le prêtre d’aujourd’hui et de demain pour l’Église et la société, ainsi que le type de prêtre que je désire être plus tard si la vocation au sacerdoce se confirme au terme des années de discernement à venir.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain, c’est d’abord un « baptisé », un chrétien qui vit pleinement sa foi, qui est enraciné dans une culture, qui vit au milieu d’un peuple. On a longtemps mis le prêtre sur un autre pied d’escale, on même souvent fait de lui un superhomme. Pourtant, c’est un homme simple, un pauvre pécheur, un baptisé qui doit vivre son chemin de conversion au quotidien comme tout chrétien. Ceci signifie que le prêtre n’est pas un homme à part ni un homme extraordinaire, c’est un baptisé. Dans nos communautés chrétiennes, il est donc urgent que nous réapprenions à nous affirmer comme baptisés, et à mettre le prêtre dans cette même « catégorie », que nous acception que c’est un homme simple qui a besoin d’être porté par toute la communauté, et cela à tous les niveaux, que c’est seulement avec sa communauté qu’il vit pleinement sa vocation de prêtre au service de l’Église et du peuple de Dieu.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain, c’est d’abord un serviteur et non un maître. Suivre le Christ dans le sacerdoce c’est devenir un autre Christ, c’est-à-dire marcher à sa suite dans un détachement des choses matérielles pour une recherche sans fin des choses d’en haut. C’est accepter de quitter un certain confort pour vivre une proximité avec les plus pauvres. Un chrétien qui n’a jamais de pauvres à sa table est-ce vraiment un chrétien ? Est-ce vraiment un autre Christ ? Un chrétien qui ne se met jamais au service des autres, qui ne recherche que son propre intérêt est-il véritablement chrétien ? Il est de même pour le prêtre, car comme évoqué précédemment, c’est d’abord un baptisé.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain c’est d’abord un homme de prière. Pour aller vers ses frères et sœurs, pour se faire serviteur, si le prêtre ne va pas d’abord à la source s’abreuver, comment pourra-t-il avoir les ressources nécessaires pour son ministère ? C’est un homme qui vit une intimité profonde avec le Christ, qui repose sa tête sur le cœur du Christ et porte au Père l’humanité tout entière. Sans la prière, le prêtre n’est rien, il est réduit à un pauvre fonctionnaire qui remplit des tâches, et l’Église devient par la même occasion une simple ONG.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme qui vit de la Parole de Dieu, qui s’y conforme. Car la révélation et tous les enseignements du Christ s’y trouvent. C’est en le voyant vivre de cette Parole que toute la communauté chrétienne pourra s’en émerveiller et marcher elle aussi à la suite du Christ.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme qui n’a pas peur de refuser d’entrer dans un moule, qui ose aller à contre-courant de tout ce qui va à l’encontre de l’enseignement du Christ : l’Amour. C’est un homme qui refuse toute hypocrisie et dénonce jusqu’au prix de sa vie tout ce qui opprime l’Homme, tout ce qui éloigne l’Homme de son créateur, tout ce qui sépare les Hommes. C’est un homme qui donne sa vie gratuitement pour emmener l’humanité tout entière à Dieu sans distinction de race, de sexe, d’orientation sexuelle, etc. Il n’est pas le juge des âmes, mais celui qui les emmène au Christ. Il n’est pas l’ami de tous ces types de riches capitalistes qui ont pour seule devise « le profit, peu importe les moyens employés », mais l’ami des pauvres, des petits, des gens sans défense, des personnes marginalisées.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme de son temps, qui vit dans le monde sans être du monde, qui vit au cœur des préoccupations politiques, économiques, sociales, etc., des hommes et des femmes de son époque. C’est un homme qui va à la rencontre des autres, qui n’attend pas dans son confort que le monde vienne à lui. Le prêtre n’aura jamais la prétention de changer le monde à sa manière, il doit accepter que les églises soient vides, il doit être un homme d’écoute qui se laisse mouvoir par les motions de l’Esprit-Saint, un homme qui permet que la volonté de Dieu se fasse et non la sienne, qui fait advenir le règne de Dieu.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme fidèle à l’Église du Christ et à sa doctrine comme un époux envers son épouse. S’il n’aime pas l’Église et ne la défend pas au prix de sa vie, à quoi lui sert-il d’être chrétien ? C’est donc une attitude que doit avoir tout baptisé, et non pas seulement le prêtre. Mais, ce dernier doit être un exemple. Il doit aimer l’Église avec ses faiblesses et ses forces, et emmener tous les chrétiens et chrétiennes à vivre ce même Amour pour le Corps du Christ que forme l’Église.
Le prêtre aura beau avoir de grandes qualités humaines, des charismes particuliers, etc., si le Christ, la Parole et l’Amour ne sont pas au centre de sa vie, s’ils ne constituent pas son essence, il demeurera un fonctionnaire et un carriériste. Il est alors un véritable danger pour les âmes dont il a la charge et une plaie pour l’Église du Christ. Car point n’est besoin d’être prêtre pour être au service des autres. De nombreuses personnes se donnent corps et âmes, elles consacrent leur vie pour des causes louables et diverses : humanitaires, écologiques, etc., et font un travail remarquable. Si la vocation sacerdotale vient à être réduite à cela, il ne sera donc pas surprenant que le Christ et son Église soient bafoués et tirés vers le bas.
© Léandre Syrieix.
[:](1353)
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Très juste Léandre
tout ce que nous devons faire c’est de prier pour tous nos prêtres, afin qu’ils aient chacun toutes les armes nécessaires pour oeuvrer au relèvement de l’Église de Dieu