Un chemin sûr pour notre temps : les béatitudes.[:]


Ecoute - Chemin sûr pour notre tempsEn parcourant les Évangiles, nous constatons que Jésus-Christ tout au long de sa vie publique a enseigné aux hommes et aux femmes qui le côtoyaient. Il les a invités à mettre en pratique toute la Parole qu’il leur a révélée. Jésus-Christ a été dans la continuité de la Parole de Dieu jadis annoncée dans l’Ancien Testament : « Maintenant, Israël, écoute les commandements et les décrets que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique » (Dt 4,1). Ainsi, il a donné la plus grande des béatitudes « ‘‘Heureux ceux qui entendent la Parole de Dieu, et qui la gardent’’ (Lc 11,28), ils verront Dieu ».

Il y a deux exigences qui découlent de cette Parole du Christ : ‘‘Entendre’’ et ‘‘Garder’’. Cela revient à ‘‘Écouter’’. Voici un impératif pour le monde d’aujourd’hui où de plus en plus on ne s’arrête plus, ou on ne s’arrête pas du tout pour Écouter, ni pour Entendre et Garder, mais on se limite simplement à Entendre. Or, celui ou celle qui se contente d’Entendre sans Garder ne se déplace pas, il demeure sans saveur, il demeure au même point, sa vie est plate et insipide. La Parole arrive dans sa vie, dans ses oreilles et non dans son cœur. Elle tombe comme des graines sur des pierres et ne trouve aucune terre pour germer et porter du fruit (Mc 4,1-21). Toute Parole a un effet, car la Parole a une finalité : elle déplace, elle est « une lame à double tranchant » (Hb 4,12), elle nécessite de l’attention, elle « est une lumière pour nos pas » (Ps 118,105).

Le saint curé d’Ars, saint Jean-Marie Baptiste Vianney, disait que « celui qui écoute la Parole de Dieu avec un désir d’en profiter est plus agréable à Dieu que celui qui Le reçoit dans la Sainte Communion ». On voit donc toute la place de l’Écoute de la Parole de Dieu, qui signifie l’Entendre et la mettre en pratique comme évoqué précédemment. Pour lui,

Le moyen le plus sûr d’allumer ce feu de l’amour de Notre Seigneur dans le cœur des fidèles, c’est de leur expliquer l’Évangile, ce livre de l’Amour où Notre Seigneur se montre à chaque ligne dans l’amabilité de sa douceur, de sa patience, de son humilité, toujours le consolateur et l’ami de l’homme, ne lui parlant que d’amour et l’engageant à se donner tout à lui, et ne lui répondant que par l’amour[1].

Saint Jean-Marie Baptiste Vianney a ainsi mis la Parole de Dieu au cœur de son enseignement et de sa vie. Il a vécu de cette parole, il s’en est nourri quotidiennement, et n’a pas hésité à en nourrir également ses fidèles. Sa vie fut toute calquée sur la Parole comme en témoignent toutes ses œuvres et la vie des personnes qu’il a transformées et continue encore de transformer aujourd’hui. Sa vie était inspirée de l’Évangile et de la vie des saints. Sa vie était l’expérience même des béatitudes, un chemin sûr pour notre temps.

Cette béatitude, « ‘‘Heureux ceux qui entendent la Parole de Dieu, et qui a gardent’’, ils verront Dieu », englobe toutes celles que le Christ a données dans son enseignement lors du « sermon sur la montagne » (Mt 5,1-12). De toute évidence, la Parole du Christ invite à la pauvreté de cœur, à la douceur, à la compassion, à la faim et à la soif de la justice, à la miséricorde, à la pureté du cœur, à l’œuvre de la paix, à l’acceptation de la persécution pour la justice, à l’acceptation des insultes, des persécutions, des faux témoignages. Quiconque entend de ce fait cette Parole et la met en pratique aura le royaume des cieux, il aura la terre en partage, il sera consolé, il sera rassasié, il lui sera fait miséricorde, il verra Dieu, il sera appelé fils de Dieu. En somme, toute personne qui entend la Parole du Christ et la garde, la met en pratique, demeurera dans la présence de Dieu. Mettre en pratique cette Parole, c’est vivre selon l’esprit des béatitudes que le Christ lui-même a enseigné.

Tant de fois, nous n’écoutons pas, nous entendons à la manière du monde, et nous n’entrons pas en relation ni avec les hommes et les femmes de notre époque, ni avec Dieu. Dans la société actuelle, nous n’avons pas le sens de l’Écoute, les hommes et femmes politiques, les gouvernants et gouvernantes de nos états entendent leurs peuples, mais ne les écoutent pas. Nous sommes donc sans surprise de voir que les choses vont mal. Lorsqu’ils commenceront à écouter leur peuple, à entendre le cri de tant d’hommes et de femmes qui croulent sous le poids de la misère et s’engageront par la suite à stopper la globalisation de l’indifférence, à assurer le minimum vital, à mettre tout en place pour la paix entre les peuples et nations, à se lever contre toute forme d’injustice sociale, à lutter pour faire régresser la pauvreté et tous les mots qui minent nos sociétés actuelles, alors ils pourront créer des chemins d’avenir pour leurs peuples.

Lorsqu’une femme s’éleva au milieu de la foule pour dire à Jésus : « Heureuse la mère qui t’a porté dans ses entrailles, et qui t’a nourri de son lait ! » (Lc 11,27), Jésus répond : « Heureux ceux qui entendent la Parole de Dieu, et qui la gardent » (Lc 11,28), pour signifier que le plus important c’est de faire la volonté de Dieu, celle qui nous est donnée dans les Écritures.

Marie est l’exemple par excellence de la personne qui Écoute : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit ! » (Lc 1,38). Elle Entend, accueille, garde dans son cœur, « elle méditait tous ces évènements dans son cœur » (Lc 2,19). Parce qu’elle avait mis sa confiance en Dieu, elle pouvait inviter les serviteurs à Cana dans la même dynamique : « quoi qu’il vous dise, faites-le » (Jn 2,5). N’est-ce pas une invitation à faire confiance ? À écouter ce que nous dit le Christ et à mettre son enseignement en pratique ?

Par cette invitation, la Mère de notre sauveur nous invite à Écouter les Paroles de son Fils, à l’écouter dans les Écritures, à l’Écouter dans l’enseignement de l’Église, à l’Écouter dans les signes donnés à notre temps. Toutes les transformations que connaissent nos sociétés sont des interpellations à nous disposer à accueillir une Parole qui dérange, une Parole qui déplace, à la mettre en pratique dans un monde en quête de sensationnel, en quête de miracles. Dans une société de marketing où la culture du beau vise à davantage de consommation, l’enseignement du Christ nous engage à aller à contre-courant dans l’assurance que son Esprit-Saint nous accompagne de sorte que nous puissions semer dans les cœurs la Bonne Nouvelle, afin que nous annoncions au monde que la vocation de l’humanité est de voir Dieu face à face.

© Léandre Syrieix.

[1] Le curé d’Ars, par Claudine Fearon, Une pensée par jour, Paris, Médiapaul, 2006, p. 78.

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