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La prière du juste a beaucoup de puissance lorsqu’elle est soutenue, c’est-à-dire lorsque celui qui demande la prière coopère et prend part à la lutte. (Jc 5,16) Le fondement de la prière chrétienne est donc la Révélation de Dieu donnée dans l’Écriture. En ce sens, les textes de la Bible nourrissent la prière et la structurent. Notre coopération lorsque nous prions (passivement ou activement) est essentielle. C’est ce que nous montre le Christ dans sa prière à Gethsémani et lors de sa passion. Autrement dit, le Fils-Dieu coopère dans sa prière et prend part à la lutte. Saint Paul nous dit : « Maintenant je me réjouis de mes souffrances pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux afflictions du Christ, en faveur de son corps, qui est l’Église. » (Col 1, 24)
Manifestement, nous ne pouvons formuler des prières sans qu’elles ne nous engagent, sans qu’elles ne nous impliquent. Ainsi, le Christ en priant à Gethsémani[1] pour ses disciples ne se contente pas de formules, mais sa prière l’engage puisqu’il il prend le chemin de sa passion et au final sa prière est exaucée à travers sa mort et résurrection. Nous voyons alors que la prière chrétienne n’est pas magique en ce sens qu’elle ne se limite pas à formuler des demandes qui se réalisent telle quelles, mais elle est engageante. Car l’engagement est une nécessité dans la prière, dans la vie spirituelle et dans la vie tout entière.
L’engagement de la prière soulève une question cruciale : « comment unir dans la vie quotidienne, l’intériorisation de l’être à son extériorisation, comment unir prière et action extérieure, praxis intérieure et praxis extérieure[2] ? » L’injonction du Christ, « Veillez et priez en tout temps » (Lc 21, 36) peut nous permettre de vivre cet engagement de la prière unit dans l’action extérieure. Autrement dit, « Veillez et priez en tout temps » (Lc 21, 36) est aussi possible dans le travail quotidien qui est une forme d’attente eschatologique dans l’action, au cœur des préoccupations de notre temps : « Si quelqu’un ne veut pas travailler qu’il ne mange pas non plus ! Or, nous apprenons que certains parmi vous vivent dans le désordre, sans rien faire et toujours affairés. À ces gens-là nous prescrivons, et nous les exhortons dans le Seigneur Jésus-Christ : qu’ils travaillent dans le calme, pour manger un pain qui soit à eux. » (2 Th 3, 11-12) Et puisque cette attente eschatologique se fait dans le travail, dans le quotidien, il est alors évident que la prière qui est le moteur de l’existence humaine soit appelée à précéder, à habiter et à animer toute action humaine.
© Léandre Syrieix.
[1] « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés en vérité. » (Jn 17, 18-19)
[2] Évêque Germain de Saint-Denis, La prière dans les épîtres de Saint Paul, Paris, Institut orthodoxe français de Paris Saint-Denys l’Aréopagite (coll. Cours de spiritualité), 2015, p. 10.
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