[:fr]Crédits Photo : Elias Djemil[:]

Gn 22, 1-2.9a.10-13.15-18 – Ps 115 (116) – Rm 8, 31b-34 – Mc 9, 2-10

2e dimanche du Carême (B)

Le triste constat de violence sous multiples formes (physiques, psychologiques, verbales…) autour de nous ; les conflits entre états, tributs, peuples, personnes ; les guerres actuelles dans le monde causant la perte de nombreuses victimes innocentes témoignent du fait que les relations humaines sont complexes. Ce sombre constat suscite chez plusieurs personnes des questionnements quant à l’inaction de Dieu ; sur son silence, sur son existence ou son inexistence. D’autres justifient bibliquement cette violence et réfèrent même à la violence divine à travers le temps. Quoi qu’il en soit, l’harmonie au sein de ces relations pourrait être garantie par des ententes, des contrats, des engagements, etc. ; à condition que chaque partie tienne sa promesse même lorsqu’il s’agit de la relation avec Dieu.

Le récit du sacrifice d’Isaac opéré par son père, Abraham, nous questionne comme lecteurs contemporains quant à la barbarie d’un tel acte ou encore du cautionnement de la violence par Dieu dans la mesure où Il demande à Abraham de lui offrir en holocauste son fils unique qu’il aime tant (Gn 22, 2). De fait, ce récit indique plutôt que Dieu s’insurge contre les sacrifices humains à cette époque (ainsi que par déduction sous toutes leurs actuelles). Il était usuel d’effectuer des holocaustes humains et l’on retrouve de nombreuses mentions de cette pratique dans l’Ancien Testament (AT) tel que dans le livre de Michée : « […] Prendra-t-il plaisir à recevoir des milliers de béliers, à voir des flots d’huile répandus sur l’autel ? Donnerai-je mon fils aîné pour prix de ma révolte, le fruit de mes entrailles pour mon propre péché ? […] » (Mi 6, 6-8). L’on pourrait se demander aujourd’hui pourquoi Dieu demande un tel sacrifice. Pourquoi Abraham répond favorablement ? Le texte mentionne clairement que « Dieu mit Abraham à l’épreuve » (Gn 22, 1). S’il te demande aujourd’hui ta vie, celle qu’il t’a donnée, la lui offriras-tu ? Ou, lui demanderas-tu : pourquoi Seigneur ? L’attitude d’Abraham est celle d’une personne attachée à Dieu ; qui fait confiance ; qui ne lui refuse rien, même ce qu’il a de plus précieux.

Voilà l’attitude qui pousse Dieu à faire une promesse à Abraham : « je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel […] puisque tu as écouté ma voix […] » (Gn 22, 17-18). Autrement dit, Dieu tient sa promesse à quiconque écoute sa voix, à quiconque lui fait confiance, à quiconque fait alliance avec lui.

Cette même voix qui nécessite une écoute retentit de nouveau, mais cette fois dans le Nouveau Testament (NT) : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » (Mc 9, 7). Il s’agit de la même voix qui a parlé à travers les siècles dans l’AT, mais qui n’a pas toujours écouté. Mais, cette voix est à présent précédée d’une métamorphose, d’une manifestation, d’une transformation : Transfiguration du Christ. Ce phénomène est clairement décrit par Marc : splendeur, blancheur (Mc 9, 3). Cette métamorphose indique que l’apparence humaine de Jésus a changé durant quelques instants en une forme exprimant la Gloire de Dieu ; en une forme révélant la majesté divine de Jésus et confirmé par la voix venue du ciel que nous sommes appelés, à l’exemple d’Abraham, à écouter. Cette voix nous rappelle la fidélité de Dieu dans toute vie humaine et qui nécessite une réponse confiante, un abandon.

Le Seigneur tient ses promesses dans le cadre de l’Alliance effectuée dans l’AT à maintes reprises et renouvelée en son Fils Jésus-Christ mort et ressuscité qui est assis à la droite de Dieu d’où il intercède pour nous (Rm 8, 34). Saint Paul nous rappelle en ce sens que Dieu est pour nous, et c’est pourquoi il accepté le sacrifice de son Fils pour notre rachat, pour notre fidélité, pour sceller une nouvelle alliance avec nous. L’Église nous permet d’actualiser dans notre vie chrétienne cette Alliance renouvelée par la personne du Christ à travers la vie sacramentelle. Ainsi, par le Baptême, nous nous engageons à être des filles et des fils de Dieu. Tenons-nous quotidiennement aux promesses de cet engagement ? Qu’avons-nous fait des promesses de notre baptême ? Le temps de carême est une période favorable pour redécouvrir cette Alliance et surtout, cette promesse de Dieu qui s’est engagé le premier avec nous. Dans le sacrement de l’Eucharistie, le Christ s’engage avec nous à chaque fois pour la transformation du monde. Dans le sacrement de la Réconciliation, Dieu se manifeste son amour infini. Dans le sacrement de la Confirmation, l’Esprit-Saint nous donne la force nécessaire pour tenir cette promesse. Dans le sacrement du Mariage, Dieu soutient deux personnes qui s’engagent pour former une seule chair. Dans le sacrement de l’Ordre, Dieu s’engage à travers le ministre à se rendre présent dans toute vie humaine. Dans le sacrement de l’Onction des malades, il manifeste sa proximité dans la souffrance physique.

Qu’ai-je fait des promesses de mon engagement baptismal ? Suis-je prêt, comme le psalmiste à tenir mes promesses au Seigneur ? (Ps 115).

© Ab. Léandre Syrieix.


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