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Ac 4, 32-35 – Ps 117 (118)1 – 1 Jn 5, 1-6 – Jn 20, 19-31
Dimanche de la Divine Miséricorde (B)
S’il y a bien un Apôtre parmi Les Douze qui a été bien populaire à travers les siècles et qui l’est encore aujourd’hui c’est bien Thomas. La popularité dont il est question repose sur le fait que nous sommes des milliards sur cette terre à nous identifier à lui ; à nous reconnaître en lui ; à réagir comme lui autrefois, c’est-à-dire à douter. Il ne s’agit pas ici d’un doute calculé ni philosophique ou méthodique comme celui de Descartes le philosophe ; car bien souvent nous faisons fausse route en déclarant ordinairement que nous sommes « des Thomas » selon l’expression populaire. Thomas, quant à lui, a cheminé, a vécu un passage en ne s’arrêtant pas à son doute, mais en confessant l’invisible.
La figure de Thomas, en particulier son itinéraire est très saisissant. De fait, lorsque le Christ apparaît aux onze, il est absent et ne croit pas lorsqu’on lui rapporte que le Christ est vivant, qu’il est ressuscité. Que fait-il lorsque Jésus ressuscité se présente devant lui en présence des autres ? Thomas voit les mains clouées quelques jours auparavant, il touche « le côté ouvert » du ressuscité, alors il déclare « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Il ne s’agit guère là d’une phrase vide de sens. En effet, Thomas ne confesse pas le Jésus de Nazareth à nouveau vivant, mais plutôt un Dieu !
Manifestement, il n’y a que la foi qui puisse permettre de toucher et de voir Dieu. Voilà une vérité et un fait non démontrable par Hollywood à travers toutes les tentatives de représentation cinématographique de la résurrection du Christ. La déclaration de Thomas, « Mon Seigneur et mon Dieu ! », révèle comment il « confesse l’invisible », c’est-à-dire Dieu ! De toute évidence, il voit au-delà de la personne physique en face de lui et c’est pourquoi le Ressuscité lui lance cette invitation : « cesse d’être incrédule, sois croyant. » (Jn 20, 27). Ainsi, l’attitude de Thomas interpelle toute croyante et tout croyant quant à sa manière de « voir Dieu » et de « toucher Dieu ». La première étape nous vient de saint Jean, car elle consiste à « aimer les enfants de Dieu ». Voilà une manière claire et concrète de voir ou de toucher Dieu. Mais encore, aimer les enfants de Dieu est possible en aimant Dieu et en accomplissant ses commandements (1 Jn 5, 2) dont l’ultime de tous est l’amour. Autrement dit, voir et toucher Dieu passe par l’application du commandement de Dieu : l’aimer en aimant son prochain comme soi-même.
Ce commandement d’amour prend une tout autre forme chez Saint Pierre en ce qui concerne les chrétiens. En effet, les croyants sont ces personnes dont l’amour de Dieu et du prochain s’exprime à travers leur intérêt pour le bien commun ou le bien de tous : ils ont un seul cœur et une seule âme, ils sont tout en commun (Ac 4, 32). Voilà une des caractéristiques des disciples du Ressuscité : avoir le souci du prochain et de ses besoins tant matériels que spirituels. C’est ainsi que l’on construit une communauté chrétienne vivante, mais aussi une réelle communauté humaine telle celle à laquelle nous invite le Pape François à travers Fratelli Tutti.
Comme Thomas, nous sommes appelés à emprunter l’itinéraire qui va de l’incrédulité à la confession de l’invisible à partir du prochain, de notre réalité quotidienne. C’est en ce sens que nous sommes invités à ne pas douter de la Miséricorde Divine qui est l’Amour que Dieu nous manifeste quotidiennement et que l’Église nous propose de renouveler de manière spéciale en cette solennité. Il s’agit de Faire confiance à Jésus tel qu’il l’a révélé à Sr Faustine : « Jésus, j’ai confiance en Toi ». Mais aussi à Être miséricordieux comme Dieu l’est à notre égard. Voilà pourquoi il est essentiel de goûter soi-même cette miséricorde afin d’en être Apôtre parce que l’on en aura fait l’expérience personnelle et parfois communautaire.
Le cœur qui goutte fréquemment à la Miséricorde de Dieu à travers les sacrements et les œuvres de charité est alors disposé à confesser l’invisible au quotidien. Car, cela l’amène à reconnaître et à confesser le Christ en tout temps et en tout lieu (à la maison au travail) au cœur des rencontres et des évènements. Cela l’amène à reconnaître et à confesser le Christ dans la création à partir de l’alternance des saisons, de la splendeur de la création. Cela l’amène à voir le matériel et à être capable de confesser Christ, sa présence dans les petits évènements, dans la banalité du quotidien.
Que nous dit Thomas en cette solennité de la Divine Miséricorde ? Comment nous interpelle-t-il ? Qu’est-ce qu’il nous dit du disciple que nous sommes appelés à être ? Thomas nous interpelle afin que nous confessions le Christ mort et ressuscité pour notre salut. Il nous apprend à percevoir les apparitions de l’invisible dans le visible ordinaire. Il nous apprend que le Christ fait miséricorde afin que nous puissions en faire pareillement. Alors, cessons d’être incrédules, soyons croyants : confessons l’invisible. Voilà la grâce à demander en cette solennité.
© Ab. Léandre Syrieix.
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