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Ac 3, 13-15.17-19 – Ps 4 – 1 Jn 2, 1-5a – Lc 24, 35-48
3e Dimanche de Pâques (B)
L’ignorance est comme un cancer bénin qui se propage discrètement comme si de rien n’était et lorsque ses effets se font connaître, il est presque trop tard. Voilà un vice à ne pas sous-estimer, car il a l’art d’enfermer la personne dans une méconnaissance des choses dont il devrait savoir ou encore dans une forme de croyance dangereuse pour lui et les autres. L’ignorance concerne toutes les sphères de la vie humaine. Le principe juridique « Nul n’est censé ignorer la loi » reflète en quelque sorte la dangerosité de l’ignorance et montre l’importance pour toute personne de « connaître » la loi sans bien sûr en être experte. N’en est-il pas de même dans le domaine de foi ? L’incrédulité n’est-elle pas liée à l’ignorance et ne nécessite-t-elle pas d’en être libéré ?
Les propos de saint Pierre révèlent que la mort du Christ relève de l’ignorance du peuple et de ses chefs (Ac 3, 17) et pourquoi pas de l’ignorance actuelle de l’humanité ! De même, la trahison et le reniement du Christ (Ac 3, 13) relèvent souvent de l’ignorance bien qu’encore de nos jours, plusieurs le font délibérément. Pierre nous rappelle que sortir de l’ignorance est possible en empruntant la voie de la conversion (Ac 3, 19) : retourner à Dieu. Car c’est de Lui que nous sommes sortis puisqu’il est le Dieu de la vie qui a relevé le Christ d’entre les morts en faisant de lui le « Prince de la vie » (Ac 3, 15) afin que quiconque professe la foi en lui ait la vie éternelle.
Voilà pourquoi nous pouvons crier avec confiance vers le Seigneur qui écoute les prières, qui libère de toute détresse (Ps 4, 2), de toute forme d’ignorance ou d’incrédulité. Il peut faire briller la lumière de sa connaissance, celle de la foi, son visage (Ps 4, 7) sur quiconque se tourne vers Lui avec foi. Il n’y a que Lui qui puisse illuminer l’humanité et la faire sortir des ténèbres, la libérer des chaines de l’ignorance sous toutes ses formes.
Parce que l’ignorance de devrait plus être une excuse aujourd’hui, nous avons la liberté de choisir d’entrer dans la connaissance. Mais pas n’importe quelle connaissance, celle du Ressuscité. En effet, « Connaître » le Christ c’est « Naître » « Avec » (Con) le Ressuscité, c’est-à-dire entrer dans son intimité, garder ses commandements (1 Jn 2, 4) : aimer Dieu et son prochain comme soi-même (Mt 22, 39). Sortir de l’ignorance ou de l’incrédulité, entrer dans la connaissance du Christ c’est « Croire » en Lui, l’envoyé de Dieu ; c’est choisir la vie, c’est-à-dire le « Prince de la vie » (Ac 3, 15). Il n’y a pas d’autres moyens que la connaissance du Ressuscité pour sortir de l’ignorance ou de l’incrédulité, mais cela dans une liberté totale, en choisissant de garder ses commandements dans la fréquentation assidue de la Parole de Dieu ainsi qu’en aimant Dieu et son prochain comme soi-même.
La dangerosité de l’ignorance explique sans aucun doute pourquoi le Christ, même après sa résurrection d’entre les morts veut en libérer ses disciples. N’est-ce pas ce qu’il fit avec les disciples d’Emmaüs ? Comment s’y est-il pris pour les libérer de l’ignorance, de l’incrédulité ? Ce fut en leur expliquant les Écritures à son sujet (Lc 24, 27). Ce fut en se laissant « Re » « Connaître » ou plutôt en les laissant « Naitre » « De Nouveau » (Re) « Avec » (Con) Lui. Pour les disciples d’Emmaüs, la connaissance du Ressuscité à travers le parcours de l’Écriture prend du sens ou se concrétise à la fraction du pain et non pas l’inverse ! Il y a là une sagesse de notre Mère Église de faire précéder la liturgie eucharistique par celle de la Parole dans le déroulement de messe. Lorsque le Christ apparaît aux onze et à leurs compagnons, ils ont du mal à croire, à le « Reconnaître » véritablement malgré qu’Il leur montre ses mains, qu’Il se laisse voir ainsi que toucher et qu’Il mange même avec eux. Alors, que fait-il ? Le Ressuscité ouvre leur intelligence à la compréhension des Écritures (Lc 24, 45) : antidote de l’ignorance et de l’incrédulité.
L’ignorance est un danger dont l’équivalent est « la prétention du savoir ». Ce n’est plus une excuse aujourd’hui parce que le Christ se laisse connaître par quiconque s’abandonne dans la foi et en toute liberté à Lui. Nous sommes donc appelés à sortir urgemment de nos ignorances tant spirituelles qu’humaines par la connaissance véritable du Ressuscité à travers une fréquentation assidue de l’Écrire. Cela suppose de laisser le Christ se révéler à nous-mêmes dans sa Parole plutôt que de nous accrocher sur ce que nous pensons savoir de Lui. Cette fréquentation de l’Écriture prend différentes formes dont l’adhésion à des groupes de partage de la Parole au sein desquels, à la manière des disciples d’Emmaüs, des frères et des sœurs se laissent mutuellement ouvrir à l’intelligence et à la compréhension des Écritures ainsi que sur tout ce qui concerne le Christ. Cette connaissance libératrice de l’ignorance s’opère également par la prière et la foi « radicale » en Jésus-Christ mort et ressuscité pour que tout être humain ait la vie éternelle.
Si, en tant que citoyens du monde, nous appliquons quotidiennement le principe juridique, « Nul n’est censé ignorer la loi », alors, comme citoyens des cieux, recherchons la connaissance du Ressuscité qui libère de l’ignorance, de l’incrédulité et ouvre la porte à la vie véritable.
© Ab. Léandre Syrieix.
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