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Jb 38, 1.8-11 – Ps 106 (107) – 2 Co 5, 14-17 – Mc 4, 35-41
12e dimanche du Temps Ord. (B)
Il y a deux manières de traverser une tempête, d’affronter les épreuves de la vie. D’une part avec frayeur, en se plaignant ou en prenant la fuite et d’autre part, avec assurance et persévérance. Ainsi, la manière de faire face à la tempête dépend de chacun, de son tempérament, de son désir profond. La chrétienne ou le chrétien n’en est pas exempté, car la tempête fait partie de son expérience de vie, de sa purification et de sa mission.
Plusieurs personnes affirment souvent que le Seigneur les a abandonnés au cœur de leurs épreuves, qu’elles ne l’entendent pas, qu’Il se fait silencieux ou sourd devant leurs cris. Pourtant, on constate par exemple que « le Seigneur s’adressa à Job du milieu de la tempête » (Jb 38, 1), en plein cœur de la turbulence. Ainsi, faisant une telle expérience, il faut être capable d’écouter, d’entendre ou encore de percevoir sa présence. Autrement dit, le Seigneur parle aussi au cœur des turbulences dans nos vies, au milieu des ouragans, et non pas seulement dans la quiétude, l’accalmie ou par la brise légère (1 R 19, 8-13). De fait, comment le Seigneur s’adresse-t-il à la mer ? C’est en lui donnant un ordre ; c’est par une parole ferme dite avec assurance : « Tu viendras ici ! Tu n’iras pas plus loin… » (Jb 38, 11) Voilà comment nous sommes appelés à agir au cœur des tempêtes : nous tenir debout avec assurance et une parole ferme.
Notre baptême et notre foi en Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous procurer la vie éternelle font de nous des créatures nouvelles (2 Co, 17), des personnes nées d’en-haut (Jn 3, 1-16) qui ne sont pas simplement humaines (2 Co, 16). Il n’y a que cette seconde nature, cette nouvelle nature en Jésus-Christ qui puisse nous permettre de transcender les épreuves de la vie présente ; de nous tenir debout et d’avancer avec confiance. Saint Paul nous rappelle que le Christ est mort pour tous afin que nous ne soyons plus centrés sur nous-mêmes, mais sur Lui (2 Co 15). Ainsi, dans les épreuves, si nous comptons uniquement sur nos forces, nous courrons le risque d’en être écrasés ; de nous centrer uniquement sur nos émotions, sur nos peurs, sur nos craintes, etc.
C’est ce que Marc met en avant dans le récit de la « Tempête apaisée ». En effet, les disciples du Christ, au cœur de la tempête, sont pris de panique, de frayeur. Voilà une réaction purement humaine qui les déstabilise, qui les engloutit dans les abysses de la désespérance. C’est une telle expérience que nous faisons au cœur de nos vies ; à travers les tempêtes traversées par l’Église ici et ailleurs. C’est le cas actuellement avec l’urgence de vivre les transformations de la charge pastorale au sein de nos communautés ; devant le discrédit du christianisme et en particulier du catholicisme à cause de tant de manquements de ses pasteurs et fidèles : scandales des abus sexuels, corruption, etc. Au cœur de ces tempêtes en pleine mer, la panique peut nous amener à quitter le navire, à sauter à l’eau. Cela se traduit concrètement avec par exemple l’aggravement du fossé entre la foi chrétienne et la pratique religieuse, la crise des vocations, etc. Être poussé par la peur à quitter le navire en plein cœur de la tempête et de sauter par-dessus pour sauver sa propre vie est une tentation qui nous guette tous et toutes. Cela consiste aussi à oublier les autres qui sont encore dans la barque, à ne voir que la tempête et négliger les possibilités à notre portée.
Voilà pourquoi il n’est jamais sage de réagir sous l’effet de la panique et cela est aussi vrai dans la vie spirituelle chrétienne puisqu’il n’y en a pas sans épreuves. Au cœur de tempête en pleine mer, il n’y pas mile solutions possibles et le Christ nous propose la Foi comme une réponse claire et comme une attitude ferme (Mc 4, 40). Il n’y a que la foi qui puisse nous aider à ne pas céder à la panique devant l’ampleur de la turbulence générée par la tempête. Il n’y a que la foi qui puisse non seulement nous calmer de l’intérieur, mais aussi nous permettre de nous tenir debout avec assurance et dire « silence, tais-toi ! » (Mc 4, 39) Il n’y a que la foi pour nous faire avancer avec confiance et enthousiasme dans les défis de la Nouvelle Évangélisation chez nous. Il n’y a que la foi pour nous aider à aimer l’Église comme corps du Christ et ses pasteurs malgré les infections de certains de ses membres. Il n’y a que la foi pour nous faire avancer dans l’Espérance.
Notre appartenance au Christ par le fait de notre baptême fait de nous des créatures nouvelles qui avancent en ce monde avec l’assurance des réalisations de ses promesses au moment venu ; qui se tiennent debout au cœur des bouleversements de ce temps avec confiance et espérance ; qui demeurent fidèles et présent avec les frères et sœurs dans la barque de l’Église au cœur de la tempête ; qui osent s’abandonner : « je ne comprends pas les voies du Seigneur, mais je sais qu’il connaît pour moi le chemin[1] ».
© Ab. Léandre Syrieix.
[1] Cité par Matthieu Arnold, Prier 15 jours avec Dietrich Bonhoeffer, Bruyères-Le-Châtel, Nouvelle Cité, 2006, p. 73.
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