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Le cri de Notre Seigneur sur la croix : « J’ai soif » (Jn 19, 28) est le sommet de l’acte de salvation de l’humanité. Sur la croix et au sommet du Golgotha, toute chose est récapitulée dans le Christ. Il n’est pas surprenant que ce soit au sommet que tout se réalise, puisqu’avant d’y arriver[1], il y a tout un chemin, une pente à gravir, il y a plusieurs étapes. Ainsi ce cri de soif du Christ est l’étape ultime, le sommet de toutes les étapes de son cri de soif de l’humanité.
Le Christ a d’abord eu soif de l’humanité, il a soif de chacun d’entre nous. Par le Christ, le Père appelle à Lui tous les Hommes. Cette première soif se manifeste dans l’appel de ses disciples : « Venez et vous verrez » (Jn 1, 39). Il appelle à Lui tous les Hommes afin de les mener au Père, pour que se réalise la communion plénière avec Lui depuis la rupture au jardin en Eden.
Bien que le Christ ait soif de l’humanité, il commence à étancher la soif de l’Homme à Cana, afin que celui-ci goutte par anticipation la saveur de la vie bienheureuse avec le Père. « Les gens n’ont plus de vin » (Jn 2, 3) dit Marie au Christ, ils n’ont plus à boire. L’humanité n’a plus où se désaltérer, elle est coupée de la source. Dieu qui a soif de l’humanité commence par la désaltérer afin qu’elle produise en abondance des sources d’eaux vives qui, jaillissante du cœur de tous les Hommes, puissent l’abreuver.
L’humanité est ainsi disposée à répondre au cri de soif du Christ, car créée à l’image du Père, vivant du souffle de l’Esprit du Père, elle est désormais la source vers laquelle le Christ se tourne : « Donne-moi à boire » (Jn 4, 7). En se tournant ainsi vers la Samaritaine, le Christ se tourne vers toute l’humanité, il s’adresse à chacun de nous aujourd’hui. Il a soif de nous, tous sans exception. En effet, nous sommes tous membres de ce corps dont il est la tête. Nous avons tous de la valeur et du prix à ses yeux et aux yeux du Père. Il a manifesté cette soif de l’humanité à travers ses actes envers les plus petits, les faibles, les pauvres, etc. Il a guéri les malades, les aveugles, etc., nourri les foules, accueilli ceux et celles qui sont jugés dans la personne de la « femme adultère ».
L’amour du Christ pour ses amis est tellement fort qu’il s’est fait tout proche d’eux. À Béthanie, le Christ est bouleversé, il pleure, il se fait tout proche de notre humanité et partage avec nous nos peines au quotidien parce qu’il a soif de nous, parce qu’il croit en nous et veut que nous croyons en Lui qui est la Vie : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jn 11, 40).
« Père, tu me les as donnés. Je veux qu’ils soient, eux aussi avec moi, là où je vais […] » (Jn 17, 24), dit le Christ. Sa soif pour l’Homme est sans fin, il veut que nous soyons tous participant de la gloire de son Père. Sommes nous conscient (e) de cet Amour sans borne du Christ ? Il a tant aimé chacun de nous qu’il a donné sa vie pour que nous soyons avec Lui dans la maison du Père. Il redit à chacun (e) aujourd’hui: « J’ai soif de Toi ».
Sur la croix, le Christ pousse un ultime cri de soif afin que chacun de nous se rappelle toutes les étapes de sa vie, toutes les étapes de notre salut : Gaudium (la Joie), Amorem (l’Amour), Crucis (la Croix) et Obedientiam (l’Abandon).
« Je vous ai dit cela pour que vous ayez ma joie et pour que votre joie soit complète » (Jn 15, 11) : ces propos du Christ pourraient paraître absurdes et totalement incompréhensibles. Comment à quelques heures de sa mort, d’un supplice aussi atroce que celui qu’il a connu, il peut parler de Joie ? Oui, le Christ parle de la Joie parce qu’il sait que tout ne s’arrête pas à la Croix, et que seule la joie qui l’habite le mène jusqu’au bout, jusqu’à donner sa vie pour l’humanité pour qui il a tant soif. Le Chrétien est donc un Homme de la Joie, et cette Joie doit être portée partout dans le monde, à tous ceux qui croulent sous le poids de la maladie, de l’âge, des injustices sociales, etc. Le message du Christ est un message de Joie pour tous ceux croient en Lui. Il a soif d’une humanité joyeuse : « Femmes, ne pleurez pas sur moi », demeurez dans la Joie.
L’ultime commandement du Christ c’est l’Amour : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). Parce que nous sommes habités de la joie du Père, nous demeurons dans son Amour. Et cet Amour nous le portons à tous ceux et celles qui en ont besoin. La vocation de l’Homme c’est l’Amour, puisqu’il est créé par Amour afin d’Aimer à son tour, parce qu’il est fait à l’image du Père. « Il n’y a pas de plus grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). Comment puis-je dire que j’aime mon frère, que j’aime ma sœur, si je ne suis pas capable de donner ma vie pour lui, pour elle ? Comment puis-je prétendre aimer si je ne partage pas toutes les réalités de l’autre ? En cela, le Christ sur la croix a soif de ceux et celles qui aiment en vérité, sans hypocrisie, sans calcul, sans projecteurs. Il a soif de ceux et celles qui aiment dans l’ombre.
Aimer est indissociable de la Croix. On ne peut aimer sans la croix, puisque qui n’a pas souffert n’a pas aimé. « Il sort de la ville, en portant lui-même sa croix » (Jn 19, 18), il accepte la croix par amour et non par contrainte, car sa liberté de Fils de Dieu est engagée. Le Christ nous enseigne que la finalité ce n’est pas la croix, mais que la croix c’est un passage. En portant sur ses épaules la croix, il portait toute l’humanité et nous ouvrait ainsi le chemin à suivre. La croix est le signe de l’amour de Dieu, le signe de la proximité de Dieu avec l’humanité. Ainsi, partout où l’Homme souffre, nous nous devons d’être présent comme le Christ pour alléger ses souffrances, pour porter la croix de l’humanité. Au coeur de la Nouvelle Évangélisation, nous devons aller dans le monde par Amour, avec une Croix, puisqu’il y a une urgence d’étancher la soif du Christ de l’humanité.
« Tout est fini » (Jn 19, 30), ainsi le Christ s’abandonne entre les mains du Père. Il n’a pas failli, il s’est fait obéissant jusqu’à la Croix. Il nous invite à cette même attitude. Ceux et celles qui n’avaient sans doute pas compris les paroles de la Vierge à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2, 5), le comprendraient certainement mieux à la Croix. L’obéissance des serviteurs aux recommandations de la Vierge Marie et du Christ est l’exemple à suivre du Chrétien : l’obéissance aux motions de l’Esprit-Saint. Quiconque s’abandonne au Père avec confiance ne sera point déçu, puisqu’en Lui est la vie en plénitude. Comme les serviteurs à Cana, faisons tout ce qu’il nous dira, quand bien même nous ne comprenons pas sur le moment.
Le cri de soif de Notre Seigneur sur la croix est le sommet de toutes les étapes de sa vie, de tout son ministère parmi nous. Il a soif d’hommes et de femmes porteurs de Joie au monde, vivant de l’Amour véritable, ne reculant pas face à la Croix et se tournant au contraire vers les souffrants (e), s’Abandonnant à la volonté du Père en se laissant guider par les motions de l’Esprit-Saint qui fait vivre l’Église.
© Léandre Syrieix.
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