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Sg 6, 12-16 – Ps 62(63) – 1 Th 4, 13-18 – Mt 25, 1-13
32e dimanche du Temps Ord. (A)
La litanie de tous les maux dont souffre l’humanité actuellement à tous les niveaux (social, économique, culturel, écologique, politique, religieux, etc.) s’explique, à mon humble avis, par un fait qui, à première vue, semble banal. En effet, mon regard sur les drames actuels, sur les divers bouleversements que nous connaissons actuellement, etc., a été transformé par ma méditation de l’Écriture qui m’a fait percevoir que notre monde est traversé par une véritable folie. La parabole des « vierges folles » illustre très bien mon propos !
La folie est opposée à la sagesse comme on peut le voir dans la parabole racontée par Jésus-Christ dans l’Évangile de Matthieu. Ce dernier met en évidence deux types de personnes : des jeunes filles prévoyantes et des jeunes filles insouciantes. Les deux groupes de personnes sont dans une attente, celle de l’Époux, une personne importante. Or, lorsqu’on attend une personnalité de marque ou une bonne visite, on se prépare et on prend des dispositions nécessaires pour que son accueil se passe bien. C’est dans ce sens que les jeunes filles prévoyantes ont pris leurs dispositions pour attendre l’invité durant toute la nuit, notamment en faisant des réserves d’huile afin d’être capables de veiller jusqu’à son arrivée. À l’inverse, les jeunes filles insouciantes n’ont rien prévu et se sont fait surprendre par l’arrivée tardive, en pleine nuit, de l’invité alors qu’elles n’avaient plus assez d’huile dans leurs lampes pour assurer un accueil chaleureux. De fait, ces dernières, par leur attitude ou leur imprudence, ont agi comme des personnes qui « savaient tout » voir qui étaient sures de l’heure de l’arrivée de l’invitée.
À travers cette parabole, le Christ nous invite à « Veiller » (Mt 25, 13), c’est-à-dire à la vigilance. Or, la vigilance est la caractéristique du disciple qui espère et attend le retour du Seigneur. Autrement dit, la vigilance est liée à l’Espérance, une vertu théologale qui nourrit la foi et pousse à la charité, c’est-à-dire à l’ouverture à l’autre. Saint Paul, face à la tempête ; face à l’épreuve ; face aux crises ; face à la tragédie et spécifiquement à la mort, invite les croyants à ne pas se comporter comme des païens, c’est-à-dire comme les personnes qui n’ont pas d’Espérance (1 Th 4, 13) ; qui considèrent la mort comme la fin de tout. De fait, voire la mort comme la fin de tout, c’est ne pas croire en la vie éternelle promise par le Christ mort et ressuscité. Voir la mort comme la fin de tout, c’est alors vivre dans ce monde sans aucune Espérance et c’est là, selon moi, « la folie de ces temps » que nous traversons. Autrement dit, il s’agit de l’évacuation de l’Espérance qui revient à évacuer la vie éternelle et qui plonge l’humanité dans une dépression face à la mort mal vécue, subite, à ses horreurs, etc.
L’Espérance suppose une certaine incertitude et donc, une certaine humilité et un abandon. Pourtant, la folie de ces temps repose sur une prétention à la science infuse ; une prétention à la connaissance sur tout ; une prétention de ce qui est bon ou mal, etc. Autrement dit, la folie de ces temps repose sur la négation de Dieu supportée par une certitude des vérités sur l’humanité et sur le monde. Une telle posture conduit inévitablement à tous les théâtres d’horreurs que nous connaissons actuellement. À l’inverse d’une telle folie, la sagesse suppose plutôt une vigilance.
La « sagesse » en question n’est pas réduite à des paroles de résignation ou de sérénité comme c’est la mode actuellement dans la plupart de nos systèmes laïques. La « sagesse » est plutôt resplendissante ou brillante ; elle rajeunit ; elle se laisse contempler ; elle est accessible ou se laisse trouver par ceux et celles qui la cherchent ; elle est prévenante ; elle se dévoile et se laisse connaître par quiconque la désire ; elle se donne et vient à toute personne qui fait appel à elle ; elle va et vient à la recherche de quiconque se montre digne d’elle ; elle est bienveillante, souriante et source de joie ; elle se déplace à la rencontre de quiconque la désire (Sg 6, 12-16). Bref, cette « sagesse » n’est rien d’autre que Dieu et quiconque la « possède » demeure dans l’Espérance, et qui agit dans ce monde avec vigilance. On voit alors que « la folie de ces temps » est un manque de Sagesse, c’est-à-dire de Dieu.
Pour éviter de tomber dans « la folie de ces temps », le Christ nous invite à « veiller et prier » (Mt 25, 13) pour demeurer dans l’Espérance ; pour ne pas entrer en tentation, notamment dans celle évoquée antérieurement, c’est-à-dire consistant à placer l’humain au-dessus de tout ou encore à évacuer la vie éternelle en la limitant à la mort entendue comme la fin de tout. Nous sommes invités à « veiller et prier » pour résister aux différentes formes d’expression d’apostasie moderne. Nous sommes dans l’urgence de « veiller et prier » afin être prêts en tout temps à accueillir le Seigneur. Nous sommes donc conviés, à l’instar des jeunes filles prévoyantes, à nourrir notre vie spirituelle en permanence en l’alimentant quotidiennement comme des lampes pour nous tenir éveillés, pour être vigilants ; car Il vient et déjà, l’heure est tout proche !
© Léandre Syrieix.
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