Sur le chemin d’Emmaüs.[:]


Premire etape
Photo : Leander Syrieix

Le premier jour de la semaine, je me rendais avec Cléopas à Emmaüs, un village situé à deux heures de marche de Jérusalem où nous avions passé la Pâques dans la tristesse et le chagrin à la suite de la mise en croix de notre maître. Nous échangions sur tous ces évènements, de tout ce que notre maître nous avait enseigné, sur notre surprise suite à l’acte de Judas, l’un de ses apôtres qui l’a livré aux grands prêtres pour quelques pièces d’argent malgré toute sa bonté, la profondeur de son enseignement et sa proximité avec tout le monde, notamment les pauvres. Nous parlions justement de ce qui s’est passé ce matin-là, de la disparition du corps de notre maître constatée de grand matin par quelques femmes qui se sont rendues au tombeau quand un inconnu nous a rejoints et a fait route avec nous. Manifestement, nous empruntions le même chemin en direction d’Emmaüs.

L’inconnu était très curieux, car il semblait avoir entendu quelques bouts de notre conversation alors qu’il nous suivait depuis quelques instants. Il nous a posé une question assez surprenante : « Quels sont ces propos que vous échangez en marchant ? » Nous étions abasourdis, car nous nous demandions d’où il pouvait venir, car apparemment il semblait être le seul à ne pas être au courant des évènements puisque tout le monde en parlait, c’était le fait du moment. Cléopas ne pouvait s’empêcher de le lui notifier ceci : « Tu es bien le seul à séjourner à Jérusalem qui n’ait pas appris ce qui s’y est passé ces jours-ci ! » La réplique de l’inconnu, « Quoi donc ? », nous a laissé croire qu’il était vraiment sincère et n’avait aucune information sur ces faits. Alors nous lui avons parlé de notre maître, Jésus de Nazareth, un grand prophète puissant en action et en parole devant Dieu et devant tout le peuple. Nous lui avons relaté comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié, alors que nous, nous espérions qu’il était celui qui allait délivrer Israël. En effet, toute sa puissance, toutes ses paroles, tous ses propos dérangeants pour nos dirigeants nous laissaient entrevoir une libération, et nous n’avions pas pensé qu’il finirait de la sorte, entendu que nous espérions qu’il constitue une armée pour se défendre et nous libérer de l’occupation romaine.

De plus, nous lui avons raconté l’événement le plus bouleversant de ce matin-là. Voilà exactement trois jours que les faits c’étaient produits, et que de bonne heure quelques femmes de notre groupe nous ont affairées quand, s’étant rendues de grand matin au tombeau, elles nous ont rapporté qu’elles n’avaient pas trouvé son corps à l’endroit où il avait été mis avant le début du sabbat. Manifestement, elles ont même eu la vision d’anges qui le déclaraient vivant. Cela semblait absurde. Alors, quelques-uns de nos compagnons sont allés en hâte au tombeau pour vérifier les faits. Ce qu’ils ont trouvé sur place confirmait les dires de ces femmes du groupe, ils ne l’ont pas vu.

Après avoir raconté tous ces évènements à l’inconnu, voici ce qu’il nous a dit : « Esprits sans intelligence, cœurs lents à croire tout ce qu’ont déclaré les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entre dans sa gloire ? ». Commençant par Moïse et par tous les prophètes, il nous a expliqué toutes les Écritures et nous a entretenus sur bon nombre d’enseignements. Je ne comprenais ni ne saisissais tout de ce qu’il nous disait, car je ne parvenais pas à faire le lien avec les évènements survenus à Jérusalem que nous lui avons racontés, mais mon cœur était brulant en moi. Ses paroles étaient apaisantes, elles attiraient toute mon attention et je me laissais instruire, ainsi que Cléopas, durant tout le trajet. Nous étions concentrés à l’écouter que nous n’avons pas vu le temps et le trajet passer.

Nous approchions d’Emmaüs où nous nous rendions quand l’homme continuait son chemin. Alors, nous nous sommes pressés de l’inviter à prendre le repas du soir et à demeurer avec nous, car la journée était déjà bien avancée. Il a accepté et nous sommes entrés nous laver les pieds, les mains, la tête, etc., comme il est de coutume avant de passer à table. Comme il était notre hôte, nous l’avons invité à bénir le repas. Il prit le pain, prononça une bénédiction, le rompit et nous le donna. Alors je fus ébahi, car je reconnus à ce geste notre maître, mais il disparut au même moment. Je tournais mon regard vers Cléopas qui semblait vivre la même chose que moi. Nous étions bouche bée comme si nous avions vu un fantôme. Nous n’avions pas rêvé, il était bien là. Il avait fait route avec nous et nous a instruit tout au long du chemin. Dès cet instant, j’ai eu quelques flashs sur tous ces enseignements durant notre marche. J’ai alors compris pourquoi mon cœur était si brûlant en lui-même quand il nous instruisait. J’ai saisi que c’est de lui qu’il nous parlait à travers les Écritures depuis Moïse en passant par les prophètes. Cléopas ma partagée le même sentiment.

Alors, nous n’avons ni pris notre repas ni couché sur place et sommes plutôt retournées en hâte à Jérusalem malgré la tombée de la nuit, car nous étions tellement excités au point qu’il fallait que nous en partions aux autres. Effectivement ce matin-là, les femmes avaient raison, alors que nous doutions et ne les croyions pas. Quand nous nous y sommes rendus, nous avons trouvé les onze apôtres réunis avec leurs compagnons. À peine entrés, ils ne nous ont même pas laissés reprendre notre souffle, car nous courrions, ils nous confirmèrent que le Seigneur était vraiment ressuscité. En effet, il était apparu à Simon selon leurs dires. Cette apparition à Simon et la nôtre corroboraient sans aucun doute l’annonce des femmes et leur vision d’anges de ce matin-là. Alors nous leur avons raconté ce qui s’est passé pour nous ce même jour sur le chemin d’Emmaüs quand nous avions quitté Jérusalem, et comment nous avions reconnu le maître à la fraction du pain comme il avait l’habitude.

© Léandre Syrieix.

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