Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7 – Ps 79(80) – 1 Co 1, 3-9 – Mc 13, 33-37

1er dimanche de l’Avent (B)

Alors que les scientifiques s’affairent à trouver un vaccin pour lutter contre la pandémie de la COVID-19 ; alors que de nombreux laboratoires et compagnies pharmaceutiques annoncent des résultats prometteurs ; alors que la plupart des pays occidentaux ont déjà réservé des quantités importantes de doses de vaccins à venir pour leurs populations respectives ; alors que la pandémie continue à faire des ravages tant directement qu’indirectement ; un autre type de vaccin est à notre portée et les vertus sont positives tant pour les personnes infectées que pour les autres.

De quel vaccin s’agit-il ? Avant de l’évoquer, arrêtons-nous un instant sur les effets indirects de cette pandémie notamment sur les personnes qui ne sont pas immédiatement infectées, c’est-à-dire le reste de la population : anxiété ou angoisse, stress, santé mentale, dépression, isolement, etc. Une question est à se poser : est-ce que les prochains vaccins déjà annoncés permettront d’éradiquer ces effets indirects mentionnés ? Il est clair que NON ! Mais une solution est à notre portée. En effet, s’inoculer de « contemplation » est, à notre humble envie, une piste essentielle au cœur de cette crise et même après.

De toute évidence, la solution scientifique à elle seule ne suffit pas ; la médication dans le contexte de santé mentale et de mal-être global vécu actuellement ne suffit guère. Alors, sur le plan spirituel, l’Écriture nous invite à « prendre garde, à rester éveillés » (Mc 13, 33). Autrement dit, c’est un appel à « Veiller » (Mc 13, 37), à la vigilance, à l’attention, à la contemplation. Il ne s’agit point de rechercher, à travers diverses techniques de relaxation une simple quiétude, mais plus que cela à prendre la décision personnelle de s’arrêter pour vivre une rencontre qui change toute une vie. Ainsi, la contemplation dont il est question est une recherche continuelle à demeurer attentif. Mais une attention à Dieu qui passe par celle à soi et celle au monde. Cela est possible en plongeant à l’intérieur de soi-même pour oser affronter le silence ; pour vaincre ses peurs du vide ou celle de la laideur de son histoire de vie jaillissant avec le calme ou le silence de la contemplation. C’est le chemin sûr pour rencontrer le Seigneur au plus intérieur à soi-même et qui procure la paix, la joie, l’amour, la confiance en soi, la force, etc.

Le Christ, en invitant à demeurer attentif, veut que nous puissions créer ou favoriser un espace de retrouvailles avec lui, un lieu où il pourra venir à notre rencontre pour y demeurer et voir, pour faire son habitation. Voilà le sens de l’urgence de la contemplation non seulement dans le contexte de pandémie actuel, mais aussi dans nos vies habituellement bien remplies. De fait, l’urgence de cette contemplation aujourd’hui trouve un écho dans la Parole de Dieu ramenée à nos vies : « Personne n’invoque plus [le nom du Seigneur], nul ne se réveille pour prendre appui sur [Lui] » (Is 64, 6). Nous pouvons ainsi, comme le psalmiste, besoin de demander au Seigneur avec confiance de nous faire revenir à lui, que son visage d’éclaire afin que nous soyons sauvés (Ps 79, 4). Oserions-nous aujourd’hui nous tourner vers Lui en disant « Dieu de l’univers, reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la, celle qu’a plantée ta main puissante » ? (Ps 79, 15-16)

Nous avons besoin de ce vaccin, celui de la contemplation. Car cela nous rendra capables d’être attentifs à la présence de Dieu dans toutes les sphères de notre vie, et ainsi de faire révérence à la création ; à l’autre qui est notre prochain ; à Dieu en tout lieu et en toute chose. Ce vaccin procure ou aide à cultiver un regard attentif sur soi, sur le monde et vers le ciel. Nous avons tant besoin de regarder attentivement ce monde pour déceler sa beauté ; nous avons besoin de regarder attentivement dans nos vies afin de les convertir pour être capable de laisser la place au Seigneur, car « c’est lui qui [nous] fera tenir fermement jusqu’au bout » (1 Co 1, 8) au cœur de toutes les épreuves de la vie ; « car Dieu est fidèle, lui qui [nous] a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur » (1 Co 1, 9) dont nous devons préparer la venue.

Enfin un vaccin, la contemplation dont nous avons besoin pour stimuler notre système immunitaire, c’est-à-dire notre vie spirituelle afin d’y développer une immunité adaptative contre de nombreux agents infectieux actuels : désespérance, anxiété due à l’actualité mondiale, mondialisation de la peur, globalisation de l’indifférence, antichristianisme, laïcisme, rejet de la foi chrétienne, négation de l’existence de Dieu, oppression religieuse, atteinte à la dignité de la personne, blasphème contre le sacré, scientisme, etc. Oserons-nous opter pour une telle solution ? Ferons-nous le choix de la contemplation ? Emprunterons-nous ce chemin de la rencontre avec le « Seigneur, notre père ; “Notre-rédempteur-depuis-toujours” tel est [son] nom » ? (Is 63, 16b)

© Léandre Syrieix.


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