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Ac 10, 25-26.34-35.44-48 – Ps 97 (98) – 1 Jn 4, 7-10 – Jn 15, 9-17

6e Dimanche de Pâques (B)

En suivant le cheminement de nos prédécesseurs, de nos aînés (e) dans la foi, nous sommes plongés dans un itinéraire qui relèvent de l’ordre du mystère. On y voit un passage de la « Crainte de Dieu » à son « Amitié » en passant par le témoignage ou la manifestation de son « Amour ». Voilà trois dimensions que nous révèlent le Ressuscité et qui permettent de percevoir ou encore d’expérimenter voire de plonger ainsi que de demeurer dans sa relation avec son Père. Mais, qui donc est ce Dieu qui se lie d’amitié avec l’humanité ?

Les textes de la liturgie du 6e dimanche de Pâques (B) nous présentent un premier niveau dans la relation entre Dieu et l’humanité. On pourrait la qualifier de distante, de formelle dans la mesure où elle est caractéristique d’un rapport entre deux êtres qui ne se situent pas au même niveau, au même rang, etc. Dans ce cas de figure, la créature, entendue ici par l’être humain, est tournée vers son créateur, c’est-à-dire Dieu. Il s’agit donc d’une dimension ascendante dans la relation. C’est ce que met en évidence la lecture tirée du livre des Actes des Apôtres : « Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint… » (Ac 10, 35). En effet, Dieu est juste et ne regarde pas l’humanité à notre manière, c’est-à-dire avec une vision biaisée par des préjugés, des stéréotypes, des critères subjectifs, etc. Il regarde celui qui le « Craint ». Il ne s’agit pas d’être terrorisé par Dieu, mais plutôt d’une Révérence à soin égard comme Moïse devant le buisson ardent ; de la Majesté de Dieu ; de l’Adoration de Dieu ; d’une invitation à la Confiance en Dieu (« Ne crains pas, sois sans crainte » (Is 41, 10 – Mc 5, 36 – Lc 8, 50 – Mt 14, 27) ; d’une disposition d’Amour intérieur de Dieu.

Le second niveau est plus profond que le précédent, car il s’agit de l’Abaissement de Dieu face à l’humanité. Le mouvement est donc descendant dans la mesure où il y a un renversement qui relève du l’ordre du mystère. Car, quel dieu parmi la panoplie proposée à nos contemporains s’abaisse ainsi comme le Dieu de Jésus-Christ devant l’humanité ? Qui est donc Dieu pour nous aimer ainsi et prendre notre condition humaine en toute chose excepté le péché ? Saint Jean nous dit qu’un tel Dieu est Amour et cela est manifesté en la personne même de Jésus-Christ (1 Jn 4, 9). L’Amour de Dieu a donc un visage, celui du Christ mort et ressuscité pour que nous fassions l’expérience éternelle de Dieu, c’est-à-dire de l’Amour à sa source. Alors que l’amour humain est chancelant, , instable, etc., celui de Dieu est stable, solide et permanent. Ainsi, en nous aimant les uns les autres (1 Jn 4, 7), nous laissons le Christ se manifester en nous, travailler à notre déification afin que nous puissions connaître ou faire l’expérience de l’amour de Dieu.

Le troisième niveau est de l’ordre de l’Intimité de Dieu, du dévoilement d’un secret, de la connaissance réciproque. Le Christ fait de ses disciples, de nous, ses Amis et par le fait même, il brise une distance, celle entre un maître et ses serviteurs (Jn 15, 15). Ce faisant, Il nous révèle son Père, particulièrement la relation qui les unit. Le Christ nous place au même niveau d’intimité que Lui et son Père. Il nous oriente vers la même direction que Lui vis-à-vis de son Père. Il s’agit là d’une forme d’osmose dans la relation de foi, d’une interpénétration, d’une compénétration, etc. On peut voir dans ces propos du Christ rapportés par l’auteur de l’Évangéle selon saint Jean une invitation à vivre la foi chrétienne comme une « amitié » avec Dieu. En effet, il y a un passage, celle d’une relation comprise comme « Crainte de Dieu » ou Révérence à son égard à celle de son abaissement ou du dévoilement de son « Amour » conduisant à une « relation d’amitié » ou de réciprocité. Ce dernier stade est le fruit d’un cheminement de vie chrétienne que nous sommes appelés à vivre afin de l’appliquer dans nos relations interpersonnelles, dans nos rapports avec le monde vers qui nous sommes envoyés : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure […] Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. » (Jn 15, 16-17) Voilà comment nous sommes appelés, chrétiennes et chrétiens, à être les uns envers les autres, mais aussi avec le monde vers qui nous sommes envoyés annoncer la Bonne Nouvelle du Salut en Jésus-Christ mort et ressuscité. Voilà comment nous sommes appelés à nous situer dans nos rapports, dans nos relations, dans la mission de l’Église envers les croyants et les non-croyants ; envers tous les peuples, races, langues et nations : relation de réciprocité.

Il n’y a pas de réelle évangélisation possible aujourd’hui qui ne soit précédée d’une expérience personnelle et communautaire de la relation de foi et d’amitié avec Dieu. Autrement dit, une condition essentielle pour toute annonce crédible de l’Évangile au Nom de Jésus-Christ mort et ressuscité aujourd’hui est le développement d’une l’amitié avec celles et ceux vers qui nous sommes envoyés. Cette amitié, cet amour réciproque portera beaucoup de fruits parce qu’elle est avant tout encrée dans la relation de foi et d’amitié avec Dieu.

© Ab. Léandre Syrieix.


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