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Ez 34, 11-12.15-17 – Ps 22(23) – 1 Co 15, 20-26.28 – Mt 25, 31-46
Dimanche du Christ Roi de l’univers (A)
Pour les royalistes, la monarchie représente une certaine stabilité dans la mesure où c’est indépendant de tout pouvoir politique et se place au-dessus de l’État. Dans toutes les monarchies, le pouvoir se transmet de manière héréditaire, quelles que soient les aptitudes à gouverner de la personne présumée au trône. Voilà un élément fâcheux pour les non-royalistes qui voient dans la monarchie quelque chose d’archaïque dans la mesure où « le dernier des imbéciles » peut-être sur le trône. Dans un tel contexte, particulièrement aujourd’hui, « Sa Majesté » représente un non-sens pour un bon nombre de personnes. Pourtant, presque 1,5 milliard de personnes dans le monde trouvent beaucoup de sens sans la monarchie, mais pas dans n’importe laquelle.
La royauté dont ces dernières se réclament n’a aucun sens aux yeux du monde, car il ne s’agit pas d’une monarchie constitutionnelle ou absolue. Mais plutôt d’une monarchie où il n’est guère question de pouvoir voir d’argent comme au sein de la plupart des royaumes actuels ; où il n’est point question d’hérédité ou de noblesse, encore moins de systèmes autoritaires où certains seraient à la merci des autres. Dans cette monarchie insensée, c’est tout le Peuple, reconnaissant la place de « Sa Majesté », qui devient héritier du royaume. Aujourd’hui, ce royaume insensé aux yeux du monde trouve sa force dans la personne de « Sa Majesté » ainsi que de tous ceux et celles qui, à sa suite, adoptent plusieurs attitudes dans leurs vies personnelles et collectives dont s’occuper des uns ; veiller sur les autres, délivrer, nourrir, apporter le repos, chercher les égarer, panser les blessés, guérir, protéger… (Ez 34, 11-12.15-17).
Dans un tel royaume insensé et hors du commun, chaque membre est prêt à donner sa vie pour « Sa Majesté », à tout risquer, à paraître déséquilibré dans la conception actuelle, parce qu’elle (« Sa Majesté ») lui procure repos, tranquillité, vitalité, guidance, présence, guidance et assurance, restauration, protection, bienveillance… (Ps 22) Un tel monarque ne saurait rallier la majorité ou susciter l’admiration d’un bon nombre de personnes dans la logique du troisième millénaire où le droit de l’individu et la prétention du savoir au nom de la liberté sous toutes ses formes sont à la mode. Pourtant, c’est dans une telle monarchie que 18 % de la population mondiale se reconnaît et trouve un sens dans sa vie.
En effet, plus d’un milliard de la population mondiale est assuré que ce royaume insensé auquel il croit est accessible à quiconque en devient héritier ; c’est-à-dire à quiconque fait obédience à « Sa Majesté » dont la royauté se résume en l’abnégation ; à la folie entendue comme l’attitude de la personne qui va à l’encontre des conventions. Il est ici question d’un monarque dont le pouvoir réel et absolu consiste à nourrir les personnes qui ont faim ; à abreuver celles qui ont soif ; à accueillir les étrangers ; à habiller les personnes nues ; à visiter celles qui sont malades ; à aller vers les gens en prison (Mt 25, 35-36).
Là où plusieurs voient une aberration, d’autres trouvent un sens au prix de leurs vies ; au prix d’être rejetés par les leurs et par le monde ; au prix de subir les moqueries de tout genre et d’assumer plusieurs étiquettes. La monarchie à laquelle ils croient est celle où « Sa Majesté » ne donne pas la mort à ses sujets comme dans biens de systèmes démocratiques contemporains ou monarchiques, mais leur garantie plutôt une « vie éternelle », celle qui a le dernier mor sur la mort (1 Co 15, 26). Voilà une affirmation ou une position qui fait réagir les « sensés », qui les provoque et les conforte davantage dans leurs positions ou leurs conceptions du monde.
« Sa Majesté », bien qu’insensée aux yeux du monde actuel offre à quiconque le désire, l’opportunité d’être héritier ou héritière de son royaume. D’un royaume où l’autre, le prochain, plus particulièrement le plus petit incarne « Sa Majesté » en personne. Voilà le sens de la solennité du Christ Roi de l’univers. Voici ce que soulignent de nombreux chrétiens catholiques dans le monde à travers la fête du Roi des rois ; du Souverain des souverains ; du Maître des maîtres ; du Seigneur des seigneurs. Voilà la folie de la foi chrétienne, c’est-à-dire l’abandon libre et volontaire de sa vie entre les mains et en la volonté d’un monarque dont les paroles sont vérité et dont la loi est délivrance (Ps 18) ; d’un monarque qui a vaincu à jamais la mort afin que ses héritiers et héritières aient la vie en plénitude.
© Léandre Syrieix.
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