« Marcher sur les eaux » : utopie ou réalité ?

[:fr]Crédit : Hans Gomez[:]

1 R 19, 9a.11-13a – Ps 84 (85) – Rm 9, 1-5 – Mt 14, 22-33 : 19e dimanche du Temps Ordinaire (A) 

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Si vous marchez sur les eaux, le monde dira que vous êtes sorcier, vous ferez l’objet de plusieurs couvertures médiatiques et de recherches scientifiques. Si vous marchez sur les eaux, certaines personnes vous craindront, car elles auront peur de vous tandis que d’autres iront à vous par curiosité sans croire. Pire encore, si vous marchez sur les eaux et affirmez que c’est à cause de votre foi en Dieu, les gens diront que vous êtes fou ou encore, que vous êtes supporté par le diable. Cela créera la polémique, la division, la consternation. Mais, des questions demeurent : marcher sur les eaux est une utopie ou une réalité ? Est-ce possible ? Si oui, pourquoi ?

Nous sommes souvent déroutés dans nos conceptions de Dieu, dans nos théories sur Dieu, sur le sens concret de la spiritualité chrétienne. Car, nous réduisons les choses de la foi et de la spiritualité à du sensationnalisme. En ce sens, nous entendons beaucoup de personnes dire : je ne sens pas Dieu dans ma vie ; je ne sens pas Dieu quand je prie ; je n’ai pas la foi ou encore ma foi n’est pas ardente… Dieu ne se révèle pas au monde, à Élie, comme le Dieu de l’ouragan, des tremblements, du feu, mais celui qui se manifeste dans la brise légère, dans la banalité de nos quotidiens. C’est ce Dieu qui se révèle chaque jour au cœur du monde, mais que beaucoup ne perçoivent pas à cause de la tempête dans leur vie, des difficultés intenses au cœur de leurs réalités quotidiennes.

L’ignorance que le monde actuel a de Dieu dit sa soif de Dieu ; le rejet que le monde actuel manifeste à l’égard de Dieu dit son besoin de Dieu. Mais, le monde n’a plus appris l’invisible ; le monde n’a plus appris le mystère et veut voir, sentir, goûter, toucher, demeurer superficiel au lieu d’aller dans les profondeurs des mystères même de Dieu en s’abandonnant. Le monde est totalement perdu dans sa quête, car il veut en même temps quelque chose et son contraire. Les hommes et les femmes de ce temps veulent voir Dieu ; ils ont soif de sensations, mais devant l’inexplicable, ils reculent, ils doutent et ils condamnent.

En ce sens, si vous marchez sur les eaux, le monde vous craindra et dira que vous êtes « compliqué ». Quand vous passez à travers les eaux profondes sans vous enfoncer, quand vous vainquez les adversités dans vos vies en vous appuyant sur le Seigneur par votre foi, le monde dira que vous pratiquez ou pactisez avec le diable. Alors, pour bien de personnes, « marcher sur les eaux » devient une utopie parce qu’elles n’ont pas appris l’invisible, l’insaisissable, l’inconnaissable, c’est-à-dire Dieu. Pour les chrétiens et chrétiennes, « marcher sur les eaux » est une réalité quotidienne parce qu’ils ne laissent pas la force du vent les épreuves les violences et les agressions des tentations prendre le dessus. Ils ont en permanence les yeux fixés sur le Christ et sur rien d’autre ni sur personne d’autre.

Voilà pourquoi notre responsabilité, comme chrétiens et chrétiennes, au cœur du monde, est d’avoir, comme Saint Paul, le cœur rempli de grande tristesse et de douleur incessante devant nos frères et sœurs qui ne croient pas, qui rejettent Dieu alors qu’ils ont reçu l’adoption filiale en Jésus-Christ mort et ressuscité. Cette attitude compatissante doit donc purifier notre regard sur le monde afin de l’aimer et non pas de le condamner ; afin de prier pour lui et de témoigner de notre appartenance au Christ par notre proximité, par notre style de vie. Car, la vie chrétienne est un style ; être Chrétien catholique est un style qui doit être perceptible ; qui ne doit pas passer inaperçu, qui doit même déranger, voire, provoquer dans le but de conduire au Christ mort et ressuscité ; et non pas à un concept monté de toute pièce à notre convenance.

Ainsi, le chant du psalmiste pourra être la prière de toute personne qui choisit la vie chrétienne comme style : « Fais-nous voir Seigneur ton amour et donne-nous ton salut. » En ce sens, nous pourrons témoigner au cœur du monde de cet amour de Dieu, de son salut qui est concret et non pas une idée. Alors, nous pourrons être à l’écoute du Seigneur au cœur des tempêtes de nos vies, dans le silence ou le murmure de la brise légère où Dieu se manifeste. Ainsi, les pas du Seigneur traceront notre chemin au cœur de ce monde.

© Ab. Léandre Syrieix.

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