Des veuves inspirantes

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1 R 17, 10-16 – Ps 145 (146) – He 9, 24-28 – Mc 12, 41-44 – Messe 32e dimanche Tps. Ord. (B)

 

L’Ancien et le Nouveau Testament nous présentent deux veuves qui ont en commun la foi, la générosité et qui viennent de deux univers totalement distincts. La première est en territoire païen, Sarepta, tandis que la seconde est en terre d’Israël, Jérusalem. Or le Seigneur passe par l’histoire de vie de ces deux femmes pour nous montrer sa fidélité envers l’humanité et pour nous indiquer une manière parmi tant d’autres de marcher à sa suite comme croyants et croyantes : donner et recevoir.

Dans la Bible, la veuve est une personne sans défense. Lorsqu’elle n’est pas remariée, elle demeure dans la pauvreté, et c’est le cas de la veuve de Sarepta qui a en plus un enfant à sa charge. Celle-ci est caractérisée par son obéissance à Élie, prophète du Seigneur qu’elle reconnaît en ces termes : « [le] Seigneur ton Dieu ». Or, Sarepta est en territoire païen, ce qui suppose que cette veuve l’est aussi alors qu’elle reconnaît celui qui vient au nom du Seigneur. C’est le signe qu’il est le Dieu de toutes les nations. Par ailleurs, le Seigneur, par l’intermédiaire d’Élie, semble exigeant comme on peut le voir à travers ses demandes : « Veux-tu me puiser de l’eau… Apporte-moi aussi un morceau de pain… Mais d’abord cuis-moi une petite galette et apporte-la-moi… ». En même temps, il l’invite à la confiance : « N’aie pas peur ». Qui de nous, dans une situation aussi précaire que celle de la veuve de Sarepta se sacrifierait ainsi que son enfant pour un « étranger », pour un passant ? Malgré cela, elle s’est désappropriée de tout ce qui lui restait avec son fils pour vivre ; elle a fait confiance et s’est faite obéissante.

Remarquons qu’elle a donné parce que le Seigneur, par Élie, avait promis : « Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra ». Elle n’a donc pas attendu l’accomplissement de la promesse de Dieu, mais elle a fait confiance parce qu’il est fidèle : « pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger ». C’est une Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui. Dieu est fidèle en ses promesses et nous invite à lui faire confiance, quelles qu’en soient la situation, les épreuves de la vie[1]. Pour recevoir du Seigneur, la veuve de Sarepta a d’abord donné, en toute confiance. Voilà une attitude de toute personne croyante : penser à la part de Dieu ; lui donner avant de recevoir. Saint Paul dans sa lettre aux Hébreux nous présente le Christ comme modèle en nous montrant que le geste de « donner » précède celui de « recevoir ». En effet, il évoque l’offrande du Christ, son unique sacrifice pour notre rédemption. Dieu le premier nous a donné ce qu’il avait de plus cher à ses yeux, la meilleure part : son Fils. De fait, il nous donne avant d’espérer recevoir. Qu’avons-nous donc à lui donner ?

La veuve au Temple a, quant à elle, « tout donné ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » Ce récit de l’Évangile selon saint Marc nous présente une double invitation. La première nous rappelle l’importance de donner la part de Dieu, celle du Temple, celle de l’Église surtout dans le contexte actuel où beaucoup ne voient plus l’utilité de contribuer à la vie de nos églises à travers par exemple la capitation, la dîme, les offrandes, etc. Lorsque nous demandons au Seigneur, directement (par nos prières) ou indirectement (par le biais de l’Église), songeons-nous, comme la veuve de Sarepta, à donner avant de recevoir ? La seconde invitation consiste à donner, comme la veuve au Temple, non pas notre superflu, mais ce qui nous est précieux, tout ce que nous possédons. Bien sûr il s’agit de donner sans compter ce qui est à notre mesure et non pas ce dont nous n’avons plus besoin. Autrement dit, pensons à la part de Dieu en premier et ne lui donnons pas uniquement nos restes. Par exemple, nous pouvons décider de consacrer du temps à Dieu dans la prière, dans l’implication bénévole à l’église, dans notre cartier, etc., parce qu’il a la priorité et non pas parce qu’il nous reste un peu de temps dans nos agendas déjà bien remplis.

Le Seigneur souhaite que nous donnions avant de recevoir : « Donnez, et l’on vous donnera » (Lc 6, 38). Il ne veut pas que nous soyons uniquement des quémandeurs, mais il veut sa part. Ainsi, « donner » et « recevoir » sont indissociables. Le Christ n’a pas d’abord « demandé » à l’humanité, mais le premier, il a offert sa vie pour notre salut. Que sommes-nous prêts à lui donner aujourd’hui et maintenant ? Lorsque le Seigneur nous demande en retour, il n’attend pas notre superflu ou nos restes, mais notre meilleure part. Les deux veuves, dans la simplicité du cœur, ont donné tout ce qu’elles avaient pour vivre dans l’abandon et dans une totale confiance. Par ailleurs, Marie devant la promesse du Seigneur n’a pas eu peur de lui offrir la meilleure part, sa virginité, son temple, sa réputation, etc., avec tous les risques que cela avait en son temps, car il est un Dieu fidèle. Elle a fait confiance et a tout reçu de Dieu. Demandons-lui cette attitude.

© Léandre Syrieix.

[1] La fidélité du Seigneur est un motif suffisant pour nous de chanter avec le Psalmiste sa louange parce qu’il donne le pain […], soutient la veuve et l’orphelin […]. (Ps 145)

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