« Nous voulons voir Dieu »


Dt 15, 5-12.17-18 – Ps 26 (27) – Ph 3, 17 – 4, 1 – Lc 9, 28b-36 – 2ième dimanche Carême (C)

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Voilà l’aspiration de toute personne chrétienne aujourd’hui, en ces temps où Dieu ne se montre plus ni ne se manifeste comme jadis tel que nous avons connaissance dans les Écritures, notamment selon l’expérience de plusieurs personnalités publiques comme Loth, Abraham, Moïse Élie, etc. « Voir » et « Croire » sont deux actions indissociables de la vie chrétienne aujourd’hui dans la mesure où lune provoque l’autre ou encore et sa conséquence. Pourtant, affirmer aujourd’hui voir Dieu peut paraître de la pure folie, de la provocation, du blasphème. Mais, est-ce mal de vouloir voir Dieu ? Comment avoir Dieu ?

Le Seigneur, de tout temps, et de bien de manières, a communiqué avec l’humanité et continue à le faire aujourd’hui. Il a notamment parlé à Abraham dans une vision. Ce terme, vision, renvoie à la perception des réalités surnaturelles. C’est également l’action de voir en esprit. Voilà comment ou par quels moyens Yaweh révèle des choses à son serviteur. Cette vision est suivie chez Abraham par un mystérieux sommeil. Le Seigneur n’agit de la sorte qu’avec le juste ; qu’avec son serviteur ; qu’avec quiconque le craint. Il entre ainsi en relation avec l’humanité par un moyen qu’il juge opportun et approprié parce qu’il est Saint. Cela suppose donc de nous une disposition tant intérieure qu’extérieure.

Saint-Paul aborde cet aspect en nous interpellant, en nous invitant à prendre pour modèles celles et ceux qui ont une bonne conduite : des témoins. Alors que certains se conduisent en ennemis de la croix du Christ, nous, nous sommes appelés à être des amis de la croix du Christ, à l’embrasser avec foi et espérance, car c’est par cette croix que nous pouvons, comme lui, entrer ou participer à sa gloire. Autrement dit, c’est par la croix que nous pourrons entrer dans la vie bien heureuse, éternelle en présence du Père. Voir Dieu est la finalité de la vie chrétienne, non seulement, le voir face à face, mais aussi demeurer en sa présence. Voilà l’aspiration qui doit être celle de toute personne chrétienne et cela passe par le baiser de la croix. Embrasser cette croix fait partie de notre vocation, de notre ADN de notre identité chrétienne. Pourtant, ce n’est pas facile au quotidien dans le contexte actuel, avec toutes les transformations sociales et du monde. Pour y parvenir quotidiennement, le Christ nous montre un moyen sûr : la prière.

En effet, c’est pendant qu’il priait que le Christ fut transfiguré qu’il fut confirmé dans son identité de fils de Dieu et de sauveur à travers sa passion à venir. Cependant, il est triste de constater que l’action missionnaire de l’Église soit de plus en plus entreprise par des chrétiens et des chrétiennes comme une performance humaine et ne soit pas du tout anticipée ni préparée dans la prière comme le Christ. La prière est ce lieu où Dieu se révèle à nous, c’est là que nous pouvons le voir face à face salon sa volonté. C’est le lieu où il nous prépare, où il lève de nos yeux le voile qui nous empêche de le percevoir dans nos frères et dans nos sœurs à travers la banalité de nos quotidiens. C’est le lieu où il nous confirme notre identité de fils et de filles bien-aimés du Père ; celle de frères et de sœurs de Jésus-Christ ; celle de collaborateur et de collaboratrice de l’Esprit-Saint. Si nous voulons voir Dieu, nous ne pouvons faire fi de la prière qui nous y prépare.

« Nous voulons voir Dieu », voilà l’aspiration du Peuple de Dieu. C’est à cela que nous tendons comme Église ou comme membres du corps du Christ ; car c’est le but de la mort et de la résurrection du Christ. Dieu se laisse voir dès ici-bas en vue d’anticiper notre face-à-face avec lui ; afin de nous préparer pour entrer dans sa gloire. Mais, cela n’est guère possible sans le passage obligé de la croix comme son Fils unique. Nous sommes ainsi appelés, au nom de notre foi en Jésus-Christ, à embrasser sa croix, à porter nos croix quotidiennes dans la prière puisque c’est en ce lieu qu’il nous confirme, tel à la Transfiguration, notre identité de fils et de filles de Dieu. C’est là qu’il nous confirme dans notre émission d’annonce de la Bonne Nouvelle du salut à tout le genre humain afin que nous puissions vivre ensemble de sa charité.

© Ab. Léandre Syrieix.

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