Les clés du bonheur

Ap 7, 2-4.9-14 – Ps 23(24) – 1 Jn 3, 1-3 – Mt 5, 1-12

Dimanche 1er novembre : Tous les saints

Tout être humain aspire au bonheur pourtant le christianisme propose à quiconque veut embrasser la foi chrétienne l’amour de la croix. Voilà un aspect qui, à première vue, paraît paradoxal, car la croix est synonyme de souffrance, de douleur et constitue même une sorte d’opposition au bonheur auquel aspire tout individu.

Le Christ, dans son discours inaugural en Matthieu, nous propose les béatitudes comme des valeurs à intégrer dans nos vies afin d’être véritablement ses disciples. Autrement dit, il nous propose un programme de vie, une « mode de vie chrétienne » pour trouver le vrai bonheur, le bonheur qui n’a pas de fin. Le programme en question constitue les clés du bonheur et sont au nombre de neuf : la pauvreté du cœur, la compassion, la douceur, la fin et la soif de justice, la miséricorde, la pureté du cœur, le pacifisme, l’acceptation de la persécution pour la justice et l’accueil des insultes à cause du Christ. S’engager dans un tel programme de vie pourrait paraître sadomasochiste ou doloriste, mais il n’en est rien de tel. De fait, voir dans le bonheur une forme de jouissance telle que proposée de nos jours sous diverses formes dans nos sociétés, biaise le sens profond même des béatitudes comme clés de bonheur. De fait, le Christ nous propose les béatitudes comme une voie à emprunter ; comme un chemin de vie qui exige une liberté totale.

Les saints que nous prions dévotement, que nous célébrons dans la vie de l’Église, en particulier en la solennité de la Toussaint ont emprunté ce chemin de vie chrétienne proposé par le Christ dans une liberté totale. Ils se sont faits serviteurs de Dieu et leurs fronts ont été marqués du seau (Ap 7, 4). En effet, les saints ont su intégrer les béatitudes dans leurs vies de manière concrète. Ils ont opté pour le radicalisme de la croix, acceptant les insultes et les fausses accusations à cause du Christ ; endurant les persécutions à cause de leur foi, etc. À travers leur exemple, à la suite du Christ, nous sommes appelés à la sainteté comme vocation chrétienne. Ainsi, en intégrant dans nos vies les béatitudes comme chemin de vie, nous empruntons la quête de la sainteté, car nous en sommes tous concernés : toutes les nations, tribus, peuples et langues (Ap 7, 9) sans distinction.

Par notre baptême, nous sommes devenus enfants de Dieu (1 Jn 3, 2), frères et sœurs de Jésus-Christ, collaborateurs et collaboratrices de l’Esprit-Saint. Ce chemin de vie chrétienne, cette mise en pratique des clés du bonheur dans nos quotidiens, cette recherche permanente de la sainteté est possible si, à la manière des saints et des saintes, nous mettons en Christ notre Espérance (1 Jn 3, 4). De fait, Lui seul suffit, car à chaque fois que nous mettrons notre espérance dans les choses éphémères de ce monde, nous serons assurément déçus. Cette espérance en Christ, nous ne devons pas laisser les épreuves du quotidien nous la voler ni les séductions du monde. Voilà ce que nous révèle la vie de nombreuses saintes et saints que l’Église nous propose comme exemple pour stimuler notre foi, pour nous encourager et nous fortifier sur ce chemin de vie chrétienne. Où en sommes-nous dans notre chemin vers la sainteté ? Sommes-nous étrangers à cet appel pressent du Seigneur à rechercher la sainteté de vie chrétienne ? Quels sont les moyens concrets que nous nous donnons pour y parvenir ? Le bonheur auquel le Christ nous convie, c’est-à-dire la sainteté, est possible si nous osons appliquer les neuf éléments qu’il nous propose dans nos vies et de manière libre.

L’état actuel de nos sociétés (crises économiques, crises identitaires, crises politiques, etc.), les injustices et la pauvreté sous toutes ses formes, les inégalités diverses, le manque de fraternité notable dans nos quotidiens, l’atteinte à la dignité humaine, la blasphème envers Dieu dans toutes ses représentations actuelles, etc., sont autant de signes que l’humanité n’aime pas assez ; que nous ne recherchons pas la sainteté au quotidien à travers l’esprit des béatitudes proposé par le Christ ! La sainteté du monde ainsi que sa conversion et sa transformation dépendent de chacun de nous, des petits pas que nous déciderons de faire dans ce chemin de sainteté, dans ce programme de vie chrétienne.

Célébrons les saintes et les saints de l’Église avec la ferme espérance ainsi que la conviction qu’un jour, nous aussi, nous serons marqués du sceau et ferons partie de cette foule immense et innombrable, de cette foule des nations, tribus et peuples qui se tiendront devant le Trône et devant l’Agneau (Ap 7, 9) tel qu’il l’a promise et manifesté par sa mort et sa résurrection.

© Léandre Syrieix.