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Gn 14, 18-20 – Ps 109 (110) – 1 Co 11, 23-26 – Lc 9, 11b-17 : Saint-Sacrement du Corps et du Sand du Christ (C)
Un musulman et un juif, tous deux convertis à la foi chrétienne catholique, affirmaient qu’il soit dommage de constater comment les chrétiens catholiques ne mesurent pas le trésor de l’Eucharistie en leur possession. En effet, bien souvent, l’Eucharistie est banalisée soit par ignorance, soit par accoutumance. Pourtant, c’est selon le concile Vatican II, la source et le sommet de la vie du Peuple de Dieu, de l’Église. L’Eucharistie puise sa raison d’être dans toute l’Écriture et comble toute personne humaine qui la reçoit, la fréquente et vit d’elle. Mais comment ?
Il est clairement indiqué dans l’Évangile de Luc que le Seigneur, à partir de rien, de peu, nourrit une foule importante de personnes estimée à environ 5000. Il ne s’agit pas de donner le nécessaire vital pour la survie ou la route à la foule, mais de la rassasier, de combler sa faim. Toutefois, il est important de ne pas dissocier ce qui se passe avant le miracle de la multiplication. En effet, le Christ annonce d’abord le règne de Dieu, puis il guérit. Autrement dit, avant de combler de nourriture, il comble de cœur humain par sa Parole. Il comble de corps physique et couronne le tout par la nourriture spirituelle, celle du miracle. On verra plus tard chez Luc que la foule cherche le Christ parce qu’elle était rassasiée physiquement, mais n’a pas saisi toute la portée spirituelle de cette nourriture.
Le Christ rassasie par l’Eucharistie à partir d’un miracle qu’il opère dans l’acte de foi en son Père. Cela doit nous questionner dans notre rapport personnel communautaire avec l’Eucharistie : croyons-nous au miracle eucharistique ? croyons-nous qu’il rassasie de toute faim sans exception ? Quand nous mangeons le pain eucharistique, sommes-nous rassasiés ? La réponse à ces questions nécessite sans doute que nous nous questionnions déjà sur nos faims : quelles sont nos faims ? De quoi avons-nous faim ?
Communier au corps et au sang du Christ n’est pas juste un acte de manducation, mais c’est surtout un acte de foi. Saint Paul nous révèle que c’est une proclamation de la mort et résurrection du Christ. Mais aussi, une proclamation de son retour, c’est-à-dire de l’espérance chrétienne. Voilà donc un geste que nous posons à chaque eucharistie, mais sommes-nous conscients de sa portée, de sa grandeur, de sa largeur, de sa profondeur ? L’Eucharistie rassasie la foi et l’espérance en ce sens qu’elle comble, elle nourrit et augmente notre confiance tout en entretenant notre espérance chrétienne. Il ne faut donc pas voir le rassasiement seulement au niveau du ventre, mais surtout au niveau spirituel ; au niveau de la pratique religieuse.
L’Eucharistie nous comble, nous rassasie de bénédictions à bien des égards : d’abord par la présence réelle du Christ dans sa Parole proclamée et reçue, ensuite dans les saintes espèces, puis dans la bénédiction du prêtre au moment de l’envoi. C’est un ensemble qui se tient, un tout. Mais, qu’il est triste de voir que nous dissocions l’Eucharistie de la bénédiction et de la dîme et choisissons la part qui nous convient : distraction durant la liturgie de la Parole ; sortie de la messe avant la bénédiction finale, etc. L’Eucharistie nous rassasie de charité. Du moins, elle est supposée susciter cet élan en nous de bien de manières. Cette charité fraternelle est appelée à être vécue à travers la cohérence entre l’Eucharistie et l’accueil mutuel. De plus, cette charité réfère aux dons du Peuple de Dieu pour soutenir son Église, la communauté chrétienne, à travers la dîme.
La célébration du Saint-Sacrement du corps et du sang du Christ nous rappelle le trésor que l’Église, par ordre du Seigneur, nous donne : l’Eucharistie rassasie. En effet, elle comble du point de vue spirituel ; car elle est la nourriture pour la route, pour la mission. L’Eucharistie comble notre foi en Christ mort et ressuscité tout en nourrissant notre espérance chrétienne. De plus, l’Eucharistie nous comble de bénédiction dans toutes les sphères de notre vie tout en nous comblant de charité pour que nous soyons véritablement « communion », un seul corps, une seule coupe, celle du salut promis.
© Ab. Léandre Syrieix.
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