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Is 35, 1-6a.10 – Ps 145 (146) – Jc 5, 7-10 – Mt 11, 2-11 : 3ième dimanche de l’Avent (A)
La profusion de mauvaises nouvelles et les situations dramatiques qui remplissent nos quotidiens conduisent à ne plus oser montrer au grand jour notre Joie de peur de ne pas offenser celles et ceux qui, à côté de nous, sont tristes. Dans plusieurs situations, nous nous sentons même obligés de nous excuser d’être joyeux ou de nous réjouir. De plus, inviter des personnes chez nous pour des réjouissances est quasiment perçu comme un affront, comme de la vantardise ou une manière d’attirer l’attention sur nous. Pourquoi le fait d’être joyeux ou de montrer notre Joie semble être un problème aujourd’hui ?
Si le désert et la terre de la soif doivent se réjouir, pourquoi demeurerions-nous dans la tristesse ou l’inquiétude, voire la peur, et le découragement devant nos préoccupations actuelles ? Isaïe annonce un événement au cours duquel l’impossible humain deviendra possible pour Dieu. Cela doit donc nous questionner sur ce qui, selon nous, est présentement impossible. Isaïe propose la Joie (réjouissance) comme une manière de faire advenir l’impossible humain. Autrement dit, c’est l’Espérance en la réalisation des choses avenir et la Foi au Seigneur qui produisent en nous cette Joie. Habituellement, nous nous réjouissons ou nous manifestons notre Joie seulement après avoir reçu quelque chose. Pourtant, c’est le contraire qui nous est indiqué dans le livre du prophète Isaïe : réjouissons-nous avant de recevoir. Que c’est difficile ! Une telle attitude nous pousse à croire et à espérer. Sans cet ordre, nous demeurerons des chrétiens tristes, des hommes et des femmes identiques aux gens du monde, pourtant nous ne sommes pas du monde : nous sommes des marginaux.
Le psalmiste nous rappelle les raisons qui peuvent nous aider à demeurer dans la Foi et l’Espérance ; et donc à nous réjouir, à être dans la Joie. Le psalmiste nous rappelle que le Seigneur est juste ; il est le Dieu de l’impossible qui guérit de toute maladie, qui protège les marginalisés et qui règne à jamais.
Voilà pourquoi saint Jacques nous invite à la patience comme des cultivateurs attendant patiemment les fruits de leur travail, la récolte. La tristesse est ce qui assombrit l’âme humaine, la fait tomber dans la désespérance et la dépression spirituelle. Un chrétien triste n’est pas un témoin lumineux du Ressuscité, du Dieu vivant. Voilà pourquoi le monde voit dans les chrétiens joyeux au milieu des vicissitudes de ce temps le signe concret du Dieu à l’œuvre dans l’univers. Si le monde actuel voyait et rencontrait de nombreux chrétiens joyeux, beaucoup croiraient en lui et se convertiraient.
Toutefois, être dans le monde des hommes et des femmes remplis de Joie ne signifie pas que nous devons nous contenter d’être statiques ou passifs comme des pots de fleurs décoratifs se contentant de jubiler. Le Christ nous envoie au cœur du monde comme les disciples de Jean-Baptiste, c’est-à-dire à aller annoncer ce que nous entendons de lui et ce que nous voyons de lui. Cela suppose que le Christ continue à parler, à révéler. Surtout, cela suppose que nous devons être des hommes et des femmes d’écoute. Sans une telle disposition, qu’allons-nous annoncer ? Pour écouter, nous avons besoin de nous arrêter et de nous taire. Le Christ nous parle dans sa Parole et par la parole de l’autre. Comment donc l’y écouter si nous n’entrons pas en relation avec l’autre ; si nous avons peur de l’autre ou si nous le méprisons ?
Pour aller dans le monde annoncer ce que nous voyons, cela suppose que nous apprenions à contempler le monde : la création nos frères et nos sœurs. Cela suppose que nous osions regarder les autres non pas pour les juger, mais pour percevoir comment le Seigneur se manifeste en nous à travers eux. Le monde a besoin de voir des chrétiens joyeux comme le signe du Dieu vivant et à l’œuvre dans l’univers. Cette Joie naitra de notre relation avec le Christ, de l’écoute de sa voix à travers sa Parole et les battements de cœur du monde ; de sa contemplation à travers les autres. Nous verrons alors à travers lui la révélation du Seigneur qui procure une Joie véritable.
L’Esperance chrétienne s’exprime à travers la Joie. Autrement dit, la Joie est le signe de l’Espérance que tout chrétien est appelé à manifester au monde. Voilà pourquoi nous ne devons pas nous laisser voler notre Joie ; car nous laisser voler cette Joie c’est nous laisser voler notre Espérance. Nous sommes appelés à être, comme chrétiens, des hommes et des femmes qui font advenir les promesses du Christ au cœur du monde à travers la Joie. Une Joie qui jaillit de l’attention au monde, de l’écoute de la Parole de Dieu dans l’Écriture et à travers la parole humaine. Une Joie qui vient de la contemplation du monde où se révèle le visage resplendissant du Seigneur ; où l’humain n’est pas enfermé dans son passé ou ses erreurs, mais perçu comme le reflet du Ressuscité.
© Ab. Léandre Syrieix.
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