Ô Nuit !

Photo : Leander Syrieix

Ô Nuit très calme qui me plonge dans le silence précédant les tribulations de la Passion.

Ô Nuit qui m’immerge dans l’attente, dans l’inconnu et dans l’Espérance.

La peur du mystère de la Passion me saisit.

L’appréhension de l’ampleur de la Passion m’habite.

Ô Nuit, tu m’introduis au cœur de l’intimité trinitaire, dans la relation qui unit le Père, le Fils et l’Esprit.

Au cœur de cette Nuit, tu me découvres, Seigneur, ta présence.

Tu es là, dans le Saint-Sacrement de ton Amour, silencieux et désireux de parler à mon cœur.

Tu es là, silencieux, me regardant tandis que je te regarde.

Je plonge mon regard dans l’immensité de ton Amour.

Je dispose tout mon être pour m’unir à toi en cette Nuit différente des autres, en cette Nuit d’abandon.

J’ai mille raisons de détourner mon regard de ta face, car le calme enchantement de ton mystère est propice à l’évasion au cœur de mes pensées. Pourtant, je suis saisi dans tout mon être.

Ô Nuit, à mesure que tu t’avances pour laisser place au jour, croît au cœur de mon cœur un plus grand désir d’union au Père, au Fils et au Saint-Esprit.

Ta prière, Seigneur, pour l’unité occupe mon esprit et je désire tant m’unir davantage à mes frères et sœurs présents, mais surtout à celles et à ceux qui sont absents.

Ô Nuit, à mesure que tu t’avances, je ressens le désire, de plus en plus immense, de m’unir aux souffrances de mes frères et sœurs malades, agonisants, isolés, abandonnés, oubliés, loin de chez eux, etc.

Je sens mon impuissance, Seigneur, et te demande d’être toi-même ma force et mon roc.

Je désire tant…, mais je demeure simplement là, en ta présence et sous ton regard.

Tu me regardes, je te regarde, nous veillons.

Ô Nuit, le calme enchantement de ton mystère fait de moi un veilleur, mais plus encore un veilleur dans la ville, un veilleur au cœur du monde.

Je suis simplement là, en présence. J’ai tant de choses à te dire et tant de choses à te demander, mais je suis simplement là, silencieux, car se fait entendre le murmure de la Passion, l’appréhension de la douleur et de la souffrance, les cris de la flagellation.

Je m’unis à toi dans le silence de cette Nuit, mais je sens mon impuissance. C’est pourquoi je laisse mon regard tourné vers toi.

Ta présence dans cet admirable Sacrement me rassure pour la suite, m’apaise et me procure une paix intérieure malgré la persistance du murmure de la Passion, malgré l’appel de la Croix.

Tu es là dans le Sacrement de ton Amour et je suis là en ta présence.

Ainsi soit-il !

© Léandre Syrieix.

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