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Alors qu’Ève répondait aux questions habiles du serpent, « le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait fait… » (Gn 3,1) et tomba dans son piège, la Vierge Marie, « cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (Lc 2, 19)
Alors qu’Ève prit connaissance de sa nudité, alors que la honte l’habitait (Gn 3, 7) et qu’elle perdu sa virginité en concevant un enfant mâle, Marie fut préservée dès sa conception et conserva sa Virginité après avoir donné au monde le Christ, le Fils Unique (Lc 1, 34-35) consubstantiel au Père.
Alors qu’Ève fut renvoyée du jardin d’Éden pour travailler la terre, « une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles, » (Ap 12, 1) c’est-à-dire la Vierge Marie d’après certaines interprétations et la Tradition, « … s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place, pour qu’elle y soit nourrie pendant mille deux cent soixante jours. » (Ap 12, 6)
Alors que Dieu « posta, à l’orient du jardin d’Éden, les Kéroubim, armés d’un glaive fulgurant, pour interdire l’accès de l’arbre de vie, » (Gn 3, 24) la Vierge Marie fut élevée auprès de son Fils, à la droite du Père par les anges du Seigneur.
Alors qu’Ève s’unit au premier homme et conçut Caïen (Gn 4, 1), Marie engendra le Verbe sous l’action de l’Esprit-Saint (Mt 1, 18).
Alors qu’Ève fut appelée la « Mère des vivants » (Gn 3, 20), la mère de tous les humains, la Nouvelle Ève, Marie, est quant à elle la « Mère des vivants », de la cité céleste, de tous ceux qui font la volonté du Père : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. » (Lc 8, 21)
Alors qu’Ève est retournée à la poussière puisqu’elle fut tirée du premier homme, lui-même façonné de la glaise, la Nouvelle Ève, la Mère du Sauveur est entrée dans la Gloire du Créateur.
Avec Marie, il n’y a pas seulement un avatar, c’est-à-dire une métamorphose de la première femme, d’Ève, dans l’histoire du salut, mais une création renouvelée dès l’incarnation et tout au long de la vie publique du Verbe, qui atteint son sommet par la croix avec la résurrection. Toute l’humanité est alors renouvelée tel qu’indiqué par la prophétie de l’Apocalypse : « […] ‘‘Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort n’existera plus ; et il n’y aura plus de pleurs, de cris, ni de tristesse ; car la première création aura disparu. ‘‘Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. Écris ces paroles : elles sont dignes de foi et véridiques’’ […] » (Ap 21, 4-5)
L’assomption de Marie est le pendant de la chute d’Ève, ainsi que la préfiguration de la destinée de toute personne professant la foi en Jésus-Christ Verbe de Dieu. En effet, « nous sommes citoyens des cieux, c’est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance qui le rend capable aussi de tout dominer. » (Phil 3, 20-21) Toutefois, Marie est la seule de toute l’humanité qui a trouvé grâce aux yeux de Dieu (Lc 1, 30) et est entrée dans sa gloire avec son corps et son âme telle qu’enseignée dans le dogme de l’Assomption proclamé par notre Mère Église.
L’Assomption est de fait plus qu’un avatar, plus qu’une métamorphose. Elle est un mystère, un silence sur les desseins du Créateur, une préfiguration de la vie intérieure et Bienheureuse en Dieu.
© Léandre Syrieix.
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