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Ac 1, 1-11 – Ps 46 (47) – 1 Jn 4, 7-10 – Mc 16, 15-20
Ascension du Seigneur (B)
Les femmes et les hommes ne sont pas voués à souffrir continuellement, sans répit ou sans fin voire à être constamment parterre. Au contraire, ils sont appelés à être debout, à s’élever. C’est en ce sens que le but de la vie humaine est en haut et non pas sur la terre ; cela consiste à s’élever et non pas d’être permanemment écrasé ; c’est d’élever les yeux, les mains, l’âme, tout l’être. C’est faire l’expérience de l’Ascension dans sa vie.
L’Ascension du Seigneur nous révèle que le Christ est élevé au ciel, qu’Il retourne d’où Il est sorti c’est-à-dire d’en-haut, du sein du Père. Après nous avoir ouvert la porte du ciel, de la vie éternelle par sa mort et résurrection, Il nous précède à présent auprès de son Père afin qu’à sa suite, nous soyons élevés. Toutefois, une étape préalable est à passer, à vivre, à expérimenter : recevoir la force de l’Esprit-Saint, être témoins du Ressuscité aux extrémités de la terre (Ac 1, 8). Voilà pourquoi nous n’avons pas à demeurer passifs, à rêver, à fixer notre regard vers le ciel sans rien faire. C’est ainsi que l’interrogation lancée aux Apôtres nous concerne toutes et tous, surtout individuellement : Pourquoi restes-tu là à regarder vers le ciel ? (Ac 1, 11).
Dieu s’élève parmi les ovations parce qu’Il est le Très-Haut. Voilà ce que nous sommes chargés, comme les Apôtres, d’annoncer à nos sœurs et à nos frères. Il est le Roi sur toute la terre (Ps 46, 3), pourtant ignoré ou délaissé par plusieurs parmi nous au profit de faux rois, de faux prophètes et dieux ; au profit de l’argent, du pouvoir, des marabouts, des voyants, des gourous, etc. Il n’y a que lui qui puisse te relever, qui puisse t’élever, qui puisse régner sur toute la terre (Ps 46, 8).
Le mot « élever » nous révèle davantage le sens concret de l’Ascension du Seigneur dans la vie humaine. En effet, il vient du latin elevare qui prend plusieurs significations. Cela veut dire lever, soulever, exhausser, ôter, enlever, soulager, alléger la douleur, amoindrir. Ainsi, s’élever revient à faire l’expérience personnelle d’un passage. Par exemple ôter de sa vie tout ce qui empêche d’aimer ou d’être en relation avec son prochain ; enlever les vêtements du « vieil Homme », c’est-à-dire se convertir ; alléger la douleur enfouie dans son cœur en acceptant de s’ouvrir et d’accueillir le Christ qui guérit de toute maladie physique, psychologique et spirituelle, etc. L’Ascension du Seigneur est donc une invitation personnelle à s’élever, à transformer sa vie.
Alors, tu seras élevé si tu réponds à ta vocation chrétienne avec humilité face à ton prochain indépendamment de ses origines, de ses croyances, de ses convictions, de son statut social, etc. Tu seras élevé si tu fais preuve de douceur et de patience même face à toute forme de violence dont tu peux en être ou sera victime. Tu seras élevé si tu supportes avec amour tes sœurs et tes frères que tu n’as pas choisis, même celles et ceux qui te haïssent, qui te rejettent, qui te jalousent, qui te font souffrir. Tu seras élevé si tu luttes pour maintenir l’unité et la paix dans ton cœur et autour de toi. (Ep 4, 2-3).
Tu seras élevé après avoir accompli la mission qui t’a été confiée : aller vers tes sœurs et tes frères de toute tribut, langue, peuple et nation proclamer l’Évangile à toute la création (Mc 16, 15). Cela t’oblige à vivre un passage, celui de la passivité à l’action ; celui de la tiédeur à la chaleur ; celui de la peur au courage ; celui du silence à la parole. Tu seras élevé si tu te mets en route, car ce n’est pas en demeurant là à prier, à crier, à récriminer contre tout ce qui va mal tant dans la société qu’au sein de l’Église, à te plaindre de ce que tu n’as pas ou de ce que tu aurais pu avoir, de ce que les autres auraient dû faire pour toi que tu seras élevé. Ce n’est pas en dormant ni en rêvant voire en vivant dans la nostalgie du passé ou encore dans un fantasme que tu seras élevé, mais c’est en te mettant au travail ; c’est en œuvrant à la vigne du Seigneur, en te mettant en route, en proclamant à tes sœurs et à tes frères un Christ à jamais vivant par qui l’humanité est rachetée, non pas uniquement par des paroles, mais aussi par la réalisation de ses œuvres en actes et en vérité que tu seras élevé.
L’Ascension du Seigneur n’est pas une belle histoire placée à la fin de l’Évangile selon Saint Luc et Saint Marc pour terminer le récit de la vie terrestre du Seigneur sur une note positive. Mais c’est un mystère qui nous implique, qui nous prépare à la rencontre avec le Seigneur auprès de son père, mais qui nous engage dès maintenant à œuvrer sans cesse pour que cela advienne à travers notre vie chrétienne ; notre conversion personnelle et communautaire ; tous les moyens entrepris pour nous élever, pour élever tout notre être dans l’Espérance chrétienne, la Foi en Jésus Christ mort et ressuscité ainsi que l’Amour du prochain.
© Ab. Léandre Syrieix.
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