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Le carême nous est proposé chaque année par notre Mère Église pour nous préparer à la grande fête de Pâques, fête de la résurrection de Notre Sauveur et la plus grande des fêtes chrétiennes. C’est donc un temps qui nous est proposé pour s’arrêter et choisir un chemin propice qui nous mènera tranquillement à Pâques. Cela dit, plusieurs moyens sont à notre portée pour vivre ce temps de préparation en fonction de nos capacités et d’autres nombreux critères.
La joie est l’un de ces chemins qui peut nous mener effacement vers cette grande fête de Pâques. Pourquoi afficher une triste mine pendant le carême alors que le chrétien durant tout le reste de l’année est une personne pleine de joie ? L’un des Évangiles souvent lus pendant l’ouverture du carême à la messe des cendres nous rappelle que nous devons vivre notre temps de carême dans la joie et non dans la tristesse : « Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent… Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage » (Mt 6, 16-17).
Considérons pendant le temps de carême que l’époux est toujours avec nous, il ne nous est pas encore enlevé. Soyons donc dans la joie et jubilons, car notre société a besoin de témoins joyeux, des hommes et des femmes qui vivent un carême de joie. C’est là un véritable témoignage de ce à quoi ressemble la vie à la suite du Christ.
Nous avons beaucoup à apprendre de nos frères aînés dans la foi, les juifs, à travers l’importance et la place de l’Action de grâces dans leur vie et leur quotidien. À chaque instant, ils bénissent le Seigneur pour ses merveilles et ses actions dans leur vie. Ils le louent, le magnifient. Ils se souviennent à tout moment de la proximité de Dieu avec eux, avec leurs pères par le passé. Ils n’oublient pas leur histoire, leur héritage ni d’où ils viennent. Ils ne commencent rien sans bénir le SEIGNEUR, ils le bénissent pour tout, car tout est occasion d’Action de grâces.
Saurons-nous suivre leur exemple ? Peut-être cela pourrait-être un effort de carême pour chacun d’entres-nous, de prendre l’initiative de mettre l’Action de grâces au cœur de notre quotidien. Nous verrons que c’est une source de joie. Toutefois, il serait bien que cela dépasse le temps de carême et fasse partie de notre vie de chrétiens tout le reste de notre existence.
« Alors tous trois, d’une seule voix, se mirent à chanter, glorifiant et bénissant Dieu dans la fournaise, et disant : “Béni sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères, loué sois-tu, exalté éternellement” » (Dn 3, 51-52). Ce Cantique des trois enfants ne nous montre-t-il pas que c’est au cœur de la souffrance et du martyr que ces trois jeunes gens ont crié à haute voix des louanges au créateur, manifestant ainsi leur joie de cheminer et de confesser l’unique vrai Dieu ?
Au cœur des vicissitudes de notre époque, que la joie à travers l’Action de grâces soit au cœur de nos vies, que le temps de carême soit le moment propice pour entrer dans cette dynamique de joie, chemin vers le salut. De nombreuses personnes qui souffrent autour de nous ont tant besoin d’Espérance, apportons leur la joie et non la tristesse. Plusieurs malades ont besoin de réconfort, apportons leur la joie à travers la vie et non la mort. Plusieurs personnes souffrent de solitude et d’abandon, allons à leur rencontre avec un message de joie.
N’ayons pas peur de souffrir pour le monde ni de l’aimer à la manière du Christ. Portons nos croix et allons à contre-courant de notre société dans la confiance et la « joie véritable » en celui qui nous a aimés le premier. Comme Saint Paul, que nous complétions en notre chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qu’est l’Église dans la joie et à travers l’amour de ceux et celles vers qui le Christ nous envoie : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés en vérité » (Jn 17, 18-19).
Le Christ en ce temps de carême nous envoie donc dans le monde et non nous enfermer dans nos chambres pour jeûner et nous mortifier. Non ! Il a besoin de nous auprès des gens qui ont faim et soif, auprès de nos voisins à qui nous n’adressons pas souvent la parole, auprès des confrères que nous ne visitons jamais ou à qui nous ne demandons jamais comment ça va. Le carême est le moment idéal pour nous mettre en route pour la mission. Certes, le jeûne est important, car « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4). Il peut nous aider à replier nos penchants mauvais. De même, la mortification peut être une voie de salut, ainsi que toutes les autres pratiques. Toutefois, nous ouvrent-elles aux autres ? Nous mettent-elles en chemin ou servent-elles uniquement à rechercher notre propre Salut ? L’aboutissement de toutes nos actions et pratiques c’est le Christ. Or il est venu non pas pour un, mais pour la multitude. Donc, toutes nos pratiques doivent nous ouvrir à l’autre, être une source de salut pour l’autre et non cause de sa chute : « ‘‘Où est ton frère” » (Gn 4, 10).
Le Christ nous consacre comme le Père l’a lui-même consacré pour que nous portions au monde un message de joie. Soyons nous-mêmes dans cette joie pour qu’elle puisse se propager sans fin et sans limites comme une pandémie. Oui ! Contaminons le monde de cette pandémie de la joie, car il en a besoin, nous en avons aussi besoin. Que le carême soit pour nous tous un temps de joie partagée et d’Action de grâces.
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© Léandre Syrieix.
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