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Dt 18, 15-20 – Ps 94(95) – 1 Co 7, 32-35 – Mc 1, 21-28
4e dimanche du Temps Ordinaire (B)
Un danger nous guette en permanence, celui consistant aujourd’hui à condamner avec beaucoup de facilité les grandes banques, les grandes firmes industrielles, les politiciens, toutes les personnes impliquées dans les affaires de ce monde tout en louangeant certaines organisations à but non lucratif ou confessions religieuses ; celui de défendre la supériorité du célibat sur le mariage ; celui de condamner nos sociétés de plus en plus perverties avec des lois ne défendant pas par exemple la vie ou ouvrant de nombreuses portes au libertinage sous diverses formes ; celui de remettre en question le célibat des prêtres, de religieux et religieuses en s’y servant pour dénoncer certains abus sexuels, de l’homosexualité, etc. ; celui de condamner… La liste est longue et montre que ces questions, ces préoccupations, ces oppositions, ces tensions actuelles ont traversé l’histoire sous diverses formes et l’Écriture nous propose des éclaircissements ainsi que des pistes d’atterrissage.
Devant l’imminence du retour du Christ, plusieurs questions relatives à certaines tensions telles celles évoquées précédemment dans notre contexte contemporain sont posées à saint Paul, notamment la vie matrimoniale par opposition au célibat. La manière dont il répond doit être comprise dans le contexte des Corinthiens, et surtout, ne doit pas être isolée des questions auxquelles il répond dans les versets précédents. Car, une lecture littérale conduit souvent certains lecteurs à qualifier injustement Paul de misogyne. Dans la communauté de Corinthe circulaient de fausses idées voire contradictoires, sur le mariage, la sexualité. C’est dans ce contexte que l’on retrouve des personnes qui se comportent comme des anges ou de surhumains en méprisant la sexualité tout en mettant en avant la continence (1 Co 7, 1-8) ; d’autres vivent dans la débauche sous prétexte que tout est permis et l’essentiel c’est le royaume de Dieu puisque le Christ a sauvé l’humanité une fois pour toutes (1 Co 6, 12-20). Mais, l’objet de notre propos porte sur l’opposition entre célibat et continence absolue dans le mariage.
La question du célibat est très controversée dans le contexte juif, particulièrement celui de Corinthe. C’est pourquoi Paul ne se fait pas moraliste ou dogmatique dans sa réponse : « c’est dans votre intérêt que je dis cela ; ce n’est pas pour vous tendre un piège, mais pour vous proposer ce qui est bien » (1 Co 7, 35). Il s’agit donc d’une proposition en vue du bien de chacun. Paul présente « sa préférence » pour le célibat par rapport au mariage en vue de la mission d’Évangélisation dans son contexte à lui. Il ne présente aucunement le célibat comme étant intrinsèquement meilleur par rapport au mariage : « Je voudrais bien que tout le monde soit comme moi-même, mais chacun a reçu de Dieu un don qui lui est personnel : l’un celui-ci, l’autre celui-là. » (1 Co 7, 7). Voilà la clé de compréhension de la deuxième lecture de ce dimanche du Temps ordinaire (B). En effet, Paul insiste sur le terme « souci ». Autrement dit, ce qui prime, c’est la préoccupation pour le royaume de Dieu, quel que soit l’état de vie particulier de chacun.
Paul nous invite à nous libérer de tout souci en vue de la mission d’annonce de la Bonne Nouvelle qui presse aujourd’hui chez nous. Que vous soyez marié ou célibataire, plusieurs questions peuvent aider : qu’est-ce qui m’aide à m’attacher davantage au Seigneur ? À qui je cherche à plaire le plus ? Comment je concilie mon amour pour mon conjoint ou ma conjointe avec celui de Dieu ? Comment je recherche l’intérêt des personnes que j’aime ? Qu’est-ce qui m’aide à m’occuper des affaires du Seigneur ? Quels sont mes soucis présentement et comment je les gère ? Toutes ces questions peuvent nous aider à être « libres de tout souci ». De fait, la « liberté » est ici essentielle pour les époux dans la mesure où ils sont invités à vivre leur vie matrimoniale sans négliger l’aspect spirituel ; elle est fondamentale pour les célibataires pour se consacrer à Dieu et aux autres. La propagation de l’Évangile est la seule chose qui compte, quel que soit l’état de vie de chacun.
Ainsi, chaque baptisé qui se libère de tout souci pour être attaché au Seigneur sans partage est alors disposé à être au cœur du monde prophète (Dt 18, 15), c’est-à-dire un porte-parole de Dieu ; une personne qui ne parle pas en son nom, mais en celui de Dieu (Dt 18, 20) ; un messager qui livre une parole de vie suscitant l’écoute (Dt 18, 15) et l’adhésion. Aussi, chaque baptisé qui s’attache au Seigneur sans partage entre à l’école du Maître, le Christ, pour annoncer l’Évangile sous un « enseignement nouveau » (Mc 1, 27), c’est-à-dire en personne qui a autorité (Mc 1, 22) ; qui parle différemment des « scribes » de ce temps, de chez nous (Mc 1, 22) ; qui parle en vérité ; dont les actions ou le témoignage de vie sont cohérents avec le message de l’Évangile.
Quel que soit notre état de vie, nous sommes appelés, comme baptisés, à nous libérer de tout souci pour être attachés au Seigneur sans partage en vue de l’annonce du Royaume de Dieu.
© Léandre Syrieix.
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