Des voix qui s’élèvent avec force !


Is 40, 1-5.9-11 – Ps 84(85) – 2 P 3, 8-14 – Mc 1, 1-8 

2e dimanche de l’Avent (B)

Nous sommes témoins tous les jours de voix qui s’élèvent contre des scandales, des injustices, etc. : marches pour la sauvegarde de la planète ; manifestations contre l’austérité de plusieurs gouvernements à travers le monde ; colère des Premières nations contre le mépris envers leurs droits ; soulèvements contre le racisme systémique ou systématique selon les endroits dans le monde ; consternations face à la crise des migrants ; ras-le-bol de PME contre des mesures gouvernementales mettant à mal leurs avenirs ; colère contre des dictatures déguisées de nombreux dirigeants ou grandes puissances, etc. La litanie qui justifie tant de cris, tant de voix qui s’érigent contre toute forme d’injustice est interminable. Mais, il y a des voix qui ne résonnent pas assez fortement, qui sont tièdes ou qui sont étouffées pourtant elles doivent, elles aussi, se lever avec force.

Toutes les raisons évoquées et justifiant l’érection de nombreuses voix à travers le monde sont légitimes et doivent se poursuivre jusqu’à être entendues. Toutefois, des voix d’une tout autre nature doivent se lever avec force parce qu’elles ont plus de portées que celles mentionnées précédemment. Il s’agit des cris qui surgissent en plein cœur des déserts du monde ; des voix qui se fraient des chemins dans les aridités des cœurs et de nombreuses vies humaines. Il s’agit de cris qui invitent à consoler les cœurs attristés, à proclamer une Bonne Nouvelle (Is 40, 1-2). En effet, nous traversons actuellement une crise sans précédent qui nous révèle l’ampleur de nos déserts personnels et collectifs. Dans un tel contexte, l’Écriture nous révèle que nous pouvons faire résonner dans les cœurs asséchés par l’aridité de nombreuse situation de vie un message de consolation, une Bonne Nouvelle de salut : la gloire du Seigneur va bientôt se révéler ou se manifester. Mais, cela n’est possible qu’au bout d’un chemin qui droit être tracé en plein cœur de ces déserts (Is 40, 3).

Alors que de nombreux cris manifestent un ras-le-bol face aux situations multiples et inconfortables de la vie ; d’autres voix porteuses de bonnes nouvelles doivent s’élever avec force et sans crainte : « Voici votre Dieu ! Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance » (Is 40, 9-10). Comment crier une telle affirmation dans un monde de plus en plus sécularisé ? Comment annoncer un tel message de salut en pleine pandémie de la COVID-19 où « certains prétendent [que le Seigneur] a du retard » (2 P 3, 9) ? De fait, comme baptisés, nous ne devons pas nous préoccuper de la manière dont la proposition de l’Évangile sera reçue par ceux et celles à qui nous l’annonçons. Nous devons nous contenter de semer les graines de la Parole et laisser l’Esprit agir, laisser le Seigneur travailler. Nous ne sommes que des semeurs et des serviteurs inutiles. Nous sommes invités à nous contenter de semer, même en plein désert avec la ferme conviction que rien n’est impossible à Dieu. Autrement dit, nous sommes appelés à crier de toutes nos forces une bonne nouvelle de salut, de libération sans nous soucier de sa réception ni avoir honte de paraître ridicules. Car, nous avons la certitude que « le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse […] il prend patience envers [nous], car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. » (2 P 3, 9)

Alors, où en sommes-nous avec notre conversion personnelle, avec notre conversion collective ? La « voix de celui qui crie dans le désert, “Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers” » (Mc 1, 3) doit avoir un impact dans nos vies personnelles afin d’en avoir aussi dans celle des autres. En ce sens, à la suite de Saint Jean-Baptiste, osons crier, osons être ces voix qui invitent au cœur des déserts actuels, au cœur de nos quartiers à préparer cette rencontre avec le Seigneur, notamment dans l’expérience de ce Sacrement de Réconciliation. Voilà un chemin sûr ; une autoroute que nous pouvons emprunter au milieu de nos déserts et qui mène à une réelle rencontre ; à la réalisation d’une promesse. Nous pouvons nous lever autant que nous pouvons contre les injustices sociales dans le monde, contre toute sorte de situations inacceptables ; mais ces cris s’évanouiront sans cesse dans la nature parce que le monde a besoin d’une réelle conversion ; nous avons besoin d’une transformation en profondeur. Nous avons besoin du Sacrement de la guérison, du Sacrement de l’Amour du Dieu : Sacrement de la Réconciliation.

Oserions-nous mêler nos voix à d’autres pour crier au cœur de ce monde ; pour consoler et proclamer un message de conversion en vue de la venue prochaine du Seigneur ; pour crier un appel à découvrir ou à redécouvrir le Sacrement de la Réconciliation ? Nos cris sont une réponse et un support aux cris de détresse de l’humanité aujourd’hui. Alors, élevons la voix, ne craignons pas, crions un appel à préparer le chemin pour le Seigneur dans nos vies de manière concrète : Sacrement de la guérison des cœurs arides, Sacrement de la Réconciliation.

© Léandre Syrieix.


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