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Is 43, 16-21 – Ps 125 (126) – Ph 3, 8-14 – Jn 8, 1-11
5ième dimanche Carême (C)
« La peur des mots » est ce qui caractérise davantage nos sociétés, notamment celles qui sont occidentalisées. En ce sens, le terme « péché » est de plus en plus mal reçu et tend à être remplacé par d’autres comme erreurs, fautes, responsabilités, etc., et ce phénomène est même très fréquent parmi les chrétiens, en milieux ecclésiaux. Pourtant, le péché renvoie à une rupture, à une dette, une hostilité, etc., envers Dieu qui s’expriment de diverses manières aujourd’hui : haine, violence, luxure, corruption… Prendre conscience de cela et l’accepter sans craindre le mot ni les réalités associées est essentiel dans nos relations interpersonnelles et avec Dieu ; pour l’avenir du monde. Prendre conscience de nos propres péchés, puis de nos péchés collectifs est un acte urgent aujourd’hui, au cœur de tant de violence. Une telle conscientisation est un bon départ pour un véritable processus de réconciliation non seulement entre les humains, mais aussi avec Dieu.
Nous sommes prompts à condamner les autres, à appliquer les lois lorsque le prochain est en tort. Voilà une réalité profondément humaine qui conduit à tant de haine, de violence, de division, etc., entre nous et dans nos sociétés. Le Christ nous interpelle de manière radicale à ce sujet : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » (Jn 8, 7) Voilà une invitation à répondre en vérité à la question suivante : quels sont tes péchés ? Reconnaître nos péchés et en mesurer leurs gravités ; reconnaître notre propre besoin d’être regardé par le Père avec amour ne peut pas nous laisser indemnes dans nos élans de jugement et de condamnation des autres. Un tel mouvement ne signifie pas pour autant qu’il faille accepter tout et n’importe quoi ni être complice du péché de manière sournoise ou encore s’arranger avec nos consciences.
Identifier et prendre conscience de nos péchés est essentiel dans la vie chrétienne, car cela nous dispose à plus de charité envers le prochain dans nos critiques, dans nos corrections fraternelles. C’est ce que le Christ nous montre dans cet épisode de l’Évangile de saint Jean, celui de « la femme adultère ». Car il accueille la personne pècheresse tout en condamnant le péché : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. » (Jn 8, 11) Pourtant, nous sommes portés à condamner le pécheur et le péché. Or Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais son salut. C’est pourquoi sa miséricorde est sans bornes, car il n’y a guère de fautes qu’il ne puisse pas pardonner si nous retournons à lui.
Saint Paul en a fait l’expérience ; il a pris conscience de ses péchés personnels ; il est retourné vers Dieu en acceptant le Christ dans sa vie, mais surtout, en entrant dans sa connaissance à travers ses actions et paroles comme le Christ à l’égard de cette femme condamnée. À l’instar de saint Paul, osons nous laisser saisir par le Christ, sa vie, ses paroles, son message d’amour, ses gestes afin de cheminer avec nos frères et sœurs vers le Père. Le Christ est mort sur la croix pour nous libérer de la condamnation de nos péchés ; afin que nous soyons sauvés non pas individuellement, mais collectivement puisque nous sommes tous appelés à partager cette vie en plénitudes en tant que fils et filles d’un même Père. Ainsi, reconnaître nos péchés personnels nous dispose à être miséricordieux envers le prochain et le monde comme Dieu l’est envers nous et nous ouvre les portes de l’éternité bienheureuse : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ».
Méfions-nous des personnes parfaites ou pures, car elles sont intransigeantes, légalistes et dangereuses bien qu’elles soient convaincues des bonnes intentions de leurs gestes ou convictions. Bien souvent, ces personnes ne sont que nous-mêmes lorsque nous ne reconnaissons pas nos péchés, nos fautes et exigeons des autres ce que nous n’osons pas accepter ou changer dans nos propres vies. Chaque personne, plus encore le chrétien, devrait toujours se poser la question : « quels sont mes péchés ? » En répondant à cette question, nous serons alors dans la même disposition que le Christ, c’est-à-dire que nous condamnerons le péché et non pas la personne pècheresse ; nous corrigerons ou critiquerons avec amour : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » (Jn 8, 7)
© Ab. Léandre Syrieix.
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