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Plonger au cœur de notre misère.
Pour partir à la rencontre des personnes vers qui nous sommes envoyés comme chrétiens, nous avons besoin d’aller au cœur de notre propre misère, nous avons besoin d’aller en profondeur, de descendre dans notre pauvreté. Quoi de mieux que la plongée sous-marine pour illustrer cela !
Les amateurs de plongée sous-marine comprendraient mieux que quiconque ce que nous essayons d’illustrer ici. En effet, lorsque les plongeurs amorcent leur descente au cours d’une immersion, ils le font à une vitesse constante et modérée afin d’éviter des barotraumatismes[1]. Ainsi, au fur et à mesure de la descende, ils équilibrent leurs oreilles par la « manœuvre de Valsalva[2] » pour éviter des douleurs aux tympans ou leur rupture. C’est le même principe pour un chrétien qui se lance dans la descente au cœur de sa pauvreté. Le chrétien qui se lance dans un tel exercice, le fait en fonction de lui-même, c’est-à-dire en tenant compte de ses limites, de son histoire, de ses capacités, etc. Il doit de ce fait tenir compte de ses faiblesses, les reconnaître une à une, en prendre conscience, les accueillir puisqu’elles font partie de sa personne. Ce n’est qu’en le faisant qu’il pourra « se présenter tel qu’il est et en vérité[3] » devant le Christ. S’il ne le fait pas et choisit de se précipiter comme un plongeur qui veut atteindre le fond à l’instar d’une fusée lors de son immersion, il court un grand danger : « l’orgueil spirituel ».
Le plongeur une fois rendu à la profondeur fixée dans sa planification équilibre son gilet stabilisateur afin de maintenir une stabilité adéquate durant toute l’immersion et l’exploration. Il ajustera ainsi son gilet stabilisateur en fonction de la « courbe de plongée[4] ». C’est encore le même principe pour le chrétien qui plonge de manière inadéquate au cœur de ses misères. Il doit, en accueillant sa pauvreté, se laisser aimer et rejoindre par le Christ. Il doit oser lui faire confiance au point que se déploie à travers ses faiblesses la force de l’Esprit-Saint comme chez Saint Paul. S’il ne se laisse pas entrainer dans cette profondeur, s’il ne se dépossède pas de tout pour se laisser remplir par l’Esprit du seigneur qui comble tout vide et tout manque, il se fera plutôt entrainer en surface comme nous l’avons illustrée précédemment avec le plongeur. Il demeurera un être superficiel, plaisant certes aux yeux du monde, mais avec une intériorité perdue dans le néant. C’est exactement ce que la Pape François appelle le « fonctionnalisme » chez les prêtres qui ne vivent pas une intimité profonde avec le Christ. Ils sont rendus des fonctionnaires qui ne vivent pas d’intériorité, mais qui se complaisent dans l’activisme dans fin. Pour ne pas quitter le « fond » à cause d’une mauvaise régulation de son équilibre, à cause de la stabilité de sa vie spirituelle, le chrétien doit se donner des moyens parmi lesquels la primauté est réservée à la prière.
La remontée rapide du plongeur en surface n’est pas le seul fait d’un mauvais équilibrage de son gilet stabilisateur. Elle peut aussi être due à un manque d’air, à une mauvaise gestion de son air. De la même façon, le chrétien qui au cœur de sa misère n’a plus la force de l’Esprit-Saint que procure la prière ou l’intimité avec le Christ, finit par se lasser durant des périodes de sècheresse et redevient superficiel, remonte en surface, demeure dans le « paraître ». Les chrétiens qui perdent la foi sont ceux qui ont arrêté de prier, et il y a beaucoup de personnes dans le monde, dans nos sociétés actuelles qui ont perdu la foi parce qu’elles ont arrêté de prier. Nous devons entretenir notre foi, non par des œuvres uniquement, mais surtout et en premier lieu par la prière.
Comme chrétiens, nous avons besoin de plonger au cœur de notre pauvreté pour découvrir la miséricorde de Dieu, pour découvrir son amour, pour découvrir ses merveilles. C’est ce que fait le plongeur qui découvre au fond de l’eau la splendeur de Dieu à travers les merveilles de sa création, à travers la paix que procure l’extase devant les myriades d’espèces aquatiques qui jalonnent les fonds marins.
Tant que le plongeur demeure connecté à sa bouteille d’air, il est assuré de profiter de sa plongée en toute quiétude et en toute sécurité. De même, le chrétien plongé au fond de sa pauvreté et qui demeure en même temps connecté au cœur du Christ, à son intimité dans la prière est assuré, comme le « Bon Larron », de siéger aux côtés du Christ auprès du Père.
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