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Jos 5, 9a.10-12 – Ps 33 (34) – 1 Co 5, 17-21 – Lc 15, 1-3.11-32
4ième dimanche Carême (C)
La perception du pardon comme un acte difficile à poser vient du fait que nous demeurons envahis ou submergés par la douleur, par l’offense et nous comptons sur nos forces humaines. Dans un tel cas, il ne peut y avoir de véritable réconciliation. Ainsi, nous pouvons nous contenter de faire semblant ; de nous convaincre que nous avons pardonné ; de recommencer comme si de rien n’était, signer de nouvelles alliances ou partenariats. Pourtant l’expérience authentique du pardon suppose une réalité inhumaine, une dimension surnaturelle qui libère le cœur blessé de ses amertumes en la comblant de joie. Il ne s’agit pas d’une joie éphémère, mais véritable. Alors, comment y parvenir ? Comment faire l’expérience joyeuse de la réconciliation ?
Parce que le pardon n’est pas une réalité humaine, mais divine, alors cela suppose de poser des actions qui relèvent de cette dimension surnaturelle. C’est pourquoi le Christ nous propose la parabole du Père miséricordieux afin de nous révéler comment est Dieu, comment il s’y prend à l’égard de l’humanité, et finalement comment nous devons nous y prendre les uns envers les autres. Le Christ nous présente d’abord un Dieu généreux qui ne refuse rien ; ensuite un Dieu patient qui attend comme un veilleur, un guetteur, pour apercevoir au loin lorsque nous retournons à la maison. De plus, il nous révèle un Dieu plein de compassion qui ose aller à la rencontre de sa créature pour se jeter à son cou et le couvrir de baisers. Finalement, le Christ nous montre un Dieu qui supplie sa créature pour qu’elle revienne à de meilleurs sentiments.
Toutes ces caractéristiques de Dieu à notre égard disent quelle attitude nous pouvons adopter afin d’être capables de faire l’expérience surnaturelle du pardon. Dieu ne se contente pas de nous envoyer des textos, des voice ou des coups de fil pour nous pardonner à la manière humaine, mais il veille à la fenêtre ; il guette pour voir au loin si nous retournons à lui. Cela nous dit que le désir du pardon est la première chose qui doit nous préoccuper. En effet, si nous ne désirons pas sincèrement pardonner, cela ne pourra guère advenir. Dieu court à la rencontre de son fils perdu ; à la rencontre de l’humanité égarée pour lui signifier sa joie, celle des retrouvailles afin de se jeter à son cou et la couvrir de baisers. Cela nous dit que le mouvement vers l’autre c’est-à-dire aller à la rencontre de la personne qui nous a offensés est une étape essentielle ; car c’est de cette rencontre que surgit la joie authentique qui se manifeste par des baisers. Cette joie est tellement débordante qu’elle se fête ; qu’elle se célèbre comme un renouveau, comme un retour à la vie, comme une sortie de confinement due à une pandémie. Une telle joie n’est pas toujours unanime, car elle provoque quelquefois l’incompréhension dans notre entourage ou des oppositions. C’est pourquoi nous devons être comme le Père miséricordieux, c’est-à-dire attentifs aux autres afin d’être prompts à les supplier de se joindre aux réjouissances d’une telle réconciliation.
Autant le Père miséricordieux a été patient dans l’attente de son fils afin de lui renouveler son amour, de la même manière, il attend que nous soyons patients non seulement à son égard, mais aussi à l’égard du prochain. Il est un Dieu fidèle en tout, particulièrement en amour. C’est ce que nous pouvons constater à travers les promesses faites au Peuple d’Israël qui se sont réalisées sous Josué après 40 ans de traversée dans le désert. Désormais, ils peuvent manger les fruits de la terre promise et non plus la manne tombant du ciel, car l’Alliance est réalisée. Ainsi, Dieu est fidèle à ses promesses et veut que nous demeurions dans une joie éternelle.
Faire l’expérience véritable de la réconciliation c’est goûter aux bontés du Seigneur. Quiconque retourne vers lui ne sera jamais déçu ; quiconque se tourne vers lui resplendira sans ombre ni trouble visage ; quiconque le cherche le trouvera parce qu’il se laisse trouver. C’est pourquoi l’appel de saint Paul est encore d’actualité et nous presse aujourd’hui : laissons-nous réconcilier avec Dieu. En effet, par la mort et la résurrection du Christ, les portes pour les réjouissances éternelles nous sont ouvertes. Voilà pourquoi le Christ nous a fait le cadeau du ministère de la réconciliation afin que nous puissions nous réconcilier avec lui et nous laisser réconcilier avec son Père en allant à la rencontre de nos frères et de nos sœurs pour leur partager, par des baisers, cette joie de la réconciliation.
Pardonner est une réalité qui ne dépend pas de nos seules forces. Cela suppose un processus dont le point de départ est le désir suivi d’un mouvement consistant à aller à la rencontre de la personne qui nous a offensés. Si notre désir est configuré à celui de Dieu, alors de cette rencontre pourra jaillir une joie indescriptible se manifestant par des baisers, par des larmes, etc. Dieu nous a réconciliés le premier en son Fils Jésus-Christ qui nous a laissé le ministère de la réconciliation. Voilà pourquoi nous sommes dans l’urgence de nous laisser réconcilier avec Dieu ; d’entrer dans ce mouvement, dans cette rencontre qui est source de joie authentique avec nos frères et sœurs. Notre monde a tant besoin de joie, de fête et cela est possible si nous nous laissons réconcilier avec Dieu en allant au sacrement du pardon ; en osant aller à la rencontre de toutes les personnes qui nous ont offensés.
© Ab. Léandre Syrieix.
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