M’aimes-tu ?

[:fr]Fonds Kamba Sita[:]

Ac 5, 27b-32.40b-41 – Ps 29 (30) – Ap 5, 11-14 – Jn 21, 1-19

3e dimanche de Pâques (C)

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Beaucoup de personnes ont du mal à dire ou à affirmer « je t’aime ! » Parce que cette expression présente plusieurs connotations. Lorsque nous affirmons à une personne « je t’aime ! », de quel amour s’agit-il ? Est-il l’expression d’un lien affectif ? Est-ce l’expression d’un amour total et inconditionnel ? Est-ce l’expression d’un amour érotique ? Sans aucun doute, si nous clarifions la portée et le sens de l’expression « je t’aime ! », alors nous n’éprouverons pas de malaise l’affirmer. Et si aujourd’hui, maintenant, le Seigneur me posait cette question « m’aimes-tu ? », que répondrais-je ?

Fonds Kamba Sita

Le Seigneur pose cette question trois fois à Pierre, mais de manières nuancées. Il lui demande d’abord s’il l’aime plus que tous les autres qui, à priori, l’aiment également. Autrement dit, le Christ ne veut pas d’abord savoir si Pierre l’aime « tout court », mais plus que les autres. Cela soulève une autre question : comment les autres aiment-ils le Christ ? Peut-être la réponse à cette question pouvait aider Pierre à répondre, mais non ! Cette question s’adresse à chacun de nous : m’aimes-tu plus que tous les autres, plus que toute l’humanité ? La réponse de Pierre, comme bien souvent la nôtre, demeure au niveau du lien affectif : oui tu sais que je t’aime bien ! Par cette question, le Christ veut amener Pierre au dépassement dans sa relation avec lui. Voilà ce qui justifie la seconde question : « m’aimes-tu vraiment ? » Autrement dit, m’aimes-tu en vérité de manière sincère ? Curieusement, la réponse de Pierre demeure encore au niveau du lien affectif. Finalement, le Seigneur lui pose une question plus profonde : « m’aimes-tu ? » En effet, celle-ci ne précise pas si c’est de l’ordre d’une comparaison par rapport aux autres ou encore la nature de l’amour en question. Mais, elle amène Pierre à préciser lui-même de quel amour il aime le Seigneur. Cette question est tellement grave et profonde : : « m’aimes-tu ? » Autrement dit, m’aimes-tu pour ce que je suis ? M’aimes-tu totalement, entièrement, inconditionnellement ? M’aimes-tu au point d’être prêt à tout ? M’aimes-tu sans condition ni limite ou calcul ? Voilà où se situe l’appel au dépassement de soi dans l’affirmation « je t’aime ! » Une telle réponse n’est pas sans conséquence, sans impact, sans engagement, puisque le Christ affirme lui-même ce que cela suppose, « suivre le Christ, rendre gloire à Dieu » de la manière dont on ne soupçonne pas.

Le livre des Actes des Apôtres nous présente la portée de cette affirmation « je t’aime ! » dans la vie de Pierre. En effet, parce qu’il aime le Seigneur, il prend position publiquement par une parole ; il endure, à cause de son amour pour le Seigneur, des fouets ; il est joyeux d’avoir été jugé digne de subir des humiliations pour le Nom de Jésus.

Il n’y a que l’amour total et inconditionnel et qui puisse pousser une personne à adopter de telles réactions ou attitudes. Pierre est cohérent dans son affirmation « je t’aime ! » Et par le fait même, il nous interpelle dans la nôtre : comment aimons-nous le Seigneur ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour lui signifier cet amour ? Comme Pierre, si nous voulons aimer le Seigneur de manière totale et inconditionnelle, nous devons passer par une purification. En effet, il a jadis affirmé qu’il suivrait le Seigneur jusqu’à la mort. Mais, c’était sans avoir confessé son amour pour lui. Parce que Pierre a trahi le Seigneur, parce qu’il a pris conscience de ses limites et de ses incapacités ; parce qu’il a mesuré que suivre le Seigneur nécessite d’abord de confesser à son égard un amour total et inconditionnel ; alors il est cohérent quotidiennement dans son témoignage de foi, à travers ses actions et ses paroles. Pierre nous montre qu’aimer le Seigneur suppose une cohérence, même au cœur des épreuves, face aux persécutions, dans la souffrance sous toutes ses formes. N’aimons pas le Seigneur en paroles uniquement, mais en vérité, de manière totale et inconditionnelle. Voilà ce à quoi nous sommes appelés à travers nos vies chrétiennes.

« Je t’aime ! ». Affirmer cela au Seigneur nécessite de nous arrêter sur l’expérience de saint Pierre. Cela suppose une réelle conversion de tout notre être. Voilà une affirmation de l’amour total et inconditionnel et non pas affectif. Voilà l’affirmation de l’amour engageant et conduisant à une cohérence de vie, à une adéquation entre nos paroles et nos actions. Autrement dit, suivre le Christ aujourd’hui c’est lui affirmer « je t’aime ! » avec tout ce que cela comporte comme conséquences et implications ; comme humiliations et critiques aujourd’hui.

© Ab. Léandre Syrieix.

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