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Dn 7, 13-14 – Ps 92 (93) – Ap 1, 5-7 – Jn 18, 33b-37 – Dimanche du Christ Roi (B)
L’histoire des peuples et civilisations montre que l’établissement d’un pouvoir ou d’une domination quelconque est au cœur de la quête des individus et des groupes. C’est ainsi que les grandes puissances ont pu
établir leur domination sur d’autres peuples, se traduisant ainsi sur le plan économique, culturel, linguistique, politique, etc. Voilà ce qui explique tant de guerres et de divisions dans le monde qui devient la scène de plusieurs jeux politiques, d’influence de pouvoirs militaires, idéologiques. Voilà qu’au cœur d’un tel système de domination et de l’établissement de Royaumes, certains s’élèvent et défendent, au péril de leur vie, un seul Royaume au-dessus de tous pourtant sans force militaire ni économique ou politique comme à la mode. Voilà que les chrétiens se lèvent au cœur de ce temps pour annoncer un Royaume, celui du Christ Roi de l’univers. Quel en est le sens ? Quelle en est la crédibilité ?
Les textes de la liturgie eucharistique de cette fête du Christ Roi de l’univers, du 34e dimanche du temps ordinaire de l’année B, nous apportent de nombreux éclaircissements ainsi que des pistes de réflexion pour nourrir notre vie spirituelle et notre foi aujourd’hui. Le prophète Daniel nous parle d’un seul domaine d’un seul règne à partir d’une vision qui préfigure l’avènement du Christ du fils de Dieu. Le domaine en question ne semble pas être celui d’aujourd’hui, celle de la conception moderne, c’est-à-dire de domination de répression par la force, par la peur, par le pouvoir de l’argent. Cette domination est simplement l’établissement d’un règne, d’une ère de paix, d’amour, de joie, de bonheur, au chaque être vivant, peu importe son peuple, sa nation, sa langue, trouve sa place. C’est l’établissement d’un règne de paix oui il n’y a plus de questions politique, économique, sociologique ; où les différences ne sont plus objet de divisions, mais d’unités. Il s’agit d’une ère nouvelle, contraire à celle dans laquelle nous sommes présentement. Il n’y a aucune domination existante qui ne soit au-dessus du règne éternel, celui du fils de l’homme, du fils de Dieu, le Christ.
Le psalmiste, quant à lui, nous parle de magnificence de Dieu. il fait un lien entre la royauté de Dieu et sa magnificence. En effet, le roi revêt sa magnificence. Ainsi, la magnificence dit l’essence même de la royauté. Cette magnificence renvoie, selon le psalmiste, à la sainteté. Autrement dit, la royauté du seigneur est l’établissement de sa magnificence ; non pas selon les conceptions actuelles, c’est-à-dire d’un pouvoir matériel, politique, économique, etc., mais l’établissement de Sa Sainteté.
Saint Jean opère, dans le livre de l’apocalypse, une transformation radicale concernant la compréhension ou la vision de la souveraineté de Jésus-Christ, de son Royaume. De fait, il apporte un regard renouvelé sur le Royaume du fils de l’homme, non plus comme extérieur à nous, mais en nous. Il affirme que Jésus Christ a fait de nous un Royaume. Si nous mesurions la portée de ses propos, alors notre vision du christianisme serait différente ; notre vie chrétienne serait vécue différemment ; nous mesurerions davantage la portée de nos propos et actions non seulement envers les membres du corps que nous formons, mais aussi envers toute l’humanité. Si le Christ a fait de nous son Royaume, alors nous ne devrions pas être divisés, car son Royaume est un Royaume de paix. Il s’agit là d’une paix d’abord intérieure et personnelle, puis d’une paix à l’intérieur du Royaume que nous formons, c’est-à-dire entre chaque membre d’un seul et même corps. Voilà une nouveauté qui suppose une conversion radicale de nos pratiques et conceptions. Voilà pour nous le sens de souligner de nouveau aujourd’hui la fête du Christ Roi de l’univers. Nous sommes le Royaume du Christ à cause de notre baptême et cela nous oblige et nous presse à révéler ce Royaume au monde ; n’ont pas à la manière de ce monde, c’est-à-dire par une domination idéologique, économique, matérielle, mais comme évoque le psalmiste, par une recherche constante de sa magnificence, de Sa Sainteté. La recherche de cette sainteté qui nous presse au jour hui est possible par une prise de conscience de notre essence même ; de l’incidence d’un autre choix de vie chrétienne.
L’échange de Jésus Christ avec Pilate dans l’évangile selon Saint Jean nous révèle le chemin de sainteté que le seigneur nous invite à prendre. En effet, le Christ révèle à Pilate « Qui Il est », non pas en se appropriant un titre, « Roi des Juifs », mais en indiquant pourquoi il est né et les raisons de sa venue en ce monde : « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. » (Jn 18, 37). Et puisque, par notre baptême, nous sommes nés dans la famille de Dieu, ayant pour Dieu le père, le Christ pour frère et l’Esprit-Saint pour collaborateur, nous sommes en ce monde pour rendre témoignage au Christ, témoin fidèle, premier-né d’entre les morts, prince des rois de la terre (Ap 1, 5) ; L’alpha et l’oméga (Ap 1, 8) ; le Fils de l’Homme (Dn 7, 13). Ainsi la recherche de la sainteté par la prise de conscience de notre nature et mission qui nous pressent aujourd’hui supposent que nous empruntions un chemin de conversion radicale. Cela consiste notamment à nous détacher du tout le titre, à découvrir le sens premier des engagements de notre baptême, à assumer notre émission de chrétiens au cœur du monde. Voilà le véritable chemin de sainteté ; voilà comment le règne de Dieu prend forme aujourd’hui en nous et à travers nous. Le Christ a fait de nous son Royaume. Voilà pourquoi nous sommes nés et voilà notre mission. Sommes-nous prêts aujourd’hui à assumer cela ? sommes-nous prêts à révéler le Royaume on monde de ce temps, à nous révéler ainsi à ceux et celles qui nous côtoient ?
© Ab. Léandre Syrieix.
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