Votre identité s’il vous plait !

@Photo Leander Syrieix

Is 50, 5-9a – Ps 114 (116a) – Jc 2, 14-18 – Mc 8, 27-35

Célébration de la Parole (Vélo-LiturGym) : 24e dimanche du Temps Ordinaire (B)

Supposons une situation au cours de laquelle l’on vous demande votre identité (ID). Cela peut survenir lorsque vous rencontrez un inconnu, dans une administration, lors d’un contrôle de police, etc. Or ici, il s’agit de l’ID de Jésus puisque lui-même interroge ses Apôtres à son sujet. Curieusement, on ne lui demande pas qui il est, mais il interroge sur ce qu’on dit de lui, de sa personne. N’est-il pas aussi question de notre propre ID chrétienne ? Aussi, quel est le lien entre l’ID de Jésus et la nôtre ?

Il existe plusieurs manières de révéler son ID lorsqu’on est interrogé à ce sujet. Ainsi, on peut se contenter de décrire ses origines, son histoire familiale, sa profession, ses qualités ou défauts, ses valeurs, ses passions, etc. Déjà, Jésus ne présente pas son ID, mais interroge sur ce que les autres en pensent. Or, il est intéressant de constater qu’on le confond à d’autres personnes (Jean-Baptiste, Élie, prophète). Ceci n’est pas anodin, car c’est sans aucun doute lié aux gestes qu’il pose, à ses paroles, bref, à son témoignage de vie. Aussi, Pierre dit de Lui qu’il est « l’Oint » du Seigneur, le Christ, le Messie. Autrement dit, il est celui choisi et envoyé par Dieu au milieu des nations.

L’ID du Seigneur nous est révélée différemment dans Is 50, car il y est présenté comme le « Serviteur souffrant » qui, au cœur de son expérience souffrante, est totalement abandonné au Seigneur de qui lui vient tout secours. Finalement, le Psalmiste nous dévoile l’ID du Seigneur à travers divers attributs : celui qui « entend » nos prières, qui est juste et miséricordieux, qui est tendresse, qui défend les faibles, qui sauve, etc. Mais qu’en est-il de notre propre ID ? « Appelant la foule avec ses disciples, [Jésus] leur dit : “Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.” » (Mc 8, 35). Voici une invitation à nous configurer à Lui, c’est-à-dire à être en « quelque sorte » des « serviteurs souffrants » à notre niveau. C’est une interpellation, à sa suite, à être des « Oints » du Seigneur.

Supposons que dans la rue ou dans n’importe quelle situation l’on nous questionne sur notre ID, serions-nous en mesure, dans le contexte actuel, en réponse à la question posée de décliner notre ID chrétienne ? Aurions-nous une telle audace au cœur du principe de laïcité récent ? Comme le « Serviteur souffrant », nous sommes invités à oser ne pas cacher notre face devant les outrages et les crachats que peut susciter l’affirmation publique de dire que nous sommes disciples-missionnaires du Christ ; à oser ne pas nous révolter ou nous dérober face à la critique ou au rejet de l’Église. De toute évidence, poser de tels gestes s’avère complexe et intime. Cela renvoie de fait à la question personnelle adressée à chacun de nous : « Quelle est mon ID chrétienne ? » Et si nous nous questionnions en vérité et personnellement sur qui est le Christ pour nous ; et si nous nous arrêtions sur notre vie personnelle pour y percevoir la place que nous y accordons au Christ ; alors nous pourrions affirmer que nous marchons à sa suite. Toutefois, une question demeure : Comment déclinerions-nous notre ID chrétienne ?

Quelque soit ce que nous serions à mesure de dire sur l’ID de Jésus à partir de notre expérience de foi personnelle ou encore sur notre propre ID chrétienne, il est clair que cela ne peut se faire sans lien avec un témoignage de vie authentique. Voilà ce que nous suggère Saint Jacques lorsqu’il affirme : « Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. » (Jc 2, 18) Autrement dit, notre ID chrétienne ne peut se résumer qu’en de simples discours, concepts, qualificatifs, etc., mais elle a davantage de sens lorsqu’elle est incarnée, c’est-à-dire enracinée dans le concret du réalisme humain, au cœur de nos vies. Ainsi, nos actes doivent être ajustés à nos paroles, car il s’agit de la cohérence de la foi et de la vie chrétienne. En effet, nous ne pouvons guère affirmer que nous sommes chrétiens si nous ne visons pas comme tels au quotidien à travers toutes les sphères de nos vies (familiales, professionnelles, amicales, etc.).

Lorsque Saint Jacques parle des œuvres qui montrent notre foi, on peut par exemple y voir l’accueil des plus pauvres et des migrants ou encore de la pauvreté de manière globale sous toutes ses formes. Ainsi, quand le Christ nous invite à porter notre croix et à marcher à sa suite, il nous rappelle de fait l’importance, comme lui, de placer les plus petits au cœur de nos préoccupations qu’elles soient religieuses, économiques, politiques, etc. Au Temple de Jérusalem, il s’est par exemple mis en colère contre un système visant à exploiter davantage les pauvres (Mt 21, 12-13) et nous ? Comment notre ID chrétienne nous engage à la suite du Christ notamment en cette période électorale où nous sommes invités à nous rendre aux urnes pour choisir nos représentants et gouvernants ? En effet, cette ID chrétienne ne se limite pas aux paroles, mais elle s’enracine aussi dans nos actions concrètes.

L’Église nous propose un exemple, un modèle à suivre en vue de vivre la cohérence de notre foi et de notre vie chrétienne, de nos paroles et nos actes : La Vierge Marie. En effet, elle est la première disciple-missionnaire qui a su se mettre à l’écoute du Seigneur, lui dire « Oui » en posant des actes concrets de foi : en visitant sa cousine Élisabeth, en donnant naissance au Seigneur, en le suivant tout long de sa vie publique dans le silence, en étant non seulement auprès de lui dans sa Passion au pied de la croix, mais aussi au milieu des Apôtres enfermés et épeurés au Cénacle. Puissions-nous demander au Seigneur la grâce de redécouvrir le sens de notre baptême, de notre ID chrétienne à la suite du Christ et par l’intercession de Marie sa mère.

© Léandre Syrieix.

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