Comme elle, la première en chemin

Photo AELF

Mi 5, 1-4a – Ps 79 (80) – Hb 10, 5-10 – Lc 1, 39-45 – Messe 4e dimanche de l’Avent (C)

 

L’Avent achève avec la figure de Marie présentée comme étant essentielle pour la réalisation des prophéties (Jérémie, Baruch, Sophonie, Michée) parcourues durant quatre dimanches successifs. À travers son attitude, nous pouvons apprécier le mouvement divin qui consiste à « aller vers », à marcher avec empressement à la rencontre de l’autre.

Les cris du psalmiste, « Viens nous sauver, reviens ! Regarde et vois, visite cette vigne, fais-nous vivre et invoquer ton nom… », disent notre besoin de salut, notre désir de retrouver la compagnie de Dieu. Toutefois, c’est Lui qui a l’initiative, il répond en venant à notre rencontre. L’Écriture révèle que cette venue a été préparée, annoncée, et chez le prophète Michée on peut noter une allusion à Marie, « celle qui doit enfanter ». Ainsi, toutes les prophéties sur la venue du Seigneur, sur son Incarnation, montrent l’importance pour Dieu de se faire proche de nous afin que nous nous unissions à Lui. Le salut dont il est question ne tombe pas du ciel (comme par magie), mais cela arrive de façon tangible, dans la chair du monde, dans un corps humain. En ce sens, Dieu épouse notre condition humaine pour que nous devenions comme Lui, c’est-à-dire saints. Voilà pourquoi saint Paul appuie que le Christ commence par dire : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps… alors j’ai dit : me voici, je suis venu pour faire ta volonté. » Cette volonté du Seigneur porte de ce fait sur notre vocation à la sainteté, sur notre union avec Lui. C’est pourquoi, en toute liberté, Il prend corps en Marie pour nous annoncer cette Bonne Nouvelle, celle de notre salut.

Saint Luc signale que « Marie se mit en route et se rendit avec empressement… » chez Élisabeth. De toute évidence, une personne qui se déplace avec un tel enthousiasme est porteuse d’une bonne nouvelle. Autrement dit, Marie « marche à la rencontre », elle « va vers », à la manière de Dieu qui vient à notre rencontre par son Incarnation. Le mouvement de Marie n’est ni lent ni hésitant, mais enthousiaste, car elle est habitée par une grande motivation : partager une bonne nouvelle. Dans cette attitude, elle nous plonge en quelque sorte dans le mouvement divin, celui d’un Dieu empressé d’aller vers sa créature, ver l’humanité, pour lui dire son Amour, sa volonté de s’unir à elle. À la suite de Marie, nous pouvons également aller vers nos frères et sœurs, en ce temps de préparation à la Nativité de Seigneur, pour leur annoncer cette bonne nouvelle, celle de sa venue. Mais cela peut simplement consister à aller vers les autres, non pas pour « casser du sucre » sur le dos de certains ni pour être des prophètes de malheur, des diseurs de mauvaises ou « fausses nouvelles », des diffuseurs de peurs véhiculées de manière intempestive dans les médias actuellement. Au contraire, allons vers les autres les réconforter, les rassurer, leur dire une parole constructive ou qui fait du bien, leur annoncer l’espérance et la présence agissante ainsi que discrète du Seigneur dans la vie à travers les situations quotidiennes les plus banales.

Manifestement, en allant, comme Marie, vers les autres pour annoncer une bonne nouvelle, nous pourrons leur procurer de la joie, car c’est l’un des fruits de la rencontre avec le Seigneur. C’est ce que saint Luc nous inique dans le récit de la rencontre de Marie et sa cousine : « quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. ». De fait, Marie aurait pu « se prendre pour une autre », attendre que la nouvelle de sa maternité divine se propage et que les gens viennent à elle à la manière d’une vedette. Mais, c’est plutôt dans l’empressement qu’elle se dirige vers Élisabeth, car la première en chemin, elle a cru aux paroles du Seigneur, elle a adhéré à son projet de salut pour l’humanité et c’est pour elle source de joie : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Marie par son attitude, ne s’est pas installé confortablement dans ses acquis, dans son statut de Mère de Dieu, mais comme Lui qui le premier s’est résolu d’épouser notre condition humaine, elle s’est empressée vers Élisabeth. Voilà pour nous une invitation à ne guère nous installer dans nos conforts, dans nos acquis, dans nos privilèges, dans nos habitudes, etc., mais toujours être prêt à prendre la route, à nous mettre en marche, à aller vers les autres. Nombreuses sont les personnes qui attendre d’être visitées par le Seigneur. Nous sommes ces instruments dont Il veut se servir pour les rencontrer. Puissions-nous, à la veille de la célébration de la venue du Sauveur avoir la préoccupation des membres oubliés de nos familles et de nos communautés. Essayons d’aller avec empressement vers nos voisins sans avoir peur de leur différence. Marie, la première en chemin, nous lance aujourd’hui une invitation, celle de prendre l’initiative, comme elle, d’aller avec hâte à la rencontre d’une personne lui annoncer une bonne nouvelle en ce temps de Noël : Vers qui vais-je aller ? Quelle bonne nouvelle vais-je lui annoncer ?

© Léandre Syrieix.

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