Dialogue actuel entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe.[:]


Cet article est un bref extrait de notre compte rendu critique de l’article d’Hervé Legrand[1].

DialogueL’Église a connu de nombreux schismes dans son histoire, notamment celui de 1054 ayant entrainé la séparation entre les Églises d’Orient et d’Occident. Pourtant, le terme Église vient du grec Ekklèsia, qui signifie assemblée du peuple.

Les réflexions sur le concept de vérité, de communion, d’œcuménisme, etc., ont progressivement conduit au dialogue interreligieux, notamment entre l’Élise catholique et l’Église orthodoxe.

L’Eucharistie est au cœur de la vie de l’Église selon la formulation de l’Église catholique à Vatican II, empruntant ainsi l’expression à l’Église orthodoxe qui en avait fait le sommet de sa vie ecclésiale. On note cependant une opposition entre l’ecclésiologie catholique qui est universaliste, hiérarchique et l’ecclésiologie orthodoxe qui est eucharistique, celle des Églises particulières. Le Concile Vatican II accueille ces idées de l’ecclésiologie eucharistique orthodoxe dans sa constitution dogmatique Lumen gentium en réaffirmant le concept d’Églises particulières constituants l’Église, le corps du Christ. L’Église orthodoxe à travers sa théologie nous montre que se conditionnent réciproquement la communion eucharistique et la synodalité qu’elle assimile à la « communion trinitaire »

Plusieurs points faibles sont relevés à la réception de l’ecclésiologie eucharistique dans la vie actuelle de l’Église catholique. Nous avons cependant retenu l’affaiblissement de la synodalité sous le pontificat du Pape Jean-Paul II. Certains théologiens ont à ce propos évoqué le ministère des évêques diocésains décrit par le Code du droit canonique comme étant juridiquement un fonctionnaire du Pape. Pourtant, la fonction épiscopale est une fonction apostolique. L’Église est ainsi appelée à dépasser ses clivages institutionnels afin de refléter la communauté des douze, la collégialité qui selon nous, est un moyen plus favorable à l’expression des réalités des Église particulières qui constituent l’Église dans sa globalité. « Les orthodoxes, qui ont mis l’accent sur la multiplicité, ont besoin de plus d’unité, et ne peuvent exclure, de manière absolue, un primat universel ; les catholiques, qui ont mis l’accent sur la primauté d’un seul, ont besoin de parcourir le chemin symétriquement inverse[2] ». C’est le chemin à emprunter par les catholiques et les orthodoxes dans le dialogue œcuménique afin de redonner au primat sa véritable place pour l’unité de tous.

Puisque « le Christ et l’Église sont unis dans le même mysterium parce que le Christ contient tout et que l’Église est son corps[3] », nous devons par la même synergie œuvrer sans cesse pour le dialogue, car l’unité est le fondement même de l’Église. Chaque fois que nous avons affaire à des problèmes d’opposition aussi bien dans les affaires temporelles que spirituelles, la solution se trouve en ouvrant les oppositions : il ne faut pas les nier ni les supprimer (les rapports, l’ordonnance, etc., existent), mais si nous les ouvrons afin que l’Esprit-Saint vienne et hypostatise le monde, nous trouverons les solutions. N’est-ce pas cette attitude que le Pape François a adopté le 13 juin 2013 lorsqu’il réaffirmait l’utilité des assemblées synodales et son souhait de les réintégrer à l’acte du Saint Siège ? Il a salué dans son discours le « service précieux rendu à l’Eglise universelle » par le synode des évêques qui est un fruit du Concile Vatican II et l’expression de la collégialité. N’est-ce pas un signal positif pour le progrès du dialogue entre catholiques et orthodoxes ? N’est-ce pas une prise de conscience qu’il est venu le temps de poursuivre les avancées amorcées par Vatican II, notamment sur la collégialité et d’autres questions relatives à la vie des Églises locales?

© Léandre Syrieix.

 
[1] Hervé Legrand, « L’ecclésiologie eucharistique dans le dialogue actuel entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe. Convergences atteintes et progrès encore souhaitables », Istina 51 (2006), p. 354-374.
[2] Ibid., p. 363.
[3] Yves Congar, « L’Église-Sacrement du salut dans la théologie moderne. Systématisation du thème », Un peuple messianique, l’Église sacrement du salut, Paris, Cerf, 1964, p. 60.
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