Face aux « lèpres modernes »

[:fr]Photo Kamba Sita[:]

Lv 13, 1-2.45-46 – Ps 31(32) – 1 Co 10, 31-11,1 – Mc 1, 40-45

6e dimanche du Temps Ord. (B)

 

 

Pandémie du Coronavirus, racisme systémique ou systématique, crises économico-politiques et identitaires, crise des migrants, réchauffement climatique, etc. ; autant de maux qui nous frappent en ce moment et qui ne doivent pas nous empêcher de « célébrer » la fête de l’Amour, la « Saint-Valentin ». Du moins, les Écritures nous proposent l’Amour comme une réponse face à tant de « lèpres modernes ».

Le Lévitique, Livre de prescriptions ou de règles à observer pour le culte nous indique l’impacte de la lèpre dans la vie sociale et spirituelle. Le contexte de ce Livre se situe après l’exil d’Égypte. Donc, il n’y a ni roi ni prophète et il revient aux prêtres de réguler la vie pour la survie du peuple sur le plan spirituel et politique. Une telle situation ne rappelle-t-elle pas une certaine période au Québec et dans bien d’autres régions du monde ? Lorsqu’une personne présente certains symptômes comme une tumeur sur la peau, une inflammation ou pustule, des tâches… (Lv 13, 2), il doit se présenter au prêtre qui confirme cela en la déclarant « impure ». Une telle situation entraine automatiquement une mise à l’écart de toute la vie religieuse et sociale : exclusion et mise à hors du camp (Lv 13, 46). Cela décrit clairement l’importance de la lèpre dans la vie sociale, car parce qu’elle est contagieuse, la population doit en être préservée d’où la justification de la quarantaine afin de limiter les risques de contamination bactérienne. Est-ce que cela ne rappelle pas le contexte actuel de la pandémie de la Covid-19 (symptômes, confirmation par des tests, mise en quarantaine…) ? Cette péricope extraite du Lévitique introduit très bien l’attitude du Christ face à l’exclusion des personnes atteintes de lèpre et par analogie, l’attitude chrétienne face aux « lèpres modernes ».

La lèpre représente dans la tradition juive un danger d’impureté et entraine automatiquement l’exclusion des impurs. Mais, qui sont-ils/elles ? Connaissez-vous des impurs de la société ? Il en existe une panoplie autour de nous tels les drogués ou toxicos ; les prostitués (e) ; les itinérants ; les personnes ayant un certain handicap ; les personnes trainant avec eux un lourd passé nécessitant encore une guérison effective de la mémoire à l’instar de certaines minorités visibles, dont les Noirs, les Indiens d’Amérique, les aborigènes ; des personnes homosexuelles considérées dans bien d’endroits et cultures comme des abominations ; des albinos encore éliminés dans biens de régions du monde, parce qu’ils sont vus comme des malédictions, etc. Toutes ces formes d’impuretés flagrantes ou souvent sournoises dans nos sociétés. Or dans le récit évangélique de Marc, on assiste à une double transgression de règles : celle du lépreux d’une part qui ose sortir de son exclusion pour aller au Christ et celle de Jésus d’autre part qui, en le touchant, s’exclut automatiquement de toute la vie culturelle et sociale. Le Christ réhabilite le lépreux : « Je le veux, soit purifié » (Mc 1, 41). Car tout être humain est une créature voulue et désirée par Dieu, appelée à participer au Salut qu’il a opéré une fois pour toutes par sa mort et sa résurrection. Il nous montre par ce fait que nous ne devons exclure personne, mais au contraire nous faire proches de tous. Comment le fait-il ? Avec compassion, c’est-à-dire avec Amour. Voilà la clé, la réponse chrétienne face aux « lèpres modernes » et ce que nous pouvons célébrer en ce jour de la Saint-Valentin.

En ce sens, saint Paul nous rappelle que toutes nos actions doivent être tournées ou orientées « pour la gloire de Dieu » (1 Co 10, 31). Le souci de l’autre doit être au cœur de nos préoccupations : Aimer l’autre sans être un obstacle pour lui (1 Co 10, 32). Saint Paul nous propose de l’imiter dans la mesure où il a pris le Christ pour modèle en aimant et en traitant tout le monde avec compassion ; en accueillant les exclus sans calculs ni intérêts, mépris… ; en respectant chacun dans sa différence, car il était lui-même Juif, de culture grecque et ayant cheminé du judaïsme au christianisme.

Alors, la célébration de l’Amour à travers la Saint-Valentin doit nous amener à aimer l’autre à la manière de saint Paul imitant le Christ, c’est-à-dire en essayant de ne pas être un obstacle pour l’autre, l’aimer dans sa différence. Car « la Gloire de Dieu c’est l’humain capable d’aimer comme Lui ».

© Ab. Léandre Syrieix.


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