Messagers de Joie


So 3, 14-18 – Is 12 – Lc 1, 39-56

La Visitation de la Vierge Marie (B)

Êtes-vous une personne joyeuse ? Êtes-vous en permanence dans la joie ? Est-ce qu’un tel état est possible ? Cela pourrait surprendre, mais cela est faisable. Demeurer dans un état permanent de joie en cette vie, même au cœur de la souffrance humaine sous toutes ses formes voir au cœur de toutes les crises existentielles, est possible. Autour de nous abondent de nombreux messagers et messagères de cette joie que nous pouvons imiter.

La joie en question est une réponse du cœur humain face à l’action divine. La Bible montre cela à travers l’histoire et le cheminement du Peuple d’Israël. Il existe plusieurs raisons de demeurer dans la joie. Toutefois, il ne s’agit pas de n’importe laquelle, mais de celle vis-à-vis du Seigneur. Le prophète Sophonie insiste sur la dimension de la joie à travers plusieurs allusions en seulement 4 courts versets, notamment sept reprises des termes allégresse, réjouissance, exaltation et joie. Mais pourquoi une telle émotion, une telle joie ? Parce que le Seigneur fait miséricorde : « Le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi » (So 3, 15). Aussi, parce que le Seigneur se rend présent à toute vie humaine et se donne : « Le Seigneur, est en toi… Le Seigneur ton Dieu est en toi » (So 3, 15.17). La miséricorde de Dieu et son établissement dans le cœur humain, dans la vie humaine produit une joie, une allégresse, une exaltation de l’âme ; car le Seigneur visite son Peuple, sa création, sa créature.

Il ne s’agit guère d’une joie à comprendre comme une émotion passagère à la suite d’un événement et qui s’estompe rapidement. Il est plutôt question d’une joie permanente exprimant la fidélité de Dieu dans la vie humaine. C’est ce qui est illustré dans le Cantique d’Isaïe concernant la vie du Peuple d’Israël à la sortie de son exil à Babylone. Après celui en Égypte, le Peuple fait une fois de plus l’expérience de la fidélité de Dieu : « Jubilez, criez de joie, habitants de Sion, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël ! » (Is 12, 6) Ainsi, le Seigneur se tient au milieu de son Peuple, il demeure avec lui et en lui, d’où cette joie permanente et indescriptible par des mots qui l’habite. Cela doit nous questionner aujourd’hui individuellement et collectivement : y a-t-il une joie profonde dans ma vie ? Non pas une joie à la manière du monde, mais cette réjouissance, cette exaltation, cette allégresse exprimant la présence et la fidélité de Dieu dans ma vie ?

La Visitation de la Vierge Marie chez sa sœur Élisabeth nous montre que cette joie se doit d’être transmise, partagée. Son âme exalte le Seigneur, son esprit exulte en Dieu (Lc 1, 46-47) qui a fait d’elle sa demeure. Le Seigneur a fait pour elle des merveilles (Lc 1, 49), car il s’est montré fidèle. Marie, non seulement, exulte et est dans l’allégresse pour la présence de Dieu dans sa vie, mais aussi, parce qu’Il visite son peuple. Autrement dit, l’exaltation de Marie concerne aussi ce que Dieu a fait dans la vie de l’autre, des autres. Voilà ce qui la met en route avec empressement (Lc 1, 39) vers l’autre. Cette attitude de Marie nous interpelle et nous oblige à nous questionner sur la Joie chrétienne, sur notre joie chrétienne personnelle et collective. Nous ouvre-t-elle au monde et aux autres ? Allons-nous en hâte annoncer à nos frères et sœurs la joie chrétienne comme manifestation de la présence de Dieu et de sa fidélité dans nos vies ? Il y a sans aucun doute des personnes autour de nous qui sont comme Marie, des messagers et messagères de Joie. Le percevons-nous ? Pouvons-nous les identifier et apprendre d’eux ?

À la suite de Marie et de tant de personnes qui, par leurs vies ont été des messagers (e) de Joie, nous sommes appelés à oser nous mettre en route avec empressement pour annoncer à chaque personne la Joie de la présence agissante du Ressuscité qui, quotidiennement, veut préparer nos cœurs en nous plongeant dans l’Espérance chrétienne, dans la vie éternelle déjà commencée et qui atteindra son plein achèvement à la fin des temps. Qu’à la suite de Marie priée sous le vocable de Notre-Dame de Rocamadour, nous soyons des messagers (e) de Joie, du Christ, au cœur de ce temps qui en a tant besoin, qui en a tant soif.

© Ab. Léandre Syrieix.


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