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Dt 26, 4-10 – Ps 90 (91) – Rm 10, 8-13 – Lc 4, 1-13 : 1er dimanche du Carême (C)
Ces paroles reprises par les chrétiens dans la prière du Notre Père révèlent que l’humain est constamment sous tension, qu’il est constamment mis à l’épreuve, tenté, non pas par les événements de la vie, mais bien par le diable. Aujourd’hui, plusieurs chrétiens ne sont pas à l’aise devant le mot « diable » et affirment que l’on ne peut pas rejeter ses responsabilités ou les conséquences de ses actions sur le diable voire trouver une cause extérieure. Par le fait même, ils réfutent l’existence du diabolos, c’est-à-dire du diviseur, du tentateur. Il n’y a qu’une âme qui plonge constamment dans l’univers de la spiritualité qui puisse être capable de reconnaître les actions du diabolos sur la vie humaine ainsi que trouver des moyens concrets pour résister à ses tentations.
Comment une personne chrétienne peut-elle le croire en Jésus-Christ mort et ressuscité ; mettre sa foi en lui ; reconnaître en lui l’unique maître ayant connu le combat avec les forces du mal, mais en même temps être mal à l’aise avec le thème diabolos ou encore banaliser les tentations du diabolos sur la vie humaine, notamment dans son expérience spirituelle chrétienne ? L’expérience du Christ au désert au début de son ministère public nous révèle qu’il n’y a pas de vie spirituelle chrétienne possible sans tentation du diabolos sous toutes ses formes. Ce sont surtout les personnes qui ont une véritable vie de prière qui font davantage l’expérience concrète de la tentation du diabolos à l’instar du Christ.
D’ailleurs, c’est parce qu’il est rempli de l’Esprit-Saint qu’il est tenté ; c’est parce qu’il est dans l’Esprit que le diabolos le tente. De plus, le diviseur utilise de manière subtile le cadre le lieu l’espace le moment pour tenter le Christ dans le désert. C’est le lieu du silence, de la rencontre, où l’on est disposé à recevoir toute sorte de pensées. Si nous regardions dans nos vies ou prêtions attention aux différentes formes de désert que nous fréquentons, nous percevrons sans doute que c’est surtout là-bas que nous sommes tentés ou mis à l’épreuve. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs ne soient pas à l’aise avec le silence ou l’intériorité. Souvent, ces déserts sont plus subtils que nous ne pensons et ne sont pas uniquement des lieux de silence, mais ces endroits où nous nous perdons, nos quotidiens, nos conforts, nos structures de péchés, etc.
Le diabolos se sert aussi du fait que le Christ ait faim et profite de cela pour le tenter en vue de combler ce désir. Ainsi, en portant une attention particulière sur nos faims, sur ce qui occupe nos attentions, nous verrons que bien souvent c’est la source de nos tentations par le diabolos. Le Christ résiste à toutes les formes de tentations du diabolos parce qu’il est rempli de l’Esprit-Saint, parce qu’il est dans l’Esprit. Nous pouvons, à sa suite, dans nos expériences de vie chrétienne, au cœur de nos épreuves et de nos tentations résister en étant remplit l’Esprit-Saint par une vie de prière.
Surprenamment, rendre grâce en toutes circonstances est une étape qui doit toujours faire partie de la prière chrétienne. C’est aussi une manière de demeurer dans l’intimité du Seigneur. Moïse indique au peuple d’Israël l’importance de se souvenir de son histoire, de son parcours, d’où l’on vient et de rendre grâce au Seigneur qui est fidèle en tout temps. L’âme qui honore le Seigneur dans l’Action de grâces demeure sous son regard bienveillant et lors des moments de tentation, le Seigneur se souvient de celle-ci, car il est fidèle à ses promesses.
L’épreuve est un passage, une forme de désert qui, selon l’expérience, peut paraître interminable, voire longue. L’âme qui met sa foi dans le Seigneur peut s’inspirer du cri du psalmiste demandant avec certitude « sois avec moi seigneur dans mon épreuve. » (Ps 90) Le Seigneur qui est fidèle se fera proche de cette âme et lui donnera la force de son Esprit pour résister aux tentations, en particulier à celle du découragement.
Saint Paul indique une piste pratique pour l’âme qui connaît les preuves : se rappeler que tout près d’elle est la Parole, dans sa bouche et dans son cœur (Rm 10, 8). L’âme qui traverse les épreuves, les tentations du diabolos est appelée de manière pratique à trouver dans la parole de Dieu l’assurance de sa présence. Ainsi, elle est appelée à croire en la présence du Christ mort et ressuscité dans son cœur, mais surtout à la proclamer de sa bouche pour obtenir le salut. C’est ce que nous le Christ nous a montré en proclamant au diabolos des paroles de l’Écriture : à Dieu seul l’adoration et la gloire.
La vie chrétienne n’est pas un long fleuve tranquille et c’est bien souvent ceux et celles qui prennent cela au sérieux par leurs pratiques spirituelles qui sont davantage tentés par le diabolos, le diviseur. Pour résister à cette tentation, nous sommes invités à identifier les lieux et les moments propices où nous subissons les tentations ; à identifier ce qui occupe nos pensées, nos attentions et dont le diabolos se sert pour nous tenter ; à nous laisser remplir de l’Esprit-Saint par une vie de prière et d’intimité avec le Seigneur. Nous sommes aussi invités à placer l’Action de grâces au Seigneur au cœur de nos prières ; à nous tourner avec confiance vers le Seigneur ; à fréquenter sa Parole, l’Écriture, pour fortifier notre foi et croire en lui dans notre cœur, mais aussi à le proclamer par notre bouche : « Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père. »
© Ab. Léandre Syrieix.
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